vendredi 17 octobre 2008

"Twilight"


Intriguée par la fascination que cette série de Stephenie Meyer semblait exercer sur ses lectrices, et nourrissant un intérêt à la fois personnel et professionnel pour la littérature vampirique, j'ai fini par craquer et par commander le premier tome. Avant-hier soir, comme Chouchou rentrait du boulot vers 23h et que je ne voulais pas attaquer sans lui la deuxième saison de "Ugly Betty" en DVD, j'ai ouvert "Twilight" en me disant que j'allais jeter un coup d'oeil au premier chapitre, pour voir. Le temps que je repose le bouquin, j'en avais dévoré deux cents pages presque d'un trait.

Je n'ai pourtant pas grand-chose de nouveau à apporter aux critiques lues de-ci de-là. Oui, la série semble s'adresser plutôt à des adolescentes avec ses héros lycéens qui découvrent l'amour et le désir. Oui, le style est assez simpliste; rien de bouleversant, en tout cas. Non, le sujet n'a rien d'original - même si ici, les vampires sont "végétariens" et peuvent sortir le jour du moment qu'il ne fait pas trop soleil. Pourtant, ça fonctionne, et ça fonctionne même très bien. Il est extrêmement difficile de s'arracher à ce roman dont les pages se tournent toutes seules. En deux soirs, je l'ai presque terminé; je viens de commander les trois tomes suivants sur Amazon, et j'attends avec impatience l'adaptation cinématographique dont la sortie est prévue pour fin novembre aux USA. Ci-dessous, la bande-annonce:

(Ouais je sais... C'est trop bizarre de voir Cedric Diggory en vampire charismatique. Un peu comme si on castait, je sais pas moi, Tom Cruise dans le rôle de Lestat.)
"Twilight" est paru en français sous le titre "Fascination", avec la même couverture que la VO.

mercredi 8 octobre 2008

"Croisière Cosmos" et "Odi's blog 1.0"


Tous les mois quand je suis à Monpatelin, je m'offre une petite virée à la Fnac du coin. Je flâne dans les rayons en balayant du regard les nouveautés empilées sur les tables. Parfois, la couverture de l'un d'eux attire mon attention. Je m'en saisis et le feuillette pour voir si ma première impression se confirme ou pas. Malgré ça, il m'arrive d'avoir des déconvenues, des livres que j'abandonne au bout de quelques dizaines de pages. Mais la pioche du mois dernier a été majoritairement bonne. Si "Chroniques Wallonnes" n'a pas tenu ses promesses, la "Croisière Cosmos" d'Olivier Texier m'a fait passer un excellent moment. Cette histoire d'extra-terrestres capturés par un vaisseau humain qui se retrouvent brusquement seuls à bord manie avec bonheur l'humour déjanté, à la frontière entre l'absurde et la satyre. Je recommande.

Autre découverte du mois de septembre: "Odi's blog 1.0". Ne vous fiez ni au titre geekesque, ni à l'illustration de couverture peu accrocheuse: cette bédé sans paroles est un petit bijou de poésie fantasque. Chaque situation de la vie quotidienne est métamorphosée par l'imagination galopante de l'héroïne. Elle surfe sur sa planche à repasser, se propulse depuis son rocking chair sur un trapèze, skie sur sa glace à la vanille, débusque les gnomes planqués dans les cageots de pommes de terre, torée des escargots géants et grimpe jusqu'aux portes du Paradis en empruntant les escalators d'un grand magasin. Ce bouquin est une gourmandise savoureuse, à déguster très lentement pour la faire durer le plus longtemps possible.

lundi 29 septembre 2008

"American elf" vs "Chroniques wallonnes"


Voici deux recueils de BD basés sur le même principe: produire chaque jour un strip autobiographique en noir et blanc pendant une assez longue période (l'expérience de Fifi s'étale sur un an, celle de James Kochalka se poursuit depuis maintenant plus d'une décennie). Chacun d'eux a un titre qui situe géographiquement son origine et laisse à penser que son contenu reflètera quelque chose de la culture du pays dans lequel vit l'auteur.

La ressemblance s'arrête à peu près là. Kochalka pratique un dessin très simple et non réaliste: il donne une apparence d'elfe à sa femme et à lui-même ou représente un de ses amis sous les traits d'un chien. Bien qu'il soit parfois sujet à des pannes d'inspiration, celles-ci sont assez rares et il parvient généralement à les traiter sous un angle humoristique. Il a par ailleurs une vie assez riche pour produire des anecdotes intéressantes: outre son job de dessinateur, qui l'amène à se déplacer très souvent dans des conventions à travers le monde entier, il appartient à un groupe de rock dont il est le chanteur et avec lequel il effectue des tournées, parfois jusqu'en Suède. Il semble aussi avoir une vie sociale assez riche, avec de nombreuses interactions familiales et pas mal de soirées entre potes. Ainsi, on suit cette autobiographie dessinée avec amusement et petit à petit, on s'attache à son auteur, si colérique et immature qu'il se dépeigne parfois.

Gros contraste avec la vie de Fifi le Wallon. Son recueil m'a fait de l'oeil sur une table de la FNAC à cause de son titre, de son format agréable et de son dessin plus réaliste et beaucoup plus recherché que celui de Kochalka. Mais la lecture de "Chroniques wallonnes" m'a bien déçue. Plus d'un jour sur deux, l'auteur se représente assis à sa table de travail en train de se plaindre qu'il n'a pas d'idée. Le reste du temps, on le voit déambuler en monologuant dans les rues de sa ville. S'il a une petite amie, il ne la montre jamais; s'il a des potes, il les cache bien; s'il a de l'imagination, il se garde de nous la faire partager. L'essentiel de son existence semble se passer vautré devant sa télé avec une pizza. Parfois, il rouspète parce qu'il fait mauvais, parce qu'il est malade ou parce que son ordinateur a encore planté. Et c'est tout. Beaucoup trop peu, donc, pour tenir 365 pages sans lasser le lecteur. Dommage, car je lui trouve un coup de crayon vraiment sympathique.

mercredi 24 septembre 2008

"Joséphine"


Vu que j'ai failli m'étrangler de rire en lisant "Ma vie est tout à fait fascinante" et que je vénère le travail de Pénélope Bagieu au point de lui avoir créé son propre tag dans ce blog, j'attendais beaucoup de "Joséphine", son premier album non-autobiographique (même si on devine très vite que certaines des situations qu'il met en scène ont dû être vécues, sinon par elle, au moins par une de ses copines).

Joséphine, donc, c'est la quintessence de la nana de 30 balais pas encore casée, et à qui tout son entourage ne cesse de rappeler cette tare impardonnable. Une sorte de Bridget Jones française, moins pathétique que sa célèbre grande soeur. Toutes les célibataires urbaines devraient se reconnaître dans la majorité de ses (més)aventures. C'est le point fort de l'album, et aussi son gros défaut. Il tape juste - bien qu'avec moins de mordant que "Ma vie est tout à fait fascinante" -, mais il ne surprend pas. Du début jusqu'à la fin, j'ai eu l'impression de lire un numéro de Cosmo illustré. Agréable, donc, mais pas transcendant. En fait, le point fort de Pénélope Bagieu, c'est définitivement son dessin archi-expressif: les mimiques, les postures de ses personnages sont toujours mille fois plus éloquentes qu'une énorme bulle de texte. A se demander si elle ne devrait pas carrément faire dans le muet.

vendredi 12 septembre 2008

"Jeeves", l'intégrale


Bien que je lise énormément, j'ai tendance à me cantonner à des romans d'auteurs contemporains. Conséquence: ma culture littéraire "classique" est trouée comme une roue d'Entremont. Par exemple, malgré mon amour infini de l'humour anglais, je n'avais encore jamais ouvert la moindre aventure de Jeeves, le célèbre et inénarrable valet de chambre créé par P.G. Wodehouse. Et puis lors de ma dernière visite à la Fnac de Monpatelin, les couleurs acidulées de cet ouvrage m'ont fait de l'oeil. Depuis ma première intégrale (Sherlock Holmes ou Arsène Lupin, je ne me souviens plus), j'ai une passion pour les omnibus à la couverture agréablement souple et au papier cigarette délicieux à caresser avec l'ongle de l'index droit. Sans compter qu'ils coûtent moins cher qu'une série de romans et tiennent beaucoup moins de place dans une bibliothèque. J'ai tout de même hésité un instant. D'habitude, je lis les romans anglophones en V.O., tant qu'à faire. Un coup d'oeil au nom de la traductrice du premier tome a suffi à me convaincre: c'est une amie de JC que j'ai eu l'occasion de recontrer à plusieurs reprises et dont le travail est réputé pour son excellente qualité.

A l'heure où j'écris ces lignes, je viens juste d'attaquer le second tome et je suis totalement conquise. Mis à part la série des Stephanie Plum de Janet Evanovich (qui appartient à un tout autre genre...), je ne me souviens pas qu'un bouquin m'ait autant fait rire et sourire. Les aventures de Jeeves sont narrées par son maître, Bertram Wooster, un jeune oisif de la bonne société londonienne que son caractère faible et sa cervelle de moineau poussent très souvent à se mettre dans des situations aussi loufoques qu'inconfortables. Chaque fois, son valet lui sauve la mise avec une présence d'esprit qui n'a d'égale que son flegme tout britannique. Ils sont entourés par une galerie de personnages secondaires savoureux tels que le jeune Little, ami d'enfance de Bertie et coeur d'artichaut incorrigible, la redoutable tante Agathe ou les turbulents jumeaux Claude et Eustache. Un petit extrait pour vous mettre l'eau à la bouche:

"Mon existence entière semblait placée sous les meilleurs auspices: à trois reprises, des chevaux sur lesquels je m'étais trouvé investir des sommes non négligeables avaient gagné avec plusieurs longueurs d'avance au lieu de s'installer sur la pelouse pour regarder passer leurs copains, conformément à l'usage en vigueur parmi la gent chevaline sitôt que je décide de faire un placement sur l'un de ses représentants.
"En outre, le thermomètre ne cessait de grimper, atteignant des degrés inédits dans l'histoire de la thermométrie; mes chaussettes neuves étaient universellement reconnues comme étant juste du genre qu'une mère eût pu confectionner, et, brochant sur le tout, ma tante Agathe avait décidé de se consacrer provisoirement à la persécution du bon peuple de France, renonçant, pour une pièce de six semaines au moins, à s'occuper de mon cas personnel."

dimanche 13 juillet 2008

"The end of Mr. Y"


De Scarlett Thomas, j'avais précédemment lu "Bright young things", sorte de "Dix petits nègres" revisité à la sauce "Loft Story" dont la conclusion en queue de poisson m'avait un peu laissée sur ma faim, et "Going out" sur le road trip d'un ado allergique à la lumière qui n'était jusqu'alors jamais sorti de sa chambre. Je n'avais pas terminé le second, mais je devais reconnaître à l'auteur une imagination fertile et un style efficace à défaut d'être très travaillé. Il y a quelques mois, la couverture de "The end of Mr. Y" et sa tranche noire ont attiré mon attention lors d'une visite chez Cook & Book. Comme il ne faisait pas partie de mes priorités de lecture, j'ai attendu un peu avant de l'attaquer. Mais dès que je m'y suis mise, j'ai eu beaucoup, beaucoup de mal à le lâcher avant la fin.

Ariel Manto, jeune femme au passé agité et au comportement auto-destructeur, prépare une thèse sur les expériences de la pensée. Un jour, elle découvre dans une bouquinerie le dernier ouvrage soi-disant maudit d'un obscur auteur qui la fascine. Le héros de ce livre, que la préface présente à demi-mot comme la fictionnalisation de faits réels, voyage dans une dimension qu'il appelle la troposphère, et par l'intermédiaire de laquelle il peut entrer dans la tête d'autrui - devenir en quelque sorte un passager clandestin dans l'esprit des gens qui l'entourent. Bien entendu, la curiosité d'Ariel la pousse à tenter de reproduire l'expérience. Le résultat est assez vite concluant, et la jeune femme se retrouve accro à la troposphère dont elle explore avidement les règles et les limites. Mais pendant qu'elle lâche prise sur sa vie dans le monde réel, elle réalise que des individus peu recommandables sont sur sa trace - prêts à tout pour récupérer le livre maudit.

"The end of Mr. Y" est un roman inclassable qui réussit à mélanger avec bonheur science-fiction et esotérisme, références littéraires et physique (bien) vulgarisée, avec une pincée de sexe déviant pour relever le tout. J'ai adoré son héroïne atypique et son scénario imprévisible jusqu'à la fin. Il est disponible en français sous le titre "La fin des mystères".

dimanche 8 juin 2008

"Le gourmet solitaire" et "L'homme qui marche"


Si j'ai décidé de parler de ces deux mangas dans le même post, c'est à cause de leurs nombreuses ressemblances. Au-delà du fait que tous deux ont été écrits et dessinés par le merveilleux Jiro Taniguchi, "Le gourmet solitaire" et "L'homme qui marche" ont une structure identique. Leurs chapitres sont des nouvelles quasi indépendantes les unes des autres, mais mettant en scène le même personnage dans le cadre d'une action répétitive dont les conditions et les circonstances diffèrent chaque fois. Dans le premier cas, il s'agit d'un VRP gourmand qui, de par son activité professionnelle, se voit très souvent contraint de manger seul et à l'extérieur de chez lui. Chaque petite histoire est celle d'un de ses repas rendu dans le moindre détail. Dans le second cas, il s'agit d'un homme marié sans enfants qui vient de déménager et d'adopter un chien. Infatigable marcheur, il explore les environs de son nouveau domicile le nez au vent. Chaque petite histoire est donc celle d'une de ses promenades sans but précis.

Dans les mangas de Jiro Taniguchi, la forme comme le fond sont caractérisées par leur pureté et leur délicatesse: d'un côté, un trait sans fioritures mais puissamment évocateur, très travaillé sous son apparente simplicité; de l'autre, des personnages qui savent goûter les petits plaisirs de la vie avec une certaine forme d'innocence et beaucoup d'abandon. Ce don pour résumer toute une atmosphère dans une simple case, pour évoquer en un seul dessin toute la palette des cinq sens, fait de chaque chapitre du "Gourmet solitaire" et de "L'homme qui marche" une oeuvre en soi - courte mais suffisamment riche pour que l'on en sorte repu.

J'ai trouvé en revanche que la magie de l'auteur fonctionnait moins bien sur un format long censé raconter une véritable histoire façon roman graphique. Par exemple, "Quartier lointain", bien qu'unaniment encensé par la critique, ne m'a guère emballée. Oui, l'atmosphère du Japon y était comme toujours merveilleusement bien retranscrite, mais la très grande lenteur de l'action et l'intériorisation des sentiments finissaient par rendre sa lecture quelque peu ennuyeuse. Ce qui ne m'empêchera pas de continuer à explorer l'oeuvre de Taniguchi. Prochain sur ma liste, "L'orme du Caucase".

mardi 3 juin 2008

"Tim Walker: pictures"


La plupart des photographes dont j'aime le travail sont avant tout des portraitistes exceptionnels: Ellen Von Unwerth, Bettina Rheims, Mark Zelliger... Plus rares sont ceux capables de créer des mises en scène qui portent leur patte, des atmosphères auxquelles on les identifie immédiatement. J'ai un temps suivi avec attention la carrière de David LaChapelle, pour finir par me lasser du côté outrancier - et parfois totalement gratuit - de ses clichés. Hawk m'a fait découvrir l'oeuvre foisonnante de Nobuyoshi Araki, dont certaines séries me ravissent par leur côté "la vie toute nue toute crue" et d'autres me laissent froide, voire me dépriment. Mais pour moi, le maître absolu, c'est Tim Walker, essentiellement connu pour sa très longue et très fructueuse collaboration avec le magazine Vogue. Ses photos ont le don de me transporter en un clin d'oeil dans un univers parallèle, une sorte de fantasmagorie bohémienne et romantique où rien de grave ne peut arriver, où tout est légèreté et fantaisie.

Ca faisait plusieurs semaines que j'attendais la sortie, aux éditions teNeues, d'un énorme recueil de ses travaux. Certes, le prix (98 euros) pouvait sembler dissuasif, mais quand on aime on ne compte pas. D'autant qu'il fallait bien utiliser le gros avoir accumulé sur ma carte Fnac belge. Hier, à la faveur de notre inscription au marathon photo du 21 juin, j'ai donc fait l'emplette de la petite merveille. Et passé une bonne partie de la soirée à la dévorer des yeux. L'éditrice a fait un travail superbe, sélectionnant les photos les plus emblématiques de l'oeuvre de Walker, mais aussi des inédits et des travaux de jeunesse qui permettent de mieux comprendre sa démarche. La plupart des clichés sont assortis d'un petit commentaire portant sur leurs conditions de réalisation - et c'est là qu'on se rend compte du boulot absolument dingue que ça peut représenter, une "bête" photo. Surtout, j'ai adoré que l'on montre les scrapbooks de l'artiste, ces carnets dans lesquels il colle les choses qui l'inspirent et prépare ses shootings. Inutile de dire que ça me donne trèèèès envie de m'exciter sur mon Lumix tout neuf.

dimanche 1 juin 2008

"Bruxelles le dimanche"


Un petit post pour signaler cet excellent ouvrage à l'attention de mes lecteurs bruxellois. C'est une mine d'adresses géniales pour s'occuper le dimanche, illustré par des photos magnifiques qui donnent envie de tester les toutes - ou presque. Nous connaissions et étions déjà fans de quelques-unes d'entre elles, comme Filigranes, Cook&Book, Brüsel, Graphie Sud, le Palais des Thés ou The Grasshopper. Nous en avons découvert bien d'autres que nous avons marquées avec des Post-It, jaunes pour Hawk et verts pour moi, afin de meubler nos prochains week-ends. Par chance, beaucoup de nos choix correspondent. C'est ainsi qu'on derait nous voir prochainement attablés au musée BELvue ou au MIM (on ne va quand même pas y aller pour voir les expositions!), en train de flâner aux Halles des Tanneurs, d'enfiler des chaussures de clown au Brussels Bowling 6 Lanes, de nous faire masser au Serendip Spa ou de shopper gourmand au Bio Corner ou chez Mmmmh!

mardi 20 mai 2008

"Princesse aime princesse"


Lors de mon avant-dernier passage chez Filigranes, j'avais aperçu, feuilleté et reposé cette bédé: elle paraissait très sympa, mais à 16,50 euros, je répugnais à en faire l'emplette sur une simple impression. Puis Pénélope Jolicoeur en a fait l'éloge dans son blog dimanche matin, et l'après-midi même je craquais.

Je ne l'ai pas regretté. "Princesse aime princesse" est un petit bijou de poésie décalée, à la fois grave et drôle, dans lequel on trouve pêle-mêle: une princesse de la frite aux cheveux roses qui répond au doux nom de Végétaline, une affreuse guerre civile dans un état d'Afrique noire dont seul le nom est fictif, des combinaisons de Power Rangers dotées de pouvoirs délirants, un écosystème où chaque geste sensuel se traduit par l'apparition d'une bestiole aquatique laissant un arc-en-ciel dans son sillage.

C'est une histoire de mère abusive, de réfugiés qui peinent à s'adapter à leur nouveau pays, de savants fous et de secrets industriels, mais surtout d'éveil à l'amour et à la sexualité. Le dessin faussement naïf et le scénario déjanté m'ont souvent fait penser au "Bestiaire amoureux" de Joann Sfar, et c'est un grand compliment. Un seul regret: le titre un peu maladroit qui insiste sur le caractère lesbien de la relation entre les deux héroïnes, alors qu'en fait, les sentiments évoqués sont archi-universels.

dimanche 13 avril 2008

"La consolante"


Comme des millions de lecteurs, j'avais adoré "Ensemble c'est tout" pour ses personnages cabossés par la vie mais tellement humains et attachants, la façon dont petit à petit ils se construisaient un univers plein de fantaisie et de tendresse, les dialogues qui sonnaient tellement vrai, la narration qui prenait de charmantes libertés avec les principes littéraires. Quatre ans plus tard, je n'ai guère hésité à acheter le nouveau roman d'Anna Gavalda dès sa sortie, ce que je fais rarement: les grands formats sont très chers et prennent trop de place dans ma bibliothèque déjà fort encombrée. "Miam, me suis-je dit, plus de 600 pages, voilà de quoi me régaler pendant plusieurs longues soirées."

J'ai lu "La consolante" cette semaine, et malheureusement il m'a beaucoup déçue. J'ai eu un mal fou à m'intéresser à son héros, ce presque quinquagénaire bouffé par son boulot d'architecte, coincé dans une relation moribonde et hanté par le souvenir d'une femme fantasque qu'il aima jadis. Pendant les deux tiers du livre, j'ai attendu qu'il fasse autre chose que ressasser interminablement ses souvenirs. Du coup, la nouvelle histoire d'amour pliée dans les 200 dernières pages m'a paru trop précipitée - bâclée, même. On peut arguer que le personnage, après avoir perdu autant de temps, était enfin mûr pour une action prompte et décisive; mais si ça peut, à la limite, tenir la route psychologiquement, ce n'est pas très satisfaisant pour le lecteur qui aurait préféré passer plus de temps avec la famille joyeusement bordélique des Vesperies qu'avec Anouk et son désespoir existentiel. Quant à la fin, elle tient du happy end un peu trop bien ficelé où tous les problèmes s'arrangent d'eux-mêmes comme par miracle.

Mais surtout, ce qui m'a empêchée d'apprécier "La consolante", c'est cette habitude absolument exaspérante qu'a l'auteur d'omettre le sujet de ses phrases. Quand c'est le même personnage qui accomplit toute une suite d'actions, ça passe assez bien. Mais dès que la scène comporte plusieurs protagonistes, ça gêne la compréhension: on ne sait plus qui fait quoi, et ce procédé, au lieu de fluidifier le texte, produit l'effet contraire en obligeant le lecteur à revenir en arrière pour essayer de visualiser les choses. Je n'ai pas le souvenir d'avoir trouvé ça si pesant dans "Ensemble c'est tout"; là, ça vire au tic d'écrivain et c'est juste pénible.

J'ai bien conscience qu'il doit être très difficile d'enchaîner après un succès aussi phénoménal que celui d'"Ensemble c'est tout", mais pour moi, "La consolante" ne tient pas ses promesses. Mention "petit bonheur", toutefois, à l'apparition fugace de deux des héros du roman précédent - un joli clin d'oeil adressé aux lecteurs fidèles.

lundi 7 janvier 2008

"Ma vie est tout à fait fascinante"


Pour celles d'entre vous qui auraient vécu dans une caverne ces derniers mois et qui ne feraient pas déjà partie des fans de Pénélope Jolicoeur, je ne saurais trop vous conseiller d'investir dans son livre qui vient de paraître aux Editions Jean-Claude Gawsewitch (oué, je connaissais pas non plus jusqu'ici, mais je suis fan de la couverture souple et du format plus pratique que celui d'une bédé classique).

Or donc, comme le blog dont il est tiré, "Ma vie est tout à fait fascinante" est un monument de drôlerie. Toutes les filles feignasses, gourmandes, de mauvaise foi, bordéliques et girly à mort s'exclameront au moins une fois: "Haaaan, c'est exactement moi!" devant une des planches de Pénélope. Absolument tout le monde, garçons et filles mélangés, devrait se reconnaître dans la virée chez Ikea de la page 46. La 32 et la 80, j'aurais pu les faire moi-même si je savais dessiner. La 40 a fait exploser Hawk de rire (jaune). La 77 ressemble méchamment à une situation vécue par nous il y a peu. Et la 83 est juste irrésistible.

Je sais, présenté comme ça, ça ne vous dit pas grand-chose. Si vous ne connaissez pas déjà le blog de Pénélope, allez donc y faire un tour en urgence - et puis achetez son livre dans la foulée, parce que 1/ une fille aussi talentueuse mérite de vivre de son boulot 2/ c'est un fabuleux investissement anti-morosité par ces temps hivernaux tristounets.