dimanche 28 octobre 2018

"Words of deep blue" (Cath Crowley)


Juste avant de déménager, Rachel a écrit à son meilleur ami Henry pour lui avouer qu'elle l'aimait. Pourtant, il n'est jamais venu lui dire au revoir. Alors, pendant les 3 années qui ont suivi, Rachel a ignoré toutes ses tentatives de contact. Mais aujourd'hui, elle revient dans leur ville natale complètement transformée: son frère Cal s'est noyé dix mois plus tôt; elle a raté sa dernière année de lycée et ne parvient pas à sortir de sa dépression. Elle n'a aucune envie de revoir Henry. Malheureusement pour elle, c'est dans la librairie d'occasion des parents de celui-ci que sa tante lui a trouvé un petit boulot. Howling Books est un lieu bien particulier, notamment grâce à sa Bibliothèque des Lettres: un coin dans le fond du magasin où les livres ne sont pas à vendre, mais à annoter et à utiliser pour correspondre avec des gens vivants ou morts... 

Vive les recommandations de Good Reads! Sans elles, je ne serais probablement jamais tombée sur ce roman non traduit en français d'une autrice jeunesse australienne inconnue de moi. Alors que c'est une pépite, et que je l'ai dévoré quasiment d'un trait - achevant sa lecture dans un café où j'ai dû baisser la tête pour renifler discrètement dans ma tasse de thé vide depuis belle lurette. J'ai adoré le concept de la Bibliothèque des Lettres, dont Cath Crowley fait un usage astucieux autant qu'émouvant. Je me suis attachée aux héros adolescents: Rachel incapable de surmonter son chagrin, Henry tiraillé entre des aspirations contradictoires, sa petite soeur George, goth farouche à la langue bien pendue, Martin, le geek populaire qui veut absolument gagner son amitié, Lola, bassiste-compositrice lesbienne dont le bon sens ne s'applique qu'à la vie des autres... Bien sûr, j'ai cordialement détesté Amy, la belle gosse qui mène Henry par le bout du nez, et son nouveau petit ami Greg, archétype de la brute sans cervelle. 

En principe, je ne suis pas une grande fan des histoires d'amour, surtout adolescentes. Ici, j'ai été touchée par celle qui se noue entre George et son correspondant anonyme. Zéro surprise du côté de Rachel et Henry; ce qui m'a intéressée chez eux, c'est leurs problématiques individuelles, la situation sans espoir à laquelle chacun d'eux doit faire face. Rachel ne se remet pas de la mort de son frère. Elle ne parvient plus à approcher de l'océan qu'elle aimait tant et, alors qu'elle a toujours été passionnée par les sciences, a renoncé à son rêve de devenir biologiste marin. Quant à Henry, il se retrouve dans la situation impossible de décider si Howling Books, qui ne rapporte plus assez d'argent pour faire vivre sa famille, doit être vendu ou non: sa mère est pour, son père contre et sa soeur a décidé de se ranger à son avis. Henry est un amoureux des livres qui n'a jamais aspiré à rien d'autre qu'à vivre parmi eux, mais n'est-ce pas justement ce manque d'ambition et cet horizon minuscule qui ont fait fuir Amy? Les discussions entre lui et Rachel, grande pragmatique qui soutient que les mots n'ont aucun pouvoir véritable, devraient trouver écho chez tous les amoureux de littérature. Vous l'aurez compris: "Words in deep blue" est mon coup de coeur du mois!

2 commentaires:

  1. Je viens d'apprendre qu'il allait être publié en français chez PKJ en 2019 ! Décidément, tu as le nez creux pour les publications de cet éditeur ^^

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