Le père de Ryôsuke s'est suicidé quand il était petit. Depuis, ce jeune homme de 28 ans traîne un mal-être indéfinissable qui menace souvent de le submerger. Un jour, il répond à une petite annonce pour aller faire des travaux de terrassement sur Aburi, une île rocheuse desservie par un seul ferry hebdomadaire et sur laquelle il n'y a pas de réseau. Deux autres jeunes gens ont été embauchés avec lui, et tous trois se heurtent très vite à l'hostilité des habitants gouvernés d'une main de fer par un homme que tout le monde appelle le Président. Malgré des conditions de vie difficiles, Ryôsuke est étrangement séduit par Aburi, sa nature sauvage et les chèvres qui la peuplent. Au point qu'il décide de reprendre à son compte le rêve de son père en s'essayant à la fabrication de fromage...
J'avais beaucoup aimé le précédent roman de l'auteur, "Les délices de Tokyo", qui a connu un gros succès de librairie et fait l'objet d'une adaptation cinématographique très réussie. Ici aussi, Durian Sukegawa met en scène un héros à l'aube de la trentaine qui cherche sa voie et qui finit par la trouver dans la préparation d'un aliment. La ressemblance s'arrête ici. "Le rêve de Ryôsuke" se déroule sur une île presque oubliée par le temps, où la technologie est réduite au minimum, où les gens entretiennent des coutumes archaïques et où seules la chasse et la pêche permettent de se nourrir au quotidien. Ryôsuke, qui s'est vite attaché aux chèvres, a beaucoup de mal à accepter la nécessité d'en tuer certaines, et encore plus de mal à le faire lui-même. Sa confrontation avec une nature primitive va le réconcilier avec son passé et tracer pour lui l'ébauche d'un chemin de vie. Un beau roman contemplatif et intimiste.
Traduction de Myriam Dartois-Ako
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