mardi 30 mai 2017

"Les secrets de Brune" (Bruna Vieira/Lu Cafaggi)


Brune doit bientôt entrer dans un nouveau collège sur sa propre demande, mais sa timidité la paralyse. Elle n'ose pas aller vers les autres, et elle a peur que personne ne lui adresse la parole. Alors elle se confie à ses cahiers et à sa meilleure amie Elsa...

Basée sur la véritable histoire de la blogueuse et youtubeuse brésilienne Bruna Vieira, "Les secrets de Brune" propose une série de courtes vignettes extraites du quotidien de l'héroïne plutôt qu'un scénario avec un début et une fin. Ici, pas de grands drames de type harcèlement scolaire, juste une hypersensibilité qui bloque l'adolescente dans son rapport aux autres.

Les illustrations tendres et douces de Lu Cafaggi restituent à merveille les états d'esprit de Brune, qui se voit minuscule quand il lui semble passer inaperçue et géante lorsqu'elle craint que l'attention générale soit braquée sur elle. Car en bonne adolescente, c'est une mine de contradictions: elle veut et ne veut pas qu'on la voie, s'est fait tatouer mais refuse de montrer les hirondelles sur son bras, se maquille pour qu'on la trouve jolie mais vit les compliments comme une agression. Une bédé touchante et qui sonne juste. 

Merci aux éditions Sarbacane pour cette lecture. 





lundi 29 mai 2017

Concours: "Génésis T1: Le défi des étoiles" (Claudia Gray)


Noemi Vidal se bat pour l’indépendance de la planète Génésis, une ancienne colonie de la Terre, dans une guerre qui oppose depuis des années son peuple et les armées de robots terriens. Lors d’une attaque-surprise, Noemi se réfugie dans un vaisseau abandonné où elle rencontre Abel, le prototype le plus sophistiqué jamais conçu. Abel devrait être son ennemi juré… mais la programmation de celui-ci l’oblige à obéir aux ordres de Noemi. Même si cela implique de combattre son propre camp, il devra l’aider à sauver Genesis. Tandis qu’ils traversent la galaxie, Noemi comprend qu’Abel est plus qu’un robot… et ce qu’Abel ressent dépasse toutes les limites de la programmation.

J'ai pris beaucoup de plaisir à traduire "Génésis T1 : Le défi des étoiles", un très joli roman de SF jeunesse paru il y a deux semaines chez Castelmore (et qui, malgré l'appellation de tome 1, propose une histoire complète en elle-même). Je vous propose aujourd'hui d'en gagner un exemplaire. Pour cela, laissez-moi un commentaire ci-dessous. Clôture du concours le lundi 5 juin à 23h59; tirage au sort et annonce du gagnant le lendemain. Envoi en Europe seulement. Bonne chance à tous!

vendredi 26 mai 2017

"Les mystères de Larispem T2: Les jeux du siècle" (Lucie Pierrat-Pajot)


L'an dernier, je découvrais avec beaucoup de plaisir le premier tome de la série jeunesse steampunk "Les mystères de Larispem". Si "Le sang jamais n'oublie" était essentiellement axé sur la découverte de l'univers, la présentation des personnages et la mise en place de l'intrigue, "Les Jeux du Siècle" démarre à fond dans l'action en réunissant les trois héros pour les faire participer ensemble à une sorte de jeu de l'oie grandeur nature qui se livre dans les différents arrondissements de Larispem, et dont les épreuves se révèlent toutes plus spectaculaires les unes que les autres. Bien entendu, ils devront affronter des adversaires redoutables, prêts à tout pour les éliminer...

Enfin sorti de l'orphelinat, Nathanaël a une chance de se bâtir une vie bien à lui chez les louchébems; confrontée à une tragédie familiale, la formidable Carmine baisse le masque et s'adoucit un peu; quant à Liberté, elle doit encaisser la découverte de ses origines et se colleter avec le décryptage du livre de Louis d'Ombreville. Pendant ce temps, un coup d'Etat se dessine sur fond d'attentats-suicide qui font tristement écho à l'actualité réelle. Lucie Pierrat-Pajot soigne son atmosphère autant que ses scènes d'action et continue à peindre de jeunes héros très différents les uns des autres mais tous aussi attachants. Bien que les révélations ne soient pas nombreuses dans ce tome 2, les pièces se mettent en place pour une confrontation finale qui s'annonce haletante. La suite (et fin), vite!

Merci à Gallimard Jeunesse pour cette lecture. 

mercredi 24 mai 2017

"Une soeur" (Bastien Vivès)


Comme chaque été, Antoine, 13 ans, va passer les grandes vacances au bord de la mer avec ses parents et son petit frère Titi. Mais cette fois, une amie de sa mère, qui vient de faire une fausse couche et dont le compagnon est en déplacement à l'étranger, les rejoint avec sa fille Hélène. Au contact de cette adolescente plus âgée et plus audacieuse que lui, Antoine va connaître ses premiers émois...

J'avoue: pour le suivre sur les réseaux sociaux et avoir lu d'autres de ses productions, j'ai toujours du mal à croire que Bastien Vivès puisse, à l'occasion, faire preuve de la sensibilité et de la délicatesse dont on pouvait déjà se délecter dans "Polina". Les expériences qu'il décrit ici sont si universelles; elles ont déjà été mises en scène tant de fois qu'"Une soeur" aurait pu être un ouvrage terriblement anodin et dispensable.

Au lieu de ça, l'auteur restitue avec beaucoup de justesse l'ambiguïté de la relation entre Antoine et Hélène, le mélange d'excitation et de crainte, d'incertitude et d'émerveillement que la seconde inspire au premier. On a tous connu un été pareil à un rite de passage. Dans un décor similaire, celui des soeurs Tamaki m'avait laissée assez froide il y a trois ans, mais celui de Bastien Vivès a su m'émouvoir jusqu'à la dernière image. 

jeudi 11 mai 2017

"Bien des ciels au-dessus du septième" (Griet Op de Beeck)


Eva a 36 ans; elle travaille auprès des détenus d'une prison et croit très fort qu'ils peuvent s'en sortir. Mais malgré son empathie et sa bienveillance, les hommes ne voient que ses kilos en trop, et Eva se sent bien seule. Sa nièce Lou, 12 ans, gamine mature qui adore dresser des listes, galère pas mal depuis son entrée au collège à cause d'une pimbêche kleptomane nommée Vanessa. Elsie, la soeur d'Eva et la mère de Lou, clame haut et fort son bonheur conjugal avec un néphrologue plus préoccupé par ses patients que par son couple, mais tombe folle amoureuse de Casper, un ami peintre d'Eva également en couple de son côté. Quant à Jos, le père d'Eva et Elsie, il ne supporte plus ni l'aigreur perpétuelle de sa femme, ni le lourd secret qu'il garde depuis trente ans, et peine à finir ses phrases entre deux verres de genièvre...

Avec beaucoup de finesse psychologique et une jolie plume, la néerlandaise Griet Op de Beeck nous fait entrer dans la tête de ses cinq personnages pour écouter la petite voix intime qui égrène leurs réflexions, leurs doutes, leurs chagrins. Certains font semblant pour la galerie; d'autres se mentent à eux-mêmes, esquivant les sujets douloureux jusque dans leur for intérieur. Malgré son joli titre, "Bien des ciels au-dessus du septième" n'est pas un roman feelgood qu'on referme le sourire aux lèvres, mais plutôt une galerie douce-amère de portraits entrecroisés, pleine de sensibilité et d'une poésie souvent douloureuse.

samedi 6 mai 2017

"Le journal intime de Baby George" (Clare Bennett)


"Le journal intime de Baby George", c'est - comme son nom l'indique assez bien - le journal intime fictif du futur héritier de la couronne d'Angleterre entre son premier et son deuxième anniversaires. Icône populaire dès sa naissance, George prend ses responsabilités très au sérieux et travaille déjà dur avec les différentes équipes chargées de son image publique. Ses parents sont accros aux séries télé, surtout Homeland, Downton Abbey et Game of Thrones. Kate, dotée d'une chevelure hypnotisante et fan de One Direction, passe son temps à comploter avec son BFF Harry et à lancer des vannes au reste du monde. William se soucie beaucoup de la protection des animaux, est un peu benêt et ne comprend pas toujours tout ce qu'on lui raconte (mais il rosit très souvent). Son oncle Harry demande sa tante Pippa en mariage trois fois par an et met régulièrement la honte à William en lui faisant des clés de cou. Son grand-père paternel parle à ses plantes, et son grand-père maternel ne va nulle part sans s'être déguisé. Son arrière-grand-mère est l'unique souverain d'Europe capable de réparer elle-même un véhicule à moteur grâce à la mini-trousse d'outils qui ne quitte jamais son sac - quand elle ne louche pas méchamment sur Brad Pitt en visite avec Angelina et leur smala au grand complet. Sa grand-tante Anne, super compétitive, tanne tout le monde pour jouer à des jeux de société à chaque réunion de famille. David, l'ami qui rend visite à son arrière-grand-mère une fois par semaine pour discuter de la gestion du royaume, est un boulimique dans le déni. Bref, George a déjà largement de quoi s'occuper avec tous ces barjots, et pas du tout envie de voir débarquer le cadet dont on vient de lui annoncer la naissance prochaine...

Vous cherchez un livre drôle et sans prétention qui vous fera rire aux éclats ou glousser bêtement le nez enfoui dans ses pages? Vous éprouvez une inexplicable affection pour la famille royale d'Angleterre et possédez une bonne connaissance de la culture populaire récente? N'allez pas chercher plus loin, et dépêchez-vous de vous procurer le réjouissant "Journal intime de Baby George" (en VO: "The Prince George diaries") de Clare Bennett.

4th August 2014
Mummy and Daddy are in Belgium today because of the First World War. My stylist dressed me in the traditional belgian costume of a beret and smock for my Skype call with them before supper. I like to show an interest in their trips, even when my schedule doesn't allow me to join them, because it's important to be supportive. Not my favourite costume, but my stylist said it was either that or they'd have to dress me as a waffle. 

5th December 2014
Who is Father Christmas by the way, and how does he know all this stuff about me? When I refused to eat the stupid kale and threw it on the floor, Maria Teresa said Father Christmas would know and I might go on the Naughty List. Well, hear this, Father Christmas - I too have a list of my own. It's called "People Who Will Never Get Knighthoods". You've been warned.

12th March 2015
Mummy went to the set of Downton Abbey today. Everyone was SO jealous. She came back with a wooden train for me from the George character in the story. She says he is the one who is only going to inherit an Earldom, poor thing.
- Did they tell you anything? Daddy asked desperately when she got home. 
- I watched some of the filming, yes, Mummy said.
- Tell me Isis is actually OK and it was all just a dream? Daddy said. 
- You don't have the clearance, I'm afraid, Mummy said. 

20th March 2015
Mummy started Googling baby names on her iPhone. 
- What about something from Game of Thrones? They're very popular at the moment. Daenerys or Tyrion or Jon Snow? she said. Then HBO might let us in on future plot lines. 
- Dracarys after one of Khaleesi's dragons? Uncle Harry said. 
- There are dragons in Game of Thrones? Daddy asked, sounding surprised. 
- You know nothing, Prince William, Mummy said in a wistful voice. 
- If you didn't spend every episode with your back turned and a cushion over your face shouting, "What's happening? What's happening?", you'd know that, Uncle Harry said. 
- But it's so brutal, Daddy said. 
- Brutal and BRILLIANT, Uncle Harry said. I still miss Sean Bean, though. 
- Why? What happened to him? Daddy asked. 

Article publié à l'origine en décembre 2015, 
et mis à jour en raison de la parution de l'ouvrage en français depuis cette date

mardi 2 mai 2017

"La maison des reflets" (Camille Brissot)


Dans un futur proche, les Maisons de Départ sont capables de fabriquer des clones virtuels de personnes récemment décédées, pour permettre à leurs proches de passer encore du temps avec elles et de faire leur deuil en douceur. Daniel Edelweiss, 15 ans, est l'héritier putatif du plus célèbre de ces établissements, où il a grandi entre un père absent, une mère morte et une gouvernante sévère qui lui sert aussi de préceptrice. Même si ses amis sont tous des reflets, même s'il ne sort jamais de chez lui, le jeune homme ne souffre d'aucune solitude et se prépare avec beaucoup de zèle à prendre la relève une fois adulte. Jusqu'au jour où son père lui confie la création d'un premier décor pour la Maison Edelweiss, et où Daniel se décide à s'aventurer à l'extérieur afin d'y chercher de l'inspiration. Dans une fête foraine de passage, il rencontre la radieuse Violette avec laquelle il entame une correspondance qui va bouleverser sa vision des choses et changer le cours de sa vie...

"Face à un deuil, on est toujours seul, il me semble. C'est un gouffre qui se creuse en nous, et personne ne peut en imaginer la profondeur car il faudrait oser s'en approcher, se pencher au-dessus du vide, perdre soi-même une partie de son équilibre. Et tout ça pour quoi? Pour découvrir l'épaisseur du chagrin qui se cache au fond et réaliser que la petite flamme que l'on a apportée s'y noiera aussitôt. Alors, on fait un pas en arrière. On se dit que la tristesse passera avec le temps, ou des formules de ce genre."

Pour son huitième roman, Camille Brissot a choisi d'aborder un sujet bien lourd par un angle qui, sans le dépouiller de sa gravité, lui prête un aspect presque onirique, une mélancolie douce qui aide le lecteur à réfléchir aux concepts d'humanité et de deuil en même temps que son jeune héros. J'ignore si ce récit initiatique parlera aux adolescents qui en sont la cible première; pour ma part, j'ai été enchantée par son originalité comme par ses références mythologiques, charmée par le dosage subtil de ses éléments doux et amers. "La maison des reflets" parle d'amour et de mort, de chagrin et d'espoir, et elle le fait avec un talent qui donne envie de s'intéresser aux autres ouvrages de l'auteur.

Merci aux éditions Syros pour cette lecture.