mardi 9 octobre 2012

"Comment j'ai arrêté de CONsommer"


J'ai déjà plusieurs fois évoqué ce livre dont la lecture a accompagné la première semaine de mon mois de "no buy". Frédéric Mars, auteur de plusieurs romans et essais, y raconte son "année de lutte contre l'enfer marchand". L'expérience - dans laquelle il entraîne sa compagne et leur fils de 7 ans - commence de manière assez soft, quand il décide de ne pas faire les soldes d'hiver et de soumettre tous ses achats envisagés au verdict de l'indice MBA ("Minimum de Bonheur Acheté"). Chaque objet convoité est noté selon divers critères, et s'il n'atteint pas un total d'au moins 50 points sur 100, la famille renonce à en faire l'acquisition.

Enthousiasmé par les premiers résultats, l'auteur passe à la vitesse supérieure en explorant d'autres moyens de réduire sa consommation, notamment le troc à travers les réseaux SEL. Il guette les sorties culturelles gratuites, résilie ses divers abonnements et annule ses prélèvements automatiques, rend sa carte de crédit et demande la réduction de son découvert autorisé à une banquière ahurie, cesse de fréquenter les hypermarchés pour se tourner vers les petits producteurs, et réussit même une fois à passer 16 jours sans acheter quoi que ce soit, fût-ce une baguette de pain. Il touche aux limites de son expérience lorsqu'il tente de bannir les marques de sa vie: d'abord en arrachant ou en recouvrant tous les logos présents dans son logement, puis en cessant d'en utiliser le nom. Imaginer la tête de la caissière du MacDo quand il lui demande "un soda goût caramel allégé", ou celle de son fils à qui il réclame de lui apporter "des notes repositionnables" est assez savoureux.

Mais alors qu'il s'efforce de modifier ses comportements d'achat en profondeur, il se heurte à l'incompréhension de son entourage. Si sa compagne adhère plus ou moins à ses idées, son fils est trop jeune pour en comprendre l'intérêt, et il peine à comprendre pourquoi la télé du salon tombée en panne ne va pas être remplacée immédiatement (au final, elle ne le sera pas du tout, et il s'y habituera très bien). Le pire, toutefois, ce sont les amis, dont la plupart commencent par ricaner ou se montrer sceptiques avant de finir par traiter l'auteur de radin, voire de parasite. Frédéric Mars ne le cache pas: durant cette année, il développe beaucoup de recul par rapport à la société de consommation, mais sa vie sociale en pâtit sérieusement... et au final, il se rend compte qu'à moins de devenir un vrai marginal, il est impossible d'échapper complètement à la pression ambiante à acheter toujours plus. Un récit édifiant. 

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