Lorsqu'elle découvre l'étonnante lettre de Max, Flora est à la fois heureuse et troublée: elle reçoit si peu de courrier depuis qu'elle est en prison... Que peut bien lui vouloir ce garçon excentrique qui semble persuadé qu'ils ont des points communs? Que peut-il partager avec une lycéenne condamnée à six mois ferme pour avoir violemment frappé une fille qui la harcelait?
Max ne tarde pas à révéler qu'il vit lui aussi enfermé. Il a quitté le lycée après une grave crise d'angoisse. Depuis, il n'arrive plus à mettre un pied dehors et vit retranché chez lui avec ses livres, son ordinateur, son chat gourmet et son ukulélé.
Flora et Max vont s'écrire, collecter chaque jour des choses lumineuses et réconfortantes à se dire, apprivoiser leur enfermement et peu à peu, avec humour et fantaisie, se construire une place dans le monde.
Je ne suis pas certaine qu'il existe beaucoup de filles ordinaires de dix-sept ans et demi ayant pour auteurs préférés Sylvia Plath et Fernando Pessoa, s'exprimant avec un vocabulaire aussi châtié que celui de Flora et terminant leurs lettres par "Douce journée". Des deux héros de ce roman épistolaire, c'est son personnage qui m'a paru le moins crédible, bien que pas inintéressant puisque l'on découvre l'univers carcéral à travers ses yeux. J'ai davantage accroché à l'humour décalé et aux petites excentricités de Max, peut-être parce que je suis familière avec la prison mentale des angoisses paroxystiques et tout à fait capable de comprendre sa phobie sociale. Les efforts qu'il déploie pour s'en sortir m'ont beaucoup touchée, et j'ai aimé l'idée des lettres qui aident deux solitaires à panser leurs blessures respectives et à s'ouvrir de nouveau à la vie.
(Max) Le suicide, je comprends, j'y ai pensé souvent, mais à chaque fois c'était pour le rejeter violemment. Le désespoir est mon adversaire. Pas la vie. Alors je me bats. Je crois que Sylvia aurait dû rencontrer plus de gens dépressifs: ils sont bien placés pour aider, comprendre, encourager, donner de l'espoir. Je trouve ça beau que tu la fasses revivre grâce à une marionnette. Et puis ainsi tu as de la compagnie. Je crois en l'amitié des êtres inanimés, des esprits, des objets, des morts, des personnages de fiction. Ils ont les mains plus chaudes et plus de conversation que la plupart des vivants.
(Flora) Si tu n'y arrives pas, ce n'est pas grave. Je suis sûre qu'elle aurait compris. On peut penser aux morts sans aller à leur enterrement, sans mettre de fleurs sur leur tombe. On peut y penser en restant chez soi, en lisant un livre, en écoutant la pluie tomber, en jouant de la musique. On peut leur tenir la main en pensée, se remémorer leur voix et leur sourire, leurs expressions favorites. On peut aussi leur parler et leur lire des poèmes.
(Max) Le suicide, je comprends, j'y ai pensé souvent, mais à chaque fois c'était pour le rejeter violemment. Le désespoir est mon adversaire. Pas la vie. Alors je me bats. Je crois que Sylvia aurait dû rencontrer plus de gens dépressifs: ils sont bien placés pour aider, comprendre, encourager, donner de l'espoir. Je trouve ça beau que tu la fasses revivre grâce à une marionnette. Et puis ainsi tu as de la compagnie. Je crois en l'amitié des êtres inanimés, des esprits, des objets, des morts, des personnages de fiction. Ils ont les mains plus chaudes et plus de conversation que la plupart des vivants.
(Flora) Si tu n'y arrives pas, ce n'est pas grave. Je suis sûre qu'elle aurait compris. On peut penser aux morts sans aller à leur enterrement, sans mettre de fleurs sur leur tombe. On peut y penser en restant chez soi, en lisant un livre, en écoutant la pluie tomber, en jouant de la musique. On peut leur tenir la main en pensée, se remémorer leur voix et leur sourire, leurs expressions favorites. On peut aussi leur parler et leur lire des poèmes.
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