"Enfoiré. On hérite ensemble d'un magnifique manoir à la campagne et il préfère le vendre plutôt que le partager. Si Bonne-Maman n'était pas complètement gaga, elle en mourrait de tristesse...
Je comprends tout mais je fais semblant. C'est beaucoup plus simple. Je suis lasse des déceptions de ce monde, jaime mieux sucrer les fraises en attendant de rejoindre Bon-Papa...
Voilà dix ans que j'attends son arrivée, je nous ai trouvé un petit nuage, je crois qu'elle va l'adorer. C'est drôle de regarder les vaches d'aussi haut, on dirait des fourmis...
Je donnerais tous mes veaux pour être une fourmi. Elles travaillent beaucoup plus que nous mais elles doivent beaucoup moins s'emmerder. Encore quarante minutes avant de voir passer l'omnibus pour Clermont-Ferrand, les autres trains vont trop vite, on n'a plus le temps d'apercevoir les passagers aux fenêtres...
Que c'est beau la France! On dira ce qu'on voudra, c'est beau. J'en parlerais volontiers avec mon voisin, mais il a l'air complètement envoûté par son téléphone...
Je n'arrive pas à vaincre le monstre du cinquième niveau. J'ai essayé tout le week-end, il est imbattable! Ce jeu est trop difficile pour moi, je ne comprends pas comment mon filleul a réussi à le terminer...
Il faut utiliser les trois bazookas à la fois, pile au moment où il saute en arrière. J'ai mis un peu de temps mais j'ai trouvé. Je n'ai plus personne contre qui me battre maintenant, vivement que ma belle-mère accouche..."
Pendant 120 pages, Régis de Sa Moreira saute ainsi des pensées d'un personnage à un autre. En quelques lignes à peine, il brosse un portrait éphémère tantôt drôle, banal, joyeux ou poignant. Dans son cinquième livre se croisent des amoureux et des époux désabusés, des enfants à naître et des vieillards morts, Julia Roberts et Harrison Ford, des chats et des ours, et puis une caissière, une végétarienne, une blogueuse et un assassin. Enchaînement de brèves tranches de vie hyper-réalistes ou éminemment farfelues, dont certains donnent le sourire et d'autres font froid dans le dos, "La vie" est moins un roman qu'une expérience littéraire savoureuse. En le refermant, j'avais envie de prendre la plume pour continuer à en dérouler le fil.