mercredi 10 octobre 2012

"L'étrange Odd Thomas"


J'ai une sale manie: j'adore les spoilers. Quand je suis fan d'une série télé que je découvre avec un peu de retard, je ne peux pas m'empêcher d'aller regarder sur un guide quelconque comment elle se termine. Et quand je lis un roman, particulièrement s'il s'agit d'un thriller, je commence par survoler le dernier chapitre pour voir qui a fait le coup. Ainsi, au lieu de me retourner les méninges à chercher le coupable, je peux admirer la façon dont l'auteur construit son histoire et sème des indices dans le texte. Libérée de la pression du suspense, je décortique paisiblement la mécanique, je traque les incohérences, je mesure le savoir-faire de l'artisan. Ca ne me gâche pas mon plaisir, bien au contraire. 

Pourtant, une fois n'est pas coutume: je regrette d'avoir regardé dès la page 100 comment allait se terminer le premier volume des aventures de Odd Thomas. 

Ce roman de Dean Koontz avait peu de chances d'atterrir entre mes mains. En principe, je ne suis pas ou peu cliente de la catégorie horreur/fantastique. Mais la critique lue sur le blog de Sun-Jae m'avait suffisamment intriguée pour que je décide de sortir un peu de ma zone de confort littéraire. 

Odd Thomas habite une petite ville californienne recuite par le soleil, au milieu du désert du Mojave. Agé de vingt ans, il n'a pas d'autre ambition dans la vie qu'aimer pour toujours sa petite amie Stormy Llewellyn et préparer les meilleurs pancakes de Pico Mondo... s'il ne se reconvertit pas un jour dans la vente de pneus. Mais comme son nom l'indique (en anglais, du moins), Odd Thomas possède un don étrange: un sixième sens hyper développé qui lui permet, entre autres choses perturbantes, de voir les morts. Quand il le peut, il se fait un devoir d'aider les victimes d'assassinat à obtenir justice pour qu'elles puissent enfin passer dans l'au-delà. Mais en ce 14 août écrasé de chaleur, c'est à un phénomène bien plus perturbant qu'assiste le jeune cuisinier: il voit grouiller dans la ville des centaines de bodachs, créatures d'ombres attirées par l'imminence d'un massacre à grande échelle...

Dès les premières pages, j'ai été séduite par le ton de l'auteur et par la personnalité attachante de son héros. Odd Thomas a beaucoup souffert et été témoin de quantité d'horreurs; pourtant, il conserve une fraîcheur, voire une naïveté, extrêmement touchante. L'amour qu'il porte à Stormy Llewellyn est pur et absolu, mais même s'il n'est pas immunisé contre la peur, le jeune homme n'hésite ni à enfreindre la loi ni à se mettre en danger pour sauver des innocents. On pourrait le croire un peu simple d'esprit: c'est, au contraire, un sage capable d'accepter les failles des autres et le sort qui lui est échu dans la vie. Sa grande lucidité transparaît dans l'humour ironique et légèrement distancié avec lequel il raconte son histoire à la première personne. 

Dean Koontz réussit le tour de force d'écrire un roman très noir, voire glaçant par moments, sans jamais en plomber l'atmosphère - y compris à la fin qui, alors que je la connaissais d'avance, a quand même réussi à m'arracher une larme. Pour une fois, j'aurais aimé ne pas savoir ce qui allait se passer afin de me laisser cueillir complètement par l'émotion au lieu d'être dans l'analyse du scénario. Quoi qu'il en soit, "L'Étrange Odd Thomas" est une sacrée réussite que je recommande sans réserve aux lecteurs de tous horizons. Et dès début novembre, je m'offre la suite de ses aventures! 

J'ai lu ce roman en VO et ne peux donc rien vous dire sur la qualité de sa traduction française.

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