mardi 24 novembre 2009

"Les larmes de Tarzan"


Après avoir adoré "Le mec de la tombe d'à côté" de Katarina Mazetti, je ne pouvais que me laisser tenter par son nouveau roman traduit en français - d'autant que, reprenant la recette du précédent avec de nouveaux ingrédients, il promettait ce tour de force que peu d'auteurs parviennent à accomplir: refaire pareil tout en faisant différent.

La recette, donc, c'est deux êtres que tout oppose et qui pourtant vont vivre une histoire d'amour compliquée, à la fois cocasse et touchante. Dans "Le mec de la tombe d'à côté", une jeune veuve intellectuelle et citadine jusqu'au bout des ongles craquait pour un agriculteur bien enraciné dans sa campagne. Ici, une mère célibataire, professeur d'arts plastiques à temps partiel et chroniquement fauchée, entremêle presque à son insu sa vie à celle d'un jeune loup plein aux as qui roule en Lamborghini, accumule les conquêtes et déteste les enfants saboteurs de sièges en cuir.

On retrouve le principe du récit à deux voix alternées (et même quatre, car les bambins interviennent de temps à autre pour faire part de leur point de vue), les héros hautement imparfaits et l'humour un peu grinçant des situations. Mais cette histoire-là possède aussi une dimension sociale indéniable à travers le personnage de Mariana, dite "Tarzan", qui n'a pas toujours de quoi payer sa facture de téléphone ou acheter à manger à ses enfants. Elle représente une catégorie de nouveaux pauvres invisibles, ceux qui ont un toit et un métier et qui pourtant se couchent parfois le ventre vide. On aurait pitié d'elle si Katarina Mazetti n'en faisait pas une femme si pragmatique et si pleine de ressources, dont un humour féroce n'est pas la moindre. A côté d'elle, Janne l'homme d'affaires bousculé dans sa vie et ses habitudes paraît un peu terne. Mais c'est le seul reproche que je ferais à ce très chouette bouquin.

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