mardi 3 juillet 2018

"Un petit carnet rouge" (Sofia Lundgren)


Au crépuscule de sa vie tumultueuse, Doris Alm, une Suédoise de 96 ans, décide de rédiger ses souvenirs pour l'unique famille qui lui reste: sa petite-nièce Jenny, qui vit aux USA. Pour ce faire, elle se base sur le carnet d'adresses que son père lui offrit autrefois et dans lequel elle a, au fil des ans, soigneusement barré le nom de ses connaissances au fur et à mesure que celles-ci décédaient...

Ce bouquin avait tout pour me plaire. L'histoire d'une femme forte et indépendante qui traverse le XXème siècle en s'expatriant plusieurs fois et en multipliant les rencontres; le petit carnet utilisé comme fil rouge et structure de la narration; un regard contemplatif et apaisé sur la fin de vie... Correctement employés, ces ingrédients pouvaient faire un vrai page turner. Hélas! La platitude du style de Sofia Lundgren n'a d'égale que la lourdeur des ficelles scénaristiques qu'elle emploie, des invraisemblances qu'elle multiplie et des poncifs dont elle abuse à longueur de chapitres. 

Mais le pire, c'est l'histoire d'amour qu'on nous vend comme merveilleuse et qui est un parfait exemple d'instalove, ce procédé insupportable selon lequel deux parfaits inconnus tombent amoureux au premier regard. Seules justifications à leur passion brûlante: l'homme "fait rire" la femme, et ils ne sont "jamais à court de sujets de conversation" (mais l'auteure se garde bien de donner le moindre exemple d'humour ou de préciser de quoi ils parlent ensemble). Ils filent le parfait amour pendant royalement quatre mois; puis le sort les sépare, et au lieu de passer à autre chose comme toute personne normalement constituée, ils continuent à soupirer l'un après l'autre pendant 70 ans. A ce stade, ce n'est plus du romantisme mais du gâtisme pur. Bref, après un démarrage prometteur, j'ai trouvé qu'"Un petit carnet rouge" s'envolait vers des sommets de ridicule. Ne faites pas comme moi: économisez 20€ et deux ou trois précieuses heures de vie en évitant de l'acheter. 

Traduction de Caroline Berg

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