jeudi 30 octobre 2014

"A vos papilles!"


Conquise par la qualité littéraire des mangas culinaires lus ces dernières années, je n'ai pas hésité une seule seconde à me jeter sur le tome 1 de "A vos papilles" lorsque je l'ai aperçu chez Brüsel le week-end dernier. Je comptais le dévorer le soir même, mais en arrivant chez moi, je me suis rendu compte que... j'avais acheté le tome 2. Je n'aime pas commencer une série par le milieu, même lorsqu'il s'agit d'historiettes qui pourraient presque se lire comme des nouvelles; aussi, j'ai attendu de récupérer le tome 1 avant de commencer ma lecture. 

Et du coup, je pense que le tome 2 va partir directement chez Pêle-Mêle sans même que je l'aie ouvert. 

Ce n'est pas qu'"A vos papilles" soit intrinsèquement mauvais. Les dessins sont plutôt plaisants, et j'ai apprécié de découvrir des choses sur la culture coréenne en général et l'alimentation coréenne en particulier. Mais premièrement, bien que je ne le voie indiqué nulle part dans la version française proposée par Clair de Lune, "A vos papilles" semble être la série dérivée d'un autre manhwa, "Geonbae", dédié aux alcools traditionnels coréens. Les auteurs partent du principe que les lecteurs connaissent déjà les personnages et ne se donnent pas la peine de les présenter de quelque façon que ce soit. Du coup, on a clairement l'impression de débarquer un peu comme un chien dans un jeu de quilles, et on manque d'éléments pour s'attacher aux protagonistes: une scénariste de documentaires culinaires, sa colocataire enseignante, son producteur dont je n'ai même pas réussi à trouver le nom et son fournisseur d'alcools traditionnels.

Or - et c'est là ma deuxième doléance - "A vos papilles" se compose essentiellement d'anecdotes de leur quotidien, avec une part finalement assez réduite consacrée à la nourriture. Ne parlons même pas de cuisine: ici, pas de sympathique bricolage culinaire comme dans "Mes petits plats faciles by Hana", et encore moins de recettes élaborées comme dans "What did you eat yesterday". Du coup, rien n'a vraiment retenu mon intérêt ou mon attention. Même les souvenirs culinaires des personnages n'ont pas réussi à m'émouvoir là où "Kitchen" y était si bien parvenu. Si je l'avais lu il y a quelques années, j'aurais peut-être apprécié "A vos papilles !", mais après tant d'excellentes séries culinaires, il souffre beaucoup trop de la comparaison. 

Ce qui me fait penser: cela vous intéresserait-il que je publie des listes de lecture à thème? Je devrais pouvoir faire quelque chose de pertinent sur la bédé culinaire, les histoires de voyage dans le temps et les uchronies personnelles, notamment. Dites-moi. 

mercredi 29 octobre 2014

"Je ferai de toi un homme heureux"


A Trondheim, dans les années 60, huit familles encore jeunes se partagent un immeuble résidentiel. Au rez-de-chaussée, Mme Asen, obsédée par la propreté de l'escalier commun, et son mari qui aime tisser des tapis à ses heures perdues déplorent de ne pas avoir d'enfants, cependant que M. Moe regrette d'en avoir eu un avec son épouse neurasthénique qui ne remontera plus jamais à l'arrière de sa moto. Au premier étage, Mme Rudolf est exaspéré par son fils adolescent qui écoute de la musique rock beaucoup trop fort et par son mari qui s'intéresse davantage à ses livres qu'à la confirmation imminente de leur rejeton. Mme Larsen, anglaise d'origine, tient un salon de coiffure à domicile au grand dam de son mari traducteur qui se retrouve obligé de louer un bureau en ville. Au deuxième, M. Berg tyrannise son épouse et ses deux fils, tandis que les Salvesen forment un couple harmonieux - madame cousant des robes pour toute la famille, monsieur fabriquant des bateaux en bouteille le soir. Au troisième, Peggy-Anita Foss, la pin-up de l'immeuble, fait son ménage en sous-vêtements tandis que son représentant de mari arpente les routes et reste souvent absent deux semaines d'affilée. M. Karlsen, un professeur veuf, néglige sa fille qu'il ne nourrit pas assez et enferme souvent dehors dans l'escalier glacial, ne s'intéressant à elle que pour ses aptitudes aux mathématiques. Un jour, un installateur de judas passe dans l'immeuble et propose à chaque famille ce système ingénieux qui permettra aux dames, officiellement de ne plus ouvrir leur porte aux gens qu'elles ne veulent pas voir, officieusement, d'épier leurs voisins...

L'auteure norvégienne Anne B. Ragde, connue pour traiter de condition féminine sous un angle réaliste et souvent assez dur, livre ici un roman à la fois un peu plus facile et un peu moins intéressant que d'habitude. Bien que peu réjouissants dans l'ensemble, ses portraits de ménagères de moins de 50 ans sont très réussis et mettent admirablement en évidence les progrès sociaux survenus en à peine un demi-siècle, fût-ce dans la région du monde la plus avancée en matière de droits des femmes. J'ai beaucoup aimé la description détaillée de leur quotidien et de leurs pensées, très révélatrice d'une époque: j'avais vraiment l'impression de regarder à travers un judas, non pas dans le couloir d'un immeuble, mais bien à l'intérieur de chaque appartement. Le mariage, l'amour, le sexe, la parentalité, le travail, les tâches domestiques sont autant de sujets passés au crible sous huit angles différents et néanmoins homogènes. Par contre, je regrette que le propos du livre se limite à cela, et que "Je ferai de toi un homme heureux" se conclue par le passage de l'installateur de judas au lieu d'embrayer sur les relations des différentes familles pour créer au moins un semblant d'histoire. Il y avait là les bases d'un excellent roman qui, de mon point de vue, ne se concrétise jamais. A quelques exceptions près, les voisins se côtoient sans vraiment interagir, si bien qu'au final, on obtient plutôt une collection de nouvelles "mitoyennes". Un livre qui laisse un goût d'inachevé. 

dimanche 26 octobre 2014

"Petite voleuse"


Diplômée en lettres classiques, Corrina Park bosse dans une agence de pub à New York. Ce travail devait juste lui permettre de rembourser son prêt étudiant avant de se lancer dans l'écriture, mais ça fait maintenant cinq ans qu'elle rédige des slogans pour des marques à l'éthique discutable sans jamais avoir pondu la moindre ligne à côté. Célibataire, elle ne s'est pas fait d'amis dans la grande ville et ne fréquente que ses collègues de boulot - ainsi que son chat Anaïs. Sans trop savoir pourquoi, de temps en temps, elle vole des magazines à la supérette où elle fait ses courses du soir...

Première bédé de Michael Cho, un dessinateur d'origine coréenne installé au Canada, "Petite voleuse" met en scène une jeune femme qui a tout pour elle en apparence, et qui est pourtant en train de passer à côté de sa vie. Bien qu'elle me semble assez caractéristique de sa génération (ou du moins, d'une partie de sa génération), Corrina m'a irritée par son apathie et son manque d'appétit de vivre.

Si l'auteur parvient à retracer sa morne existence avec beaucoup de sensibilité et de justesse, la seule chose qui m'a vraiment intéressée dans cette histoire - plus que de savoir ce qui pousserait finalement Corrina à rectifier le tir -, c'est le graphisme bichromique. Je craignais que ce mélange de rose et de noir ne me lasse assez rapidement, et c'est tout le contraire qui s'est produit: plus j'avançais dans ma lecture, plus je l'appréciais. Qu'il s'agisse de rendre des personnages aux physionomies expressives ou de dépeindre un environnement urbain foisonnant sans être oppressant, je l'ai trouvé particulièrement efficace et original.




jeudi 16 octobre 2014

"22/11/63"


Prof d'anglais récemment divorcé et sans enfants, Jack Epping n'a plus gère d'attaches lorsque son vieil ami Al, qui se meurt d'un cancer du poumon, lui révèle l'existence d'une faille temporelle située dans la réserve de son fast-food. La faille, qu'Al appelle le "trou de terrier", obéit à des règles précises: elle ramène toujours le voyageur au même endroit et au même moment, un jour de septembre 1958; en outre, chaque fois qu'on l'emprunte, le passé est remis à zéro - les changements qui ont pu y être effectués lors d'un séjour précédent sont annulés. Al, qui n'a plus le temps de s'en occuper lui-même, souhaite que Jack se charge à sa place d'une mission très importante: empêcher l'assassinat du président Kennedy en 1963 et, du même coup, prévenir sans doute le meurtre de Martin Luther King et l'escalade de la guerre du Vietnam. Le seul problème, c'est que le passé ne veut pas être changé, et qu'il se défend en mettant des bâtons dans les roues de l'inconscient qui s'y essaie...

Stephen King est considéré comme l'un des plus grands écrivains de notre époque, et l'un des plus prolifiques aussi. N'appréciant guère l'épouvante, j'avoue avoir lu très peu de ses romans: "Charlie" et "Ca" (que j'avais d'ailleurs beaucoup aimés) lorsque j'avais une vingtaine d'années, point. Mais il m'était tout bonnement impossible de résister à une si prometteuse histoire de voyage dans le temps. Auteur américain oblige, pour une fois, l'événement améliorer l'histoire du monde n'est pas l'assassinat d'Hitler avant son arrivée au pouvoir, mais la survie de JFK. Ca change un peu, et surtout, ça permet de revisiter le début des années 1960 à travers les yeux du héros - une époque qui peut d'abord sembler bénie, parce que les gens s'y montraient plus amicaux et que la nourriture y avait meilleur goût, mais dont King nous rappelle qu'elle avait aussi ses côtés négatifs comme le ségrégationnisme ou une morale pesante qui bridait les rapports amoureux. Car d'amour, il est largement question ici. Alors qu'il tue le temps jusqu'en novembre 1963 en surveillant de loin Lee Harvey Oswald, Jack tombe sous le charme de Sadie Dunhill, ravissante bibliothécaire traumatisée par un mariage calamiteux. La très belle histoire qui naît entre eux va le placer face à un cruel dilemme.

"22/11/63" est, dans son édition de poche, un énorme pavé de plus de mille pages, et je peux sans mentir affirmer que je ne me suis pas ennuyée pendant un seul paragraphe. King est un narrateur hors pair qui, s'appuyant sur des recherches historiques fouillées, parvient à tisser une intrigue extrêmement riche alternant longues plages de tranquillité et rebondissements haletants. Les différents lieux dans lesquels Jack est amené à vivre ont chacun leur atmosphère propre; les personnages secondaires, même ceux qui ne font que passer l'espace d'un chapitre, sont tous incroyablement vivants. Et surtout, dans la façon nuancée mais lucide dont il les présente, King fait preuve de l'humanité profonde qui est la marque des grands écrivains. Il sait aussi bien évoquer le bonheur, la plénitude et la douceur de vivre que dépeindre la violence, le désespoir ou la pire des noirceurs. J'ai en outre beaucoup apprécié l'angle sous lequel il aborde la question maintes fois rebattue du paradoxe temporel. Un roman à lire absolument. 

"Le savons-nous tous secrètement? Le monde est un mécanisme parfaitement équilibré d'appels et d'échos de couleur rouge qui se font passer pour un système d'engrenages et de roues dentées, une horlogerie de rêve carillonnant sous la vitre d'un mystère que nous appelons la vie. Et au-delà de la vitre? Et tout autour d'elle? Du chaos, des tempêtes. Des hommes armés de marteaux, des hommes armés de couteaux, des hommes armés de fusils. Des femmes qui pervertissent ce qu'elle ne peuvent dominer et dénigrent ce qu'elles ne peuvent comprendre. Un univers d'horreur et de perte encerclant cette unique scène illuminée où dansent des mortels, comme un défi à l'obscurité."

mercredi 15 octobre 2014

"La passion de Dodin-Bouffant"


Librement adaptée du roman de Marcel Rouffe, "La passion de Dodin-Bouffant" met en scène un gastronome provincial à la table si réputée que même le prince héritier d'Eurasie cherche à l'épater en lui servant un fabuleux festin. Mais Dodin-Bouffant ne plaisante pas avec la nourriture. De tempérament volcanique, il a éconduit un à un les moins connaisseurs de ses invités jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que trois: le notaire Beaubois, le médecin Rabaz et le marchand de bestiaux Magot, qu'il régale avec l'aide de sa cuisinière Eugénie Chatagne. Suite à l'inopportun décès de cette dernière, Dodin-Bouffant terrorise toutes ses remplaçantes potentielles. Il commence à désespérer lorsqu'on lui apporte un plat divin préparé par Adèle Pidou, paysanne accorte et sans grâce dont le génie culinaire va bouleverser son existence...

Toujours à l'affût des nouveautés en matière de littérature culinaire, je me suis jetée sur ce beau roman graphique dont le héros haut en couleurs parle de cuisine avec une éloquence lyrique mais se trouve incapable d'aligner deux mots pour avouer ses sentiments à la femme aimée. Qu'il se mettre en fureur devant un repas trop riche ou qu'il sombre dans une déprime barbue et alcoolisée quand Adèle lui annonce son départ, il reste toujours éminemment sympathique, et on souhaite de tout coeur qu'il l'emporte à la fin. J'ai craqué pour le dessin de Mathieu Burniat, qui n'hésite pas à représenter de dignes notables sexagénaires sous la forme de chérubins ventripotents se vautrant nus dans un sublime pot-au-feu. Une oeuvre gourmande pleine de charme et d'énergie (dont le papier et l'encre sentent en outre merveilleusement bon).



mardi 14 octobre 2014

"Miss Charity"




Fille de bonne famille anglaise, Charity Tiddler grandit au 3ème étage d'une grande demeure entre un père quasi-muet, une mère jalouse qui voudrait la garder rien que pour elle, le fantôme de ses deux grandes soeurs mortes à la naissance, une bonne probablement pyromane et certainement cinglée, et une ménagerie d'animaux sans cesse renouvelés: crapauds, souris, lapins et canards sauvés de la casserole... Sa curiosité scientifique la pousse à réaliser maintes expériences; sa solitude l'incite à apprendre par coeur des pièces entières de Shakespeare; sa créativité s'exprime dans de merveilleuses aquarelles de ses petits compagnons; sa volonté de s'améliorer sans cesse lui fait écrire des lettres pleines d'objectifs à son "moi" de dans 3 ans. Le temps passe. Au lieu de devenir une oie gloussante comme ses cousines et de chercher un beau parti à épouser, Charity cultive son côté sauvage et se donne les moyens de devenir une jeune femme indépendante...

Fabuleuse surprise que ce pavé publié en 2008. Bien que signé d'une auteure française, il imite délicieusement le style d'un roman anglais de la fin du XIXème siècle. Son héroïne, dont on peut croire un instant qu'elle va jouer un remake des "Malheurs de Sophie", révèle vite un caractère fort et bien à elle, une intelligence aiguë mâtinée d'une totale absence de sentimentalisme ou de grâces sociales et assortie d'un humour pince-sans-rire proprement hilarant. Sa réussite professionnelle évoque très fort une figure majeure de la littérature enfantine anglaise: Beatrix Potter. Pour autant, "Miss Charity" ne baigne pas dans une atmosphère sucrée. Bien que menant une existence matériellement confortable, elle souffre de neurasthénie et est confrontée à diverses tragédies dans son entourage proche. J'ai passé quelques heures délectables à suivre sur plus de 20 ans ses aventures enjolivées par les aquarelles de Philippe Dumas. Une pépite de roman jeunesse qui, à mon avis, devrait plaire encore plus aux adultes qu'au public auquel il est destiné. 

jeudi 9 octobre 2014

"Kokekokkô"


"Kokekokkô" rassemble seize histoires courtes racontées par autant de dessinateurs français qui ont vécu ou passé des vacances au Japon. Lorsqu'il est sorti, j'ai hésité à l'acheter. J'avais peur de tomber sur un énième ouvrage essentiellement axé sur ces différences culturelles flagrantes qui surprennent voire choquent les Occidentaux la première fois qu'ils mettent les pieds à Tokyo ou dans une autre grande ville nippone. Or, quand on s'intéresse à la culture japonaise depuis longtemps, on finit par le savoir, que les fruits et les légumes sont hyper chers et vendus à la pièce, que les Japonais dorment la bouche ouverte dans le métro, qu'on distribue des mouchoirs en papier publicitaires à tous les coins de rue, que la statue de Hachiko est LE point de rendez-vous à la sortie de la gare de Shibuya, qu'on doit se laver avant d'entrer dans la baignoire, qu'on trouve des trucs délirants à bouffer dans les konbini, que les maisons japonaises traditionnelles sont super mal isolées et qu'un bon kotatsu peut sauver des vies en hiver.

Au-delà de ces considérations superficielles, ce que j'aime lire sur le Japon, ce sont des récits qui sortent des sentiers battus (tel le merveilleux "Manabé Shima" de Florent Chavouet), ou la façon intime dont ce pays change les voyageurs. Et à force d'entendre des louanges sur "Kokekokkô", je me suis dit que, peut-être, j'y trouverais ce que je cherchais. Mais non. Cet ouvrage, par ailleurs extrêmement beau, se contente de donner les impressions de surface des auteurs, d'évoquer les sujets touristiques les plus bateaux qui soient, de relater des anecdotes pas forcément drôles, émouvantes ou remarquables. Quelques fictions brèves et manquant de peps se glissent au milieu des passages autobiographiques. J'ai bien aimé les contributions de Rémi Maynègre et d'Ulysse Malassagne, qui s'aventurent dans des temples isolés et en retranscrivent l'atmosphère très particulière, ainsi que le carnet de voyage coloré d'Yllya. Pour le reste, si mes yeux ont pris du plaisir, mon cerveau s'est gentiment ennuyé d'un bout à l'autre. Mais ce serait certainement un joli cadeau à faire à quelqu'un de moins difficile que moi qui commence juste à s'intéresser à la culture japonaise.


Rémi Maynègre 

Yllya

dimanche 5 octobre 2014

"Miss Peregrine et les enfants particuliers"


Quand le grand-père de Jacob était petit, toute sa famille a été massacrée par les Nazis. Resté seul, le jeune Abe a trouvé refuge sur une petite île au large des côtes anglaises, au sein d'une communauté d'enfants qui possédaient tous des pouvoirs plus étranges les uns que les autres. Par la suite, il a passé la vie à combattre les monstres qui les menaçaient. Jacob boit les paroles de son grand-père et le considère comme un héros. Mais en grandissant, il se met à douter de la véracité des paroles du vieil homme et finit par croire que celui-ci a tout inventé. Jusqu'au jour où, alors âgé de seize ans, il trouve son grand-père agonisant dans les bois derrière sa maison, le ventre lacéré par une horrible créature qu'il a juste le temps d'apercevoir. Avant de mourir, Abe charge Jacob d'une mission sibylline... 

Premier roman de Ransom Riggs, "Miss Peregrine et les enfants particuliers" intrigue par le processus de création singulier qu'a employé son auteur. L'histoire est bâtie sur une série de vieilles photos en noir et blanc qui parsèment ses pages, et qui possèdent toutes un élément intrigant voire inquiétant. Par moment, le procédé peut sembler un peu artificiel (les personnages sont constamment en train de sortir des photos de nulle part pour illustrer leurs propos), mais dans l'ensemble, il fournit la matière à un roman jeunesse original et dramatique à souhait, avec une composante de voyage dans le temps qui ne pouvait que me séduire et une atmosphère franchement flippante pour le public auquel il s'adresse. D'ailleurs, c'est Tim Burton qui va réaliser l'adaptation au cinéma, prévue pour mars 2016. Mon seul regret, c'est que la fin de l'histoire n'en est pas vraiment une: au contraire, elle marque le début d'un périple qui se poursuit dans "Hollow city". Ce deuxième tome sera-t-il à la hauteur du premier? Réponse quand je l'aurai lu!