dimanche 20 mars 2016

"Tout va très bien, madame la comtesse!" (Francesco Muzzopappa)


La comtesse Maria Vittoria dal Pozzo della Cisterna est effondrée: elle a dû se séparer de la quasi-totalité de ses domestiques et la voilà réduite à faire ses propres courses au supermarché. Tout ça à cause d'un fils beau comme un dieu et bête comme une huître, qui a jugé malin d'offrir le dernier joyau familial à une starlette décérébrée. Pour se sortir de ce pétrin, il va falloir faire preuve d'imagination...

C'est en cherchant chez Tropismes quelque chose de léger, amusant et rapide à lire que je suis tombé sur le deuxième roman de l'auteur italien Francesco Muzzopappa. Il a parfaitement rempli son cahier des charges: je me suis bidonnée tout au long des aventures de cette comtesse désargentée au parler franc et acerbe, en décalage complet avec la société moderne, les rustres de la plèbe et son abruti de fils. D'autant que Marianne Faurobert propose une traduction française au style très enlevé. "Tout va très bien madame la comtesse !" ne changera pas votre vie, mais si vous êtes sensible au même genre d'humour que moi, il vous fera sans doute passer un excellent moment.

"Je me rappelle encore l'époque où je caressais mon gros ventre en interrogeant mon mari sur l'avenir de notre petit. Serait-il mathématicien? Homme de lettres? Physicien? 
J'étais convaincue qu'il deviendrait un savant et qu'il consacrerait sa vie à traquer des protons et briser des atomes: inutile de préciser qu'en à peine plus de trois décennies, il parvint à briser bien autre chose...
Dès sa prime enfance, en effet, Emanuele ne fit preuve d'aucune aptitude particulière: à l'école, il peinait pour obtenir un 6; au gymnase, il n'arrivait pas à rester accroché à une barre plus de dix secondes; et au piano, il était incapable de distinguer une croche d'une blanche. 
Pensant qu'un instrument plus discret lui conviendrait mieux, je lui achetai un violon. Lorsqu'il décida d'arrêter, les écureuils revinrent enfin peupler le jardin de la villa." 

"Au moment de doter Emanuele d'un cerveau, le bon Dieu dut s'exclamer quelque chose comme: "Je suis éreinté" avant de passer à l création d'éléments plus complexes, du type éponges de mer." 

"Je dois avoir été contaminée par tous ces films où l'on voit le héros, pour sauver l'honneur de sa famille, se jeter torse nu dans un immeuble en flammes ou affronter au mépris du danger une bande de tigres affamés. Je ne m'attendais certes pas à une pareille attitude de la part d'Emanuele, mais tout de même, à un signe d'intérêt, ne serait-ce qu'un haussement de sourcil. 
"Je ne suis pas prêt" fut sa seule réponse, déclaration qui, pour ma part, n'aurait été recevable que provenant d'un poulet en cours de cuisson." 

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