En Louisiane, tout le monde croit aux esprits. Lanesha, elle, a le don de les voir.
"Tu es comme moi, ma chérie, tu as un don de double vue", lui a expliqué Mama Ya-Ya, la sale-femme qui l'a recueillie à sa naissance.
Mama Ya-Ya savait qu'un ouragan approchait, bien avant que la radio et la télévision n'en parlent.
Les dégâts seront incommensurables, répète le présentateur. Tous les habitants de La Nouvelle-Orléans doivent quitter la ville.
Mama Ya-Ya est très âgée et ne possède pas de voiture, alors Lanesha a fait des provisions d'eau et de nourriture et cloué des planches sur les fenêtres. Elle ne sait pas ce qui l'attend, mais elle se prépare de toutes ses forces à survivre.
Avec TaShon, le fils des voisins, avec le chien Spot qu'ils viennent d'adopter ensemble.
Avec le fantôme silencieux de sa mère, qui est venu pour l'aider.
Avec l'amour de Mama Ya-Ya, qui est incommensurable.
C'est décidément de la littérature jeunesse que seront venus mes plus belles surprises en cette fin d'année.
Dans le District Neuf, un des quartiers les plus pauvres de la Nouvelle-Orléans (et de ceux qui ont le plus souffert du passage de l'ouragan Katrina), Lanesha est une orpheline de douze ans, rejetée par la famille riche de sa mère et élevée par une vieille femme qui voit des signes partout. Bonne élève, elle veut devenir ingénieure pour construire des ponts. Elle n'a pas d'amis, ni de beaux vêtements ou de jouets coûteux, mais jette un regard curieux et émerveillé sur tout ce qui l'entoure. C'est une héroïne touchante, pleine de volonté et d'espoir en toutes circonstances. Sa relation avec Mama Ya-Ya est magnifique, et le fait de voir les esprits lui confère beaucoup de sagesse et de sérénité par rapport à la mort.
Bien qu'a priori destiné aux 9-11 ans, "Avant l'ouragan" m'a remuée de la meilleure des façons avec son message positif et l'extraordinaire élan de vie qui le traverse de bout en bout. Je le recommande sans aucune modération, aux petits comme aux grands.
"- La météo annonce une grosse tempête, peut-être un ouragan. Qu'est-ce que j'avais dit? dit Mama Ya-Ya en éteignant le feu sous une casserole. Je le sentais. J'ai vu les oiseaux quitter leurs arbres, j'ai vu que l'eau mettait du temps à bouillir. Rentre tout de suite après les cours, Lanesha. Je vais avoir besoin de toi pour acheter des réserves. Du lait, du pain, du riz, des haricots et des bouteilles d'eau.
- Tu crois que ce sera un autre Betsy?
Avant ma naissance, l'ouragan Betsy a ravagé La Nouvelle-Orléans. J'ai vu des images d'archive au journal télévisé. Les gens n'avaient même plus d'eau potable ni de nourriture. Mama Ya-Ya nous veut prêtes à toute éventualité.
Spot s'assied et mendie auprès de Mama Ya-Ya. Il a déjà eu son petit déjeuner mais elle lui donne un morceau de pain grillé, puis dépose une assiette devant moi. Fascinée par les couleurs vives de l'oeuf retourné, je perce le jaune et observe la rivière baveuse qui tourbillonne, puis l'arrose de sauce piquante rouge."
"Au déjeuner, je mange un sandwich au thon et un jus de pomme à ma table. Je l'appelle "ma table" car personne ne vient se joindre à moi. Cependant, à l'inverse de TaShon, je n'essaie pas d'être invisible. Je suis installée au beau milieu de la cantine. Je n'ai pas honte de moi-même. En cours, c'est la même histoire: mes camarades m'évitent comme la peste. Dans mon ancienne école, lorsque les professeurs obligeaient un élève à se mettre à côté de moi, il se mettait à hurler: "Je ne veux pas, je ne veux pas!".
Mes professeurs, croyant voir que la situation ne me dérangeait pas, ont fini par laisser tomber. En réalité, l'attitude de mes camarades me blesse, mais par fierté, je n'en montre rien. Au déjeuner, je lis; en classe, je me concentre sur le professeur et le tableau. J'efface de mon champ de vision les élèves et préfère imaginer que ce sont des fantômes, eux aussi."
Dans le District Neuf, un des quartiers les plus pauvres de la Nouvelle-Orléans (et de ceux qui ont le plus souffert du passage de l'ouragan Katrina), Lanesha est une orpheline de douze ans, rejetée par la famille riche de sa mère et élevée par une vieille femme qui voit des signes partout. Bonne élève, elle veut devenir ingénieure pour construire des ponts. Elle n'a pas d'amis, ni de beaux vêtements ou de jouets coûteux, mais jette un regard curieux et émerveillé sur tout ce qui l'entoure. C'est une héroïne touchante, pleine de volonté et d'espoir en toutes circonstances. Sa relation avec Mama Ya-Ya est magnifique, et le fait de voir les esprits lui confère beaucoup de sagesse et de sérénité par rapport à la mort.
Bien qu'a priori destiné aux 9-11 ans, "Avant l'ouragan" m'a remuée de la meilleure des façons avec son message positif et l'extraordinaire élan de vie qui le traverse de bout en bout. Je le recommande sans aucune modération, aux petits comme aux grands.
"- La météo annonce une grosse tempête, peut-être un ouragan. Qu'est-ce que j'avais dit? dit Mama Ya-Ya en éteignant le feu sous une casserole. Je le sentais. J'ai vu les oiseaux quitter leurs arbres, j'ai vu que l'eau mettait du temps à bouillir. Rentre tout de suite après les cours, Lanesha. Je vais avoir besoin de toi pour acheter des réserves. Du lait, du pain, du riz, des haricots et des bouteilles d'eau.
- Tu crois que ce sera un autre Betsy?
Avant ma naissance, l'ouragan Betsy a ravagé La Nouvelle-Orléans. J'ai vu des images d'archive au journal télévisé. Les gens n'avaient même plus d'eau potable ni de nourriture. Mama Ya-Ya nous veut prêtes à toute éventualité.
Spot s'assied et mendie auprès de Mama Ya-Ya. Il a déjà eu son petit déjeuner mais elle lui donne un morceau de pain grillé, puis dépose une assiette devant moi. Fascinée par les couleurs vives de l'oeuf retourné, je perce le jaune et observe la rivière baveuse qui tourbillonne, puis l'arrose de sauce piquante rouge."
"Au déjeuner, je mange un sandwich au thon et un jus de pomme à ma table. Je l'appelle "ma table" car personne ne vient se joindre à moi. Cependant, à l'inverse de TaShon, je n'essaie pas d'être invisible. Je suis installée au beau milieu de la cantine. Je n'ai pas honte de moi-même. En cours, c'est la même histoire: mes camarades m'évitent comme la peste. Dans mon ancienne école, lorsque les professeurs obligeaient un élève à se mettre à côté de moi, il se mettait à hurler: "Je ne veux pas, je ne veux pas!".
Mes professeurs, croyant voir que la situation ne me dérangeait pas, ont fini par laisser tomber. En réalité, l'attitude de mes camarades me blesse, mais par fierté, je n'en montre rien. Au déjeuner, je lis; en classe, je me concentre sur le professeur et le tableau. J'efface de mon champ de vision les élèves et préfère imaginer que ce sont des fantômes, eux aussi."
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