Par une belle journée d'été, un groupe composé d'un moniteur, d'un jeune couple et d'une famille avec deux enfants effectue une descente en canyoning. Pour Juliette, c'est l'occasion de se retrouver seule face à elle-même et de s'interroger sur sa relation avec Luis, dont elle ne supporte plus l'immobilisme...
On ne peut pas dire que le sujet de "En silence" m'attirait énormément à la base. J'ai horreur de l'eau, et je défunterais de trouille si je devais me lancer dans des rapides simplement protégée par une combinaison en néoprène. Les passages où Juliette, séparée du groupe, se retrouve coincée dans des grottes inondées, voire dans des passages si étroits qu'elle n'est pas sûre d'arriver au bout avant de se noyer, représentent un de mes pires cauchemars.
Pourtant, j'ai beaucoup aimé ce premier album d'Audrey Spiry. D'abord pour son graphisme étonnant, ses explosions de couleurs que ne délimite aucun trait noir, sa représentation de l'eau dont elle fait une créature parfois joueuse et gourmande, parfois sombre et inquiétante. Sur le plan visuel, "En silence" est une pure merveille, au point que j'ai mis plusieurs dizaines de pages à m'arracher suffisamment à ma fascination pour en apprécier aussi le scénario. Et il le mérite, car la descente du canyon reflète avec une grande force symbolique le cheminement intérieur de Juliette, obligée de plonger en elle-même pour y trouver la vérité qu'elle n'a pas envie de voir. Le contraste entre la vivacité du dessin et la subtilité du propos est assez saisissant. Un album à savourer d'urgence, et une auteure à suivre.
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