dimanche 24 juin 2018

"Le jardin des bonheurs égarés" (Tor Udall)


Professeur de musique, Jonah ne se remet pas du décès de sa femme dans un accident de voiture. Audrey voulait désespérément un enfant; elle avait enchaîné trois fausses couches, et il la savait dépressive. Peut-être s'est-elle suicidée? Hanté par son souvenir, Jonah passe de longues heures dans les jardins botaniques de Kew qu'Audrey aimait tant. Il y rencontre Chloé, une artiste spécialisée dans l'origami qu'un lien douloureux attache elle aussi à cet endroit. Leurs trajectoires vont croiser celles d'Harry, jardinier dévoué qui vit depuis longtemps à l'écart du monde, et de Milly, l'étrange fillette qu'il a recueillie...

Voilà un livre dont il est très difficile de parler, à la fois pour ne pas déflorer son intrigue et parce qu'il ne ressemble à aucun autre. Tor Udall, qui signe ici son premier roman, déploie une prose incroyablement maîtrisée et poétique, un vrai régal de bout en bout. Elle fait évoluer des personnages rongés par la perte dans une atmosphère paradoxalement très sereine. L'histoire se déroule avec une telle lenteur qu'elle semble parfois faire du sur-place. En réalité, il se passe mille choses sous sa surface; mille détails esquissent la personnalité et le passé des protagonistes, guidant le lecteur vers une révélation que j'ai déjà souvent vu utilisée en littérature, mais jamais de manière aussi subtile et naturelle. "Le jardin des bonheurs égarés" ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais sa beauté lancinante m'a totalement ensorcelée (et donné très envie de retourner à Kew).

Traduction de Claire Desserrey

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