samedi 26 novembre 2011

"A storm of swords"



J'ai cru que je n'arriverais jamais au bout.

Deux mois et demi : à raison de deux chapitres par soir, pas plus d'un soir sur deux, c'est le temps qu'il m'aura fallu pour venir à bout de ce pavé de près de mille pages. Pas parce que je lis lentement, mais parce que d'un point de vue émotionnel, il m'était impossible de descendre cent pages par jour.

"A Storm of Swords" (en VF, Le Trône de Fer, Intégrale Tome 3) a la réputation d'être le meilleur des 5 tomes de la série de George R.R. Martin parus à ce jour. Et c'est probablement vrai, même s'il ne m'a pas transportée autant que le premier: j'avais eu le temps de m'habituer au style percutant de l'auteur, de m'imprégner de l'atmosphère de désespoir grandissant qui règne sur Westeros et de me faire à l'idée qu'aucun personnage, si central semblât-il, n'était à l'abri d'un sort funeste. D'un point de vue littéraire, ça n'a donc pas été une aussi grande claque que "A game of thrones". Ce qui ne m'a pas empêchée de m'émerveiller de la maîtrise continue avec laquelle GRRM fait évoluer ses héros - et ses héroïnes - dans un univers brutal et machiste où rien de bon ne semble jamais devoir leur arriver. Parvenir à gérer une telle quantité de protagonistes et un si grand nombre de fils d'intrigue sans jamais s'emmêler les pinceaux, bravo! Mais ce qui m'a surtout épatée dans ce tome 3, c'est la direction surprenante dans laquelle il a choisi d'emmener certains de ses personnages. (Attention: à partir d'ici, minor spoilers!)

J'ai adoré la façon dont il a su humaniser Jaime Lannister, un noble arrogant, incestueux et régicide qu'il était évident de détester jusque là. Son voyage avec Brienne et la relation qui se développe entre eux ont été pour moi la partie la plus inattendue et la plus touchante de "A storm of swords". J'ai presque autant aimé l'incursion de Jon Snow chez les wildlings et le dilemme moral auquel il se retrouve confronté. Bien que Robb Stark me laisse totalement indifférente et que Catelyn, malgré son côté femme forte, ne soit pas un de mes personnages préférés, j'ai été atterrée par le déroulement des Noces Pourpres. J'ai une fois de plus pris beaucoup de plaisir à suivre les démêlés de Tyrion avec sa chère famille, savouré chacune de ses répliques bien senties et jubilé en le voyant commettre quelques actions décisives. J'ai été ravie par la façon dont Daenerys orchestre sa montée en puissance, se révélant capable d'une immense générosité comme de la dureté la plus impitoyable. Elle ferait une souveraine magnifique, et j'ai hâte de la voir se colleter avec les autres prétendants au trône de fer. J'ai également été émue par le parcours tragique de l'humble et honnête Davos. Et même si Sansa m'énerve depuis le début, je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir pitié d'elle en voyant dans quelle position délicate elle se retrouve à la fin du roman.

Côté petites déceptions: les aventures d'Arya avec les hors-la-loi, puis Sandor Clegane m'ont peu intéressée (mais elles se terminent d'une façon extrêmement prometteuse). J'ai eu l'impression que le point de vue de Samwell Tarly n'était introduit que pour permettre au lecteur de suivre ce qui se passe dans la Garde de Nuit en l'absence de Jon. Et alors que j'était très attachée à Bran au début de la série, je trouve qu'il devient assez transparent malgré son potentiel de warg. Rickon semble avoir totalement disparu; je ne doute pas que nous apprenions plus tard ce qu'il est advenu de lui.

En conclusion, un excellent tome en dépit de quelques points faibles. La fin, qui élucide le mystère de la mort de Jon Arryn après presque 3000 pages de conjectures, m'a fait lâcher une bordée de jurons impossibles à rapporter ici et donné très envie de connaître la suite. Je pense que je n'attendrai pas très longtemps avant d'attaquer "A feast for crows", bien qu'il soit réputé pour être le moins bon des romans de la série.

vendredi 25 novembre 2011

"Notes 6: Debout mes globules!"



C'était une semaine faste pour la bédé. Après avoir acheté le nouveau tome de "Paul" lundi, je me suis ruée chez Filigranes mercredi afin de me procurer le 6ème volume des "Notes" de Boulet fraîchement sorti des cartons par les libraires. Je savais que là aussi, c'était du plaisir de lecture garanti - et pas juste parce que le papier et l'encre qu'utilisent les éditions Shampoing ont juste une odeur orgasmique. (Oui, je suis une fétichiste des odeurs de papier et d'encre. Ca vaut mieux que d'être accro au crack. Même s'il y a parfois un instant de flottement quand je m'oublie à enfouir le nez dans un bouquin en public, pour prendre une grande inspiration et rouler ensuite des yeux extatiques.)

Il est vrai que comme ce volume rassemble les notes publiées sur son blog entre juillet 2009 et juillet 2010, j'en avais encore un certain nombre en tête. So what? Boulet fait partie des rares humoristes que je peux relire dix fois de suite en me marrant toujours autant. J'ai beaucoup aimé le livret-bonus qui rassemble ses strips - une série sur Angoulême et une autre sur un bouclage, les deux absolument tordantes. Et puis chaque fois qu'il part dans un délire scientifique, non seulement je hurle de rire, mais je me surprends à penser qu'il n'a pas tort. Quant à ses réflexions sur les hasards qui modèlent notre vie, elles trouvent un écho très fort chez moi. Bref, une fois de plus, ce tome 6 est un pur bonheur, un remède garanti contre la déprime et la morosité alors que les jours ne cessent de raccourcir.

"Paul au parc"



Je ne crois pas vous avoir déjà parlé de l'immense affection que j'ai pour la série "Paul" de Michel Rabagliati. J'ignore dans quelle mesure il s'agit d'une autobiographie déguisée de l'auteur, mais cette histoire d'un jeune garçon né à la fin des années 50 qui grandit dans une famille québécoise moyenne en rêvant de faire de la bédé, épouse son amour d'étudiant, fonde une famille et traverse les joies et les peines d'une vie ordinaire est remarquable par sa justesse de ton.

L'avant-dernier volume en date, "Paul à Québec", raconte les derniers mois de son beau-père atteint d'un cancer; les larmes que j'ai versées à la fin n'étaient pas des larmes de tristesse, mais d'une émotion beaucoup plus vaste et plus complexe. Car tout le talent de Michel Rabagliati consiste à rendre les différentes facettes d'une existence sans en négliger aucune, ni jamais tomber dans le mélo. A travers l'histoire de Paul, il retrace aussi celle d'une génération et d'un pays qu'il me semble désormais connaître mieux.

"Paul au parc", par exemple, nous montre son héros âgé de onze ans s'enrôlant chez les scouts à une époque où le Front de Libération du Québec entame une série d'actions terroristes marquantes. Ce tome 7 commence par relater les déboires de la mère de Paul avec une belle-famille envahissante, les premiers émois amoureux du jeune garçon, sa découverte des camps en pleine nature avec des moniteurs formidables. Et puis une tragédie personnelle aussi inattendue que choquante vient clore cette période de sa vie en même temps qu'un double enlèvement suivi d'un meurtre ébranle tout le Québec.

Je sais que présenté comme ça, ça n'a pas l'air gai. Pourtant, comme les tomes qui l'ont précédé, "Paul au parc" est plein de moments joyeux ou juste touchants, des moments d'une vérité criante relatés avec une sincérité rare. Je n'étais pas au courant de sa sortie il y a une semaine; j'ai eu la surprise de tomber dessus dans les rayons de Filigranes lors de ma virée shopping de lundi avec Miss Sunalee. Je m'en suis emparée avec un couinement hystérique, sachant que je tenais dans mes mains une heure de pur plaisir de lecture. Et je ne m'étais pas trompée. Si vous ne connaissez pas la série de Michel Rabagliati, je vous envie sincèrement d'avoir encore à la découvrir.

samedi 19 novembre 2011

"Chaque soir à 11 heures"



"Willa Ayre s'est classée dans la catégorie des filles que les garçons ne voient jamais, des insignifiantes, des petits chats caustiques mais frileux. Iago, lui, attire tous les regards. Il est le garçon dont rêvent toutes les filles du lycée. Dès la rentrée, Iago pose les yeux sur Willa et la choisit. Mais à une fête, Willa rencontre le bizarre et ténébreux Edern. Dès lors, sa vie prend une tournure étrange. De la grande maison obscure cachée au fond de l'impasse, la jeune fille doit découvrir les secrets, sonder son coeur, et faire un choix..."


Famille excentrique dont les parents brillent par leur absence, maison atypique et pleine de caractère, personnages attachants, inventivité langagière... On retrouve dans "Chaque soir à 11 heures" tous les ingrédients qui m'ont fait adorer "Quatre soeurs" et beaucoup aimer "Sombres citrouilles". Pourtant, ici, j'ai trouvé que la sauce prenait moins bien.

L'histoire vaut mieux que ce que le texte de présentation ou la couverture rose (catégorie "amour"!) le laissent supposer. Mêlée à une histoire qui la dépasse, Wilhelmina dite Willa ne se contentera pas de démêler les fils de ses premiers émois amoureux: elle échappera à pas moins de quatre tentatives d'assassinat avant qu'éclate une vérité digne d'un polar très correct. C'est une héroïne maligne et un peu décalée comme la plupart des personnages de Malika Ferdjoukh, dotée d'un humour pince-sans-rire comme je les aime, passionnée de jazz et de vieux films d'horreur.

Deux choses m'ont tout de même posé problème par rapport aux autres livres suscités de l'auteur. D'abord, j'ai trouvé que le point de vue unique et à la première personne appauvrissait la narration. Ensuite, pour la première fois, le style de Malika Ferdjoukh m'a semblé maladroit. Je ne supporte pas du tout qu'on mélange allègrement le passé composé et le passé simple dans une même unité d'action. "Quand Edern a braqué le rond de sa lampe sur lui, ses yeux jetèrent deux étincelles jaunes", désolée, ça ne passe pas. Ensuite, mêler dans la bouche d'un même personnage des termes modernes argotiques tels que "zboob" ou "zyva" et un vocabulaire bien trop sophistiqué pour une ado de dix-sept ans, ça manque de cohérence. Et puis une gosse de dix ans qui invente ses propres verbes à partir de noms ou d'adjectifs ("On va pommedamourer à gogo, et pantagrueler de gaufres et de crêpes, ça te dit?"), je trouve que ça sonne moyennement vraisemblable.

En résumé, pas un mauvais bouquin, loin de là, mais pas non plus une lecture indispensable, y compris pour les fans de Malika Ferdjoukh.

jeudi 17 novembre 2011

"Veuf"



Hier, en lisant un très beau livre attablée à une terrasse devant un diabolo menthe (que voulez-vous, on ne se refait pas), j'ai réalisé que j'étais une vieille conne réac.

Ce livre, c'est "Veuf" de Jean-Louis Fournier, dans lequel l'auteur évoque le souvenir de son épouse morte subitement l'année de ses 65 ans. Avec une immense délicatesse et un humour surprenant en regard d'un sujet aussi grave, il brosse un portrait émouvant de l'absente. Les anecdotes de leur vie commune sont comme des coups de pinceaux, de petites touches de couleur vibrantes qui ressuscitent sa Sylvie le temps de quelques 160 pages. Et j'ai trouvé poignante sa façon de raconter l'après - le courrier qui continue à arriver pour la défunte, la vague culpabilité d'être toujours là et de reprendre un peu goût à la vie. "Veuf" est une touchante déclaration d'amour posthume, qu'on referme un peu mélancolique mais pas vraiment triste. Son sujet ne pouvait que me toucher, moi qui crains tant que la mort m'arrache ceux que j'aime en général et Chouchou en particulier, et la pudeur élégante avec laquelle Jean-Louis Fournier a choisi de le traiter aurait dû emporter ma totale adhésion.

Pourtant, au milieu de ce très beau livre, un passage m'a coupée net dans l'élan qui me faisait tourner les pages à toute allure. "Moi qui ai souvent eu envie de te tromper, et pas seulement l'envie, est-ce que maintenant je peux te tromper sans te faire de chagrin, sans que tu le saches?".

Ma première réaction a été de m'indigner intérieurement. Quoi? Cet homme nous chante sur tous les tons à quel point sa femme était merveilleuse; il ne cesse de répéter qu'il n'était qu'un vermisseau comparé à elle et combien il lui est reconnaissant d'avoir consenti (on dirait qu'il ne sait pas trop pourquoi) à passer sa vie avec lui. Et malgré ça... il l'a trompée. Sans son consentement, peut-on supposer à l'allusion concernant un éventuel chagrin.

J'ai tenté de me raisonner. De me dire que chaque couple possède sa propre histoire et son propre fonctionnement, et qu'il ne m'appartient pas de porter un jugement moral sur les actions d'un homme dont je ne sais rien, hormis ce qu'il consent à dévoiler dans son livre. Mais pour être honnête, cette révélation a coloré toute la suite de ma lecture. Chaque fois que, par la suite, l'auteur vantait les nombreux mérites de son épouse, une petite voix dans ma tête lançait: "Mouais, ça ne t'a pas empêché d'aller voir ailleurs".

Et je m'en suis voulu. Je m'en veux encore de considérer qu'un véritable amour est forcément monogame; je m'en veux d'être, pour autant que je m'en défende, à ce point programmée par la morale judéo-chrétienne; moi qui me clame tolérante et libertaire, je m'en veux d'avoir laissé ma conception petite-bourgeoise du couple m'empêcher d'adhérer totalement à un récit si lumineux.

mercredi 16 novembre 2011

"Sombres citrouilles"



La semaine dernière, dans Pensées de Ronde, Caroline disait combien elle avait aimé "Quatre soeurs" de Malika Ferdjoukh. J'ai laissé un commentaire pour lui signaler qu'il existait une bédé tirée des romans, et une autre lectrice m'a conseillé la lecture de "Sombres Citrouilles", un polar jeunesse du même auteur. Du coup, à la faveur d'un passage dans l'excellente librarie "Les enfants terribles" à Nantes, j'ai fait l'emplette de ce titre que j'ai dévoré dans le train dès le surlendemain.

"Aujourd'hui, 31 octobre, trois générations de Coudrier sont réunies à la Collinière, la grande demeure familiale entourée de forêts et d'étangs, pour fêter comme chaque année l'anniversaire de Papigrand, le patriarche. Comme c'est aussi Halloween, Mamigrand a envoyé les petits chercher des citrouilles au potager pour les voisins américaines. Mais dans le carré de cucurbitacées encore enveloppé des brumes de l'aube, il y a comme un pépin. Un homme étendu de tout son long, plein de taches rouges, silencieux. Mort. A première vue, personne ne le connaît. L'affaire pourrait donc n'être pas si grave que ça. Le problème, c'est que dans la famille, il y a au moins trois mobiles criminels possibles, donc trois assassins potentiels. Sans compter tous les secrets qu'on n'a pas encore découverts..."

J'ai retrouvé avec bonheur l'écriture jubilatoire de Malika Ferdjoukh, son talent pour décrire les vieilles grandes maisons perdues dans la campagne et donner vie à d'attachants personnages d'enfants ou d'ados. Son intrigue policière, qui se déroule sur une unique journée, comporte quelques menues incohérences; mais elle a le mérite de tenir le lecteur en haleine d'un bout à l'autre, et d'offrir également une fin satisfaisante bien qu'entachée d'amertume. Pour ne spoiler personne, je dirais juste qu'ici, à une ou deux exceptions près, les adultes n'ont pas le beau rôle: lâches et influençables dans le meilleur des cas, veules et intolérants jusqu'à la monstruosité dans le pire. On est assez loin des personnages bienveillants de "Quatre soeurs", et c'est très bien comme ça. Inutile de préciser que j'ai beaucoup aimé ces "Sombres citrouilles", et qu'elles m'ont donné très envie de découvrir les autres romans de l'auteur.

jeudi 10 novembre 2011

"It is not a piece of cake"



Ne vous laissez pas abuser par son titre: la bédé dont je vais vous parler aujourd'hui est bien en français - simplement, son action se déroule en Ecosse et est centrée autour d'un biscuit local.

Ce sont les dessins noir/blanc/rouge, dont le style fait irrésistiblement penser à des gravures, qui ont attiré mon regard vers "It is not a piece of cake" de Nancy Pena (rhaaaa, pourquoi n'y a-t-il pas de tilde sur le clavier de mon Mac?) lors de mon dernier passage chez Cook & Book. Quelques secondes passées à le feuilleter m'ont suffi à me rendre compte de la beauté du graphisme et de l'atmosphère victorienne qui se dégageait de ses pages. Et puis, en bonne fan de Sherlock Holmes, je n'ai pu résister à ce résumé:

"Suite à un pari lancé par deux lords, Victor Neville est envoyé en Ecosse pour retrouver la recette des succulents black shortbreads inventée en son temps par la duchesse de Montrose. Face à lui, la très jolie mais néanmoins dangereuse Alice Barnes, ainsi que... son propre frère, Percy Neville. Les deux hommes vont confronter leurs talents dans le château même où leur père exerça les siens peu avant sa mort - et l'on sait bien que les châteaux écossais regorgent de mystères non élucidés..."

Rien ne manque à cette histoire, ni les domestiques qui cachent des secrets, ni la pluie qui confère une atmosphère lugubre au lieu de l'enquête, ni même un pouvoir médiumnique qui se manifeste dans les rêves d'un des protagonistes. A vrai dire, je ne regrette qu'une chose: ne pas avoir lu "Les carnets du kimono", l'histoire en deux tomes qui précède "It is not a piece of cake" et relate le premier affrontement de Victor Neville et Alice Barnes. Mais un petit tour sur Amazon devrait me permettre d'y remédier rapidement.

lundi 7 novembre 2011

"L'extraordinaire garçon qui dévorait les livres"



Montée hier au rayon "enfants" du Cook & Book dans l'idée de commencer à chercher des cadeaux de Noël pour mes neveux, j'en suis redescendue avec un pop-up book (ou livre animé, en bon français) pour lequel je venais d'avoir un coup de coeur et que je n'ai aucune intention de céder à qui que ce soit.

C'est l'histoire d'Henri, qui aime dévorer les livres au sens propre du terme. Il mange de tout, depuis les atlas jusqu'aux traités de mathématiques en passant par les romans d'aventure, avec tout de même une prédilection pour les ouvrages à couverture rouge. Jusqu'au jour où sa boulimie le rend malade...

Un récit qui plébiscite la lecture ne pouvait que me plaire. Mais si j'ai craqué pour "L'extraordinaire garçon qui dévorait les livres", c'est surtout à cause de son graphisme un rien désuet, avec des textes comme tapés sur une vieille machine à écrire et des fonds de page qu'on croirait sortis d'un vieux cahier d'écolier. Je ne saurais dire si un enfant est réellement susceptible d'apprécier ce genre d'ouvrage, mais c'est avec grand bonheur que la vieille gamine que je suis va l'ajouter à sa collection de pop-up books.

Attention, ce livre existe aussi en version non-animée avec une couverture différente.

samedi 5 novembre 2011

"Derniers rappels"



Comme j'avais adoré "De mal en pis", je me suis dépêchée de me procurer l'autre gros pavé d'Alex Robinson, "Derniers rappels". La recette est sensiblement la même dans les deux ouvrages: beaucoup de personnages dont on suit le point de vue tour à tour selon les chapitres, et dont les vies finissent toutes par s'entremêler. Il y a Caprice, une serveuse malchanceuse en amour; Phoebe, qui quitte le Nouveau-Mexique pour partir à la recherche du père qu'elle n'a jamais connu; Steve, un geek qui a décidé d'arrêter de prendre ses médicaments et commence à entendre des voix; Nick, un menteur compulsif qui bosse pour un Russe inquiétant; Ray, une rock star en panne d'inspiration, et Lily, qui va sans le vouloir devenir sa muse.

Cette fois, il ne s'agit pas de tranches de vie successives, enchaînées de manière brouillonne bien que sympathique, mais d'un récit construit, dont les chapitres numérotés à l'envers égrainent un compte à rebours vers le drame final. "Derniers rappels" est bien plus maîtrisé et plus tragique que "De mal en pis". Je l'ai aussi trouvé beaucoup moins attachant, en partie parce que le milieu de la musique me parle moins que celui de l'édition, en partie parce que deux des personnages sont franchement antipathiques - voire perturbants - et qu'aucun élément n'était susceptible de me faire éprouver de l'empathie pour les autres. En résumé, une bédé réussie mais qui ne m'a pas touchée.

jeudi 3 novembre 2011

"Street Marx"



Thierry Marx, chef étoilé qui nourrit (ha ha, ouais je suis comme ça, je fais de l'humour ravageur de bon matin) une passion pour la cuisine de rue, nous propose de le suivre dans ses voyages aux USA, en Israël, en Thaïlande et au Japon. Dans "Street Marx", chaque chapitre de ses pérégrinations est présenté à la façon d'un manga durant lequel l'auteur commente ce qu'il fait et voit. Au tout début, il donne des impressions d'ensemble sur les villes qu'il visite, avec une assez jolie plume qui restitue bien les ambiances; et à la fin, il livre ses recettes pour préparer les plats évoqués dans les pages précédentes. Voyage, cuisine et bédé mêlés, quelle idée fantastique!

Hélas, presque tout mon plaisir de lecture m'a été gâché par l'atroce manque de qualité des photos utilisées. Celles-ci ont visiblement été prises à l'aide d'un smartphone - mais, comme me l'ont fait remarquer les possesseurs de ce gadget du diable dans mon entourage, l'iPhone par exemple fait d'aussi belles photos qu'un appareil numérique. Donc, j'ignore pourquoi les clichés pris sur le vif par Mathilde de l'Ecotais ont été privés de leurs couleurs et pixellisés de la sorte. J'imagine que ce viol esthétique avait pour but de donner un genre à l'ouvrage. Malheureusement, c'est un genre raté, un genre qui fait que j'ai peiné à finir ce livre alors qu'il avait par ailleurs absolument tout pour me plaire. Je me consolerai en allant voir, la semaine prochaine lors de mon passage-éclair à Paris, l'exposition des photographes en lice pour le Festival de la Photo Culinaire 2011 que parraine Thierry Marx.