"Quelque part dans l'Ain, un train est immobilisé en pleine campagne. Deux octogénaires de la maison de retraite voisine viennent de se précipiter ensemble sous ses roues. Ils venaient pourtant de fêter, dans la joie, leur 50ème anniversaire de mariage. Cinquante années, de De Gaulle à nos jours, à tenir à deux ce petit bistrot d'habitués avant de profiter de leur retraite. Inspiré d'une histoire vraie, "Pour la vie" raconte le parcours de ce couple qui a décidé de disparaître ensemble par amour. Parce qu'ils ne voulaient pas que la mort puisse un jour les séparer et condamner l'un d'entre eux à la solitude."
Présenté comme ça, je sais: ça n'a pas l'air très gai. D'ailleurs, les dessins en noir et blanc "sali" de Claudio Stassi n'ont rien de particulièrement joyeux. Pourtant, si j'ai écrasé une larme à la fin de "Pour la vie", c'était une larme d'émotion et non de tristesse. Parce que l'amour qui lie Fernand et Edith est juste magnifique. Qui a dit qu'on ne pouvait pas faire de l'art avec des bons sentiments, et encore moins avec des gens ordinaires à qui il n'arrive rien? Car c'est une vie des plus banales que Jacky Goupil met en scène par d'habiles flashbacks, la vie d'un couple de Français modestes à qui la nature comme l'administration refuseront toujours un enfant. Il ne leur reste plus qu'à travailler dur, aider leur prochain chaque fois qu'ils le pourront et s'aimer très fort. Voyager à travers le monde, une fois la retraite arrivée. Et puis aller finir leurs jours aux Coquelicots, entourés d'autres vieillards hauts en couleur et d'employés qui portent une sincère affection à leurs pensionnaires. Jusqu'à ce qu'un malaise de Fernand fasse redouter à Edith qu'il parte sans elle...
Chronique en filigrane de la vie d'un couple de Français moyens pendant la seconde moitié du XXème siècle, "Pour la vie" est surtout une bédé romantique au sens le moins mièvre du terme, et la chose la plus touchante que j'aie lue depuis longtemps.
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