samedi 23 juillet 2005

"Harry Potter and the Half-Blood Prince"


Je viens juste de terminer le sixième tome des aventures d'Harry Potter, et malgré l'heure tardive (3h30 du matin...) je ne résiste pas à l'envie de rédiger immédiatement mes impressions.

Commençons par la fin. Depuis le premier tome, Rowling essaie de faire passer Snape pour un gentil incompris, et j'étais persuadée que c'était un vrai méchant. Maintenant qu'elle semble avoir prouvé que c'est un vrai méchant, je suis à peu près certaine que c'est un gentil incompris. Voici comment j'interprète la confrontation entre Dumbledore et lui en haut de la Tour d'Astronomie: Dumbledore ne supplie pas Snape de l'épargner - il le supplie de l'achever. Il sait qu'il n'a plus aucune chance de s'en sortir, et il veut 1/éviter à Draco de devenir un assassin 2/préserver la couverture de Snape 3/peut-être même éviter que Snape se sacrifie pour lui, s'il est au courant pour l'Unbreakable Vow. Quant au regard que lui lance Snape avant de le tuer, je pense que la haine qu'il traduit est soit dirigée contre lui-même, soit contre Dumbledore parce que celui-ci le force à faire quelque chose pour lequel il va encore se haïr. La suite me paraît aller dans le sens de cette théorie: quand Harry le rattrape, Snape ne le tue pas - mieux, sous couvert de se moquer de lui, il lui donne des conseils pour livrer un duel contre quelqu'un de plus puissant (utiliser des sorts non-verbaux et apprendre à fermer son esprit).

Pour le reste... J'ai beaucoup apprécié le retour à une atmosphère moins glauque malgré la menace qui pèse sur Hogwarts pendant toute l'année scolaire. Harry revient à un comportement plus raisonnable vis-à-vis de ses amis, et les relations amoureuses entre les élèves prennent une place prépondérante - ce qui paraît bien normal chez des ados de seize ou dix-sept ans, logiquement gouvernés par leurs hormones. Quelques scènes m'ont fait rire tout haut; Dieu merci on retrouve l'humour qui avait totalement disparu dans "Order of the Phoenix". Et la fin, très prenante, dégage une belle intensité dramatique.

Je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai apprécié "Half-Blood Prince" davantage que "Prisonner of Azkaban" et surtout que "Goblet of Fire", mais il n'est vraiment pas loin derrière. Quand je pense qu'il va falloir attendre encore deux ou trois ans pour lire le septième et dernier tome! Je suis très curieuse de savoir si Harry reviendra à Hogwarts ou pas: il a quand même quatre Horcruxes à retrouver; ça fait un peu beaucoup à cumuler avec ses cours. D'un autre côté, je vois mal l'action se dérouler ailleurs qu'à Hogwarts, mais Rowling va peut-être nous surprendre en ne choisissant, là encore, pas la solution la plus évidente.

PS: I love Luna Lovegood - de loin mon personnage secondaire préféré.

vendredi 8 juillet 2005

"Un amour de jeunesse"


Carrie a 23 ans. Elle a toujours habité dans la même petite ville, connaît sa meilleure amie depuis le jardin d'enfants et doit épouser le garçon avec qui elle sort depuis près de dix ans. Et déjà, elle commence à regimber contre ce destin tout tracé...

"Pendant longtemps, j'avais considéré Mike comme nécessaire, j'avais vu en lui le ballast qui me protègerait. A présent, ce ballast me maintenait à ras de terre, me retenait: or j'avais envie de légèreté, de liberté. Je fondis en larmes et il bondit du canapé pour me prendre dans ses bras et, je détestais ça aussi, la facilité du geste, ce faux réconfort. Je ne supportais pas de voir les semaines, les années se déployer avec autant de clarté."

...Lorsqu'à la suite d'un accident, son fiancé devient tétraplégique. Incapable de faire ce que son entourage attend d'elle, Carrie s'enfuit à New York où elle commence une autre vie et noue une liaison avec le mystérieux Kilroy. Elle est en train de devenir une autre personne lorsque survient une nouvelle tragédie qui semble réclamer sa présence à Madison.

"Dans 24 heures, je serais là-bas, couchée dans mon vieux lit au premier étage de chez ma mère. Je serais rentrée de l'aéroport avec elle en empruntant des rues dont je savais déjà que je les trouverais dégagées et d'un calme sinistre. (...) New York me serait devenu un rêve, à peine tangible face à toutes ces choses que je connaissais si bien. Or ce que je voulais, c'était que Madison devienne le rêve et cette chambre, cette soirée, la réalité durable."

Que doit-on à nos proches? Faut-il sacrifier ses propres désirs au nom de l'amour? Vaut-il mieux faire du bien pour de mauvaises raisons (la culpabilité) que du mal pour de bonnes raisons (accomplir son propre destin)? Et jusqu'à quel point notre identité dépend-elle de ce et ceux qui nous entourent? Telle sont les questions qu'Ann Packer pose avec énormément de finesse dans "Un amour de jeunesse".

"A midi, je l'emmenai faire la connaissance de Mike. Ne sachant pas trop lequel des deux allait impressionner l'autre, je me sentais mal à l'aise, mais le problème ne se situait pas là: je me sentais mal parce que je n'étais pas sûre de réussir à être une seule et même personne face à eux deux."

Ce roman est merveilleusement bien écrit - et pas trop mal traduit pour une fois. Il regorge de détails qui sollicitent les cinq sens et transportent instantanément le lecteur dans les décors où évolue son héroïne. Et surtout, je me suis beaucoup retrouvée dans les interrogations de Carrie - même si je ne suis pas certaine que j'aurais fait le même choix à la fin.