lundi 24 octobre 2011

"Des vies d'oiseaux"



J'avais lu d'excellentes critiques sur les romans précédents de Véronique Ovaldé, notamment "Et mon coeur transparent" et "Ce que je sais de Vera Candida", sans jamais avoir l'occasion de me pencher sur son travail. Quand j'ai eu vent de l'opération "Les matchs de la rentrée littéraire" organisée par Price Minister, c'est donc tout naturellement que j'ai choisi "Des vies d'oiseaux" comme roman à lire et à chroniquer, parmi une liste ne contenant par ailleurs que des titres qui ne m'inspiraient pas.

Vida Izzara s'ennuie à mourir dans sa somptueuse villa depuis que sa fille Paloma, en rébellion contre son père et contre leur mode de vie bourgeois, s'en est allée avec un beau garçon un peu inquiétant. Ensemble, ils squattent des demeures de riches dont les propriétaires sont momentanément absents. L'inspecteur Taïbo, appelé à enquêter sur cette affaire de cambriolages sans butin, va ramener Vida à l'endroit sordide où elle est née et a grandi. Il va peut-être, aussi, l'arracher à son apathie et la ramener à elle-même...

Dès les premières lignes, j'ai été choquée par l'utilisation du passé composé comme temps principal de narration - avec parfois une bascule brève et, semble-t-il, totalement arbitraire vers le présent ("Paloma et Chili se sont rencontrées à l'école Santa Teresa de Sonora. Elles ont à l'époque dix ans..."). Puis j'ai commencé à tiquer sur l'utilisation farfelue de la ponctuation: pas de point d'interrogation à la fin d'une question sur deux, virgules absentes là où il en aurait fallu, virgules remplaçant des points en de nombreux endroits et donnant, au final, des phrases interminables (dont une qui va du milieu de la page 117 au milieu de la page 121, si si)...

Je ne suis pas contre le fait de jouer avec les conventions de l'écriture. Les abus de digressions entre parenthèses sont la marque de fabrique d'un Philippe Jaenada, qui les maîtrise parfaitement. Les longues phrases heurtées passent très bien chez Lola Lafon, parce qu'elles retranscrivent l'ardeur impérieuse qui habite l'auteur. Mais ici, les libertés que prend Véronique Ovaldé ressemblent moins à la patte singulière d'un écrivain qu'à un manque d'efforts pour soigner son style. Je ne dis pas que c'est le cas, je dis juste que c'est l'impression que j'ai eue: celle de lire un roman à la rédaction bâclée.

Quant à l'histoire elle-même... Malgré des descriptions très brèves, j'ai trouvé que l'atmosphère de ce pays anonyme (et peut-être imaginaire) d'Amérique du Sud était fort bien rendue. J'ai vu la colline Dollars avec ses maisons de riches semblables à des bunkers, vu le bord de mer accablé par la chaleur en été et déserté en hiver, vu le territoire pauvre et sauvage d'Irigoy prendre vie sous mes yeux, et cela m'a paru être l'élément le plus intéressant de ces "vies d'oiseaux".

En revanche, je me suis peu attachée aux personnages qui sont restés à mes yeux des silhouettes de carton s'agitant dans un film muet. La faute, sûrement, à la rareté des dialogues qui auraient permis de leur donner une voix et une présence. Là, j'avais l'impression de les observer de loin - trop loin pour me soucier réellement d'eux. Je comprendrais que d'autres gens apprécient ce livre, qui n'est pas sans qualités, mais personnellement je suis restée sourde et aveugle à ses charmes.


les matchs de la rentrée littéraire

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