"Responsable de l'augmentation de 100% du noyau familial en moins de deux ans, Euridice décida de se désinvestir de l'aspect physique de ses devoirs matrimoniaux. Comme il était impossible de faire entendre raison à Antenor, elle se fit comprendre par les kilos qu'elle accumula. C'est vrai, les kilos parlent, les kilos crient et exigent: "Ne me touche plus jamais". Euridice faisait durer le café du matin jusqu'au petit déjeuner de dix heures, le déjeuner jusqu'au goûter de quatre heures, et le dîner jusqu'au souper de neuf heures. Euridice gagna trois mentons. Constatant qu'elle avait atteint cette ligne à partir de laquelle son mari ne s'approcherait plus d'elle, elle adopta à nouveau un régime alimentaire sain."
Pas facile d'être une femme trop douée dans le Brésil des années 50. Enfant, la petite Euridice est brimée par une institutrice que son intelligence agace. Elle se met à la flûte, manifeste de grands dons de musicienne et se voit offrir d'étudier avec le meilleur professeur: ses parents étouffent ses rêves dans l'oeuf car la seule chose qu'ils souhaitent pour elle, c'est un époux décent. Une fois mère de famille, Euridice s'ennuie rapidement à la maison. Elle commence par inventer des recettes extraordinaires qu'elle rassemble dans un cahier en vue de les publier, mais les ricanements de son mari lui font docilement remiser ses espoirs. La fois suivante, c'est à la couture qu'elle s'attelle avec passion et talent. Elle en est arrivée à fournir en vêtements toutes les femmes de son quartier, et à devoir déléguer une partie de sa production, lorsqu'Antenor découvre son entreprise clandestine et lui interdit de continuer...
Il y aurait de quoi pleurer sur le sort d'Euridice et de toutes les femmes injustement bridées, forcées de rentrer dans un moule qui ne leur convient pas à travers le monde et les époques. Mais dans son premier roman, Martha Batalha choisit d'adopter un ton humoristique et résolument optimiste. Pendant qu'Euridice s'efforce de résister en secret, sa soeur aînée Guida, dans une situation personnelle beaucoup plus difficile, fait des pieds et des mains pour s'en sortir au mépris des conventions. Quant aux hommes, ils n'apparaissent pas sous leur meilleur jour: conformistes, lâches et lubriques, ils sont au mieux des obstacles à contourner. Joliment ironique et très bien traduit du portugais, "Les mille talents d'Eurídice Gusmão" m'a fait l'effet d'un smoothie vitaminé.
Il y aurait de quoi pleurer sur le sort d'Euridice et de toutes les femmes injustement bridées, forcées de rentrer dans un moule qui ne leur convient pas à travers le monde et les époques. Mais dans son premier roman, Martha Batalha choisit d'adopter un ton humoristique et résolument optimiste. Pendant qu'Euridice s'efforce de résister en secret, sa soeur aînée Guida, dans une situation personnelle beaucoup plus difficile, fait des pieds et des mains pour s'en sortir au mépris des conventions. Quant aux hommes, ils n'apparaissent pas sous leur meilleur jour: conformistes, lâches et lubriques, ils sont au mieux des obstacles à contourner. Joliment ironique et très bien traduit du portugais, "Les mille talents d'Eurídice Gusmão" m'a fait l'effet d'un smoothie vitaminé.
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