mercredi 25 novembre 2009

"Lorsque nous vivions ensemble" Vol. 1


Intriguée par l'épaisseur de ce manga et par la petite étiquette "Coup de coeur" qu'y avait collée un des employés de Brüsel, je l'ai feuilleté peu de temps après sa parution. Et trouvant le dessin franchement daté (pour cause: l'édition originale date de 1972!), je l'ai reposé aussitôt.
Quelques semaines ou quelques mois plus tard, j'ai vu Miss Sunalee acheter le volume 2. "Tu trouves ça bien?" ai-je demandé, intriguée. Elle a acquiescé avec enthousiasme, et le week-end suivant, à l'occasion de mon passage chez Cook&Book avec Kris et Céline, j'ai fini par faire l'acquisition du premier volume.

"Lorsque nous vivions ensemble" raconte l'histoire de Jirô et Kyoko, un couple de jeunes gens qui, bien que non mariés, partagent un studio ensemble à Tokyo. Je m'attendais à un récit léger, fait de petites choses du quotidien narrées sur le ton de la comédie. Je n'aurais pas pu être davantage à côté de la plaque. Dès les premiers chapitres s'installe une atmosphère lourde, très lourde. Tout n'est pas rose au royaume de la cohabitation mal tolérée dans un Japon où la libération des moeurs reste encore embryonnaire. Et surtout, un tas de personnages secondaires inquiétants ou juste tragiques gravite autour des deux héros: ici, un prêtre mutilé se masturbe devant un tableau de Mona Lisa; là, un jeune garçon incestueux conserve précieusement le cadavre pourrissant de sa soeur; ailleurs, une fillette massacre des animaux domestiques.

Jirô et Kyoko demeurent pourtant assez intouchés par tous ces drames. Ils sont trop centrés sur leur relation et sur les difficultés de celle-ci pour se préoccuper vraiment de ce qui ne les concerne pas. Illustrateur free lance, Jirô peine à gagner sa vie et à trouver la stabilité requise pour fonder un ménage. Face à lui, Kyoko tantôt clame crânement qu'elle aime leur liberté, tantôt pleure de la précarité à laquelle cette situation les condamne. Leur relation est passionnée et tumultueuse; empreinte parfois de violence, parfois d'une tendresse poignante, elle déborde en toutes occasions d'une énergie sexuelle que rien ne parvient à éroder.

Quant au dessin, j'ai très vite oublié son aspect daté pour me pâmer devant le sens de la composition de Kazuo Kamimura et sa faculté à restituer une atmosphère. Bref, malgré ma perplexité initiale, j'ai adoré ce manga et vais de ce pas faire l'emplette de la suite.

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