Quand Sulfia, sa fille unique si laide et si terne, lui annonce qu'elle est enceinte par l'opération du Saint-Esprit, Rosalinda ne pense d'abord qu'à éliminer l'enfant à naître. Malgré tous ses efforts, Aminat paraît, et Rosalinda conçoit immédiatement pour elle un amour violent et exclusif, au point de tenter d'évincer Sulfia. Son mari la quitte? Elle s'en moque: c'était un bon à rien qui ne lui manquera pas. Alors que la pénurie fait rage dans l'URSS des années 80, Rosalinda se démène pour qu'Aminat soit bien élevée et ne manque de rien. Un jour, elle se rend compte que dans l'intérêt de l'enfant, elle doit trouver un moyen de leur faire quitter le pays... coûte que coûte.
Quel personnage que Rosalinda! La narratrice de "Cuisine tatare et descendance" est un véritable tyran domestique. Elle a toujours raison, les autres ne sont que des cancrelats à côté d'une femme aussi belle et intelligente qu'elle. La façon dont elle vante sans cesse ses propres mérites tout en rabaissant son entourage fait hésiter le lecteur entre la stupéfaction, le rire et le doute - et si, dans le fond, Rosalinda n'était pas un monstre d'égoïsme mais une femme pragmatique convaincue que la fin justifie les moyens, et qui fait de son mieux pour s'en sortir dans des circonstances difficiles? Même si l'on est horrifié par la manière dont elle manipule ses proches, on ne peut s'empêcher d'admirer sa volonté de fer... et de dévorer son histoire d'une traite pour savoir comme elle finira. Bien écrit et bien traduit de l'allemand, "Cuisine tatare et descendance" donne à l'immigration le visage d'une femme hors du commun.
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