vendredi 8 mai 2015

"PopCo"


Alice Butler, ex-créatrice de mots croisés, travaille désormais comme créatrice chez PopCo, le 3ème plus grand fabricant de jouets mondial. C'est une jeune femme solitaire et résolument anti-modes, qui évite ses collègues jusqu'au jour où tous sont conviés à un séminaire dans un somptueux manoir perdu au milieu des landes anglaises. Tandis qu'Alice travaille sur un projet hyper-secret visant à inventer le produit ultime pour le marché des adolescentes, elle commence à recevoir des messages codés qui font ressurgir ses souvenirs d'enfance. Son grand-père, cryptanalyste génial, avait trouvé la clé d'une énigme irrésolue depuis des siècles et, refusant de la dévoiler au grand public, en avait gravé la solution sur un collier qu'Alice porte autour du cou depuis l'âge de dix ans...

Autant vous prévenir tout de suite: je suis fan de Scarlett Thomas. J'ai lu tous ses romans à l'exception de la trilogie Lily Pascale, et si j'ai refermé la plupart d'entre eux avec un sentiment de grande frustration, je les ai tous trouvés intelligents et provocants, voire carrément brillants. Pour une raison que je m'explique mal, "PopCo", paru en 2004, avait jusqu'ici échappé à mon attention - une lacune à laquelle une visite chez Pêle-Mêle s'est chargée de remédier. Hourra pour les bouquineries! Car j'ai adoré "PopCo", bien plus encore que "The end of Mr. Y"

Il faut dire que même s'il n'est pas exempt de défauts, il cumule un nombre incroyable d'éléments qui ne pouvaient que me plaire. Les récits parallèles dans le présent adulte d'Alice et dans son enfance d'orpheline entourée de mystères. La place centrale de la cryptographie dans l'intrigue. L'héroïne en retrait de ses pairs, qui peine à s'intégrer du temps de son adolescence et finit par en faire un choix de vie. Le manifeste anti-capitaliste et pro-veganisme féroce, qui pouvait sembler naïf voire vaguement illuminé quand le livre a été écrit, mais qui prend des allures prophétiques aujourd'hui. La révolution proposée à la fin, que je ne veux pas spoiler mais à laquelle j'adhère totalement. Je trouve d'ailleurs qu'il y aurait matière à écrire, non pas une suite directe avec Alice comme héroïne (son histoire personnelle trouve une conclusion très satisfaisante, pour une fois!), mais un roman qui exploiterait cette idée à fond.

Alors, bon, c'est vrai qu'il ne se passe pas grand-chose: "PopCo" n'est pas un roman d'action et encore moins un thriller, comme la quatrième de couverture pourrait le laisser penser, mais plutôt un roman initiatique durant lequel on voit se former l'identité d'une jeune femme un peu à part et éclore ce qui deviendra sa philosophie de vie. Je pense que ça pourrait rebuter pas mal de lecteurs potentiels. Moi, ça m'a captivée d'un bout à l'autre. 

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