"A dix heures, le premier client a passé la porte: "Les livres ne m'intéressent pas vraiment" fut suivi par "Laissez-moi vous dire ce que je pense de l'énergie nucléaire." A dix heures et demie, ma volonté de vivre n'était plus qu'un lointain souvenir."*
Comme son nom l'indique, "The diary of a bookseller" est le journal d'un libraire. Mais pas n'importe quel libraire: Shaun Bythell possède la plus grande bouquinerie d'Ecosse, située dans le petit village de Wigtown qui accueille chaque année un festival littéraire de renom au début de l'automne. Pendant un an, de février 2014 à février 2015, il a consigné les menus faits de son quotidien professionnel, notamment ses échanges avec les clients aux exigences outrancières ou farfelues, ainsi qu'avec sa vendeuse Nicky, excentrique Témoin de Jéhovah qui classe les livres de Darwin en fiction et se nourrit d'invendus récupérés dans la benne de la coopérative locale.
Shaun étant Médaille d'Or Olympique de sarcasme et ne se laissant jamais influencer dans ses réactions par ce que d'autres considèreraient comme le B.A. BA de la diplomatie commerçante, cela peut donner des dialogues totalement hilarants - mais aussi, parfois, d'autres où l'auteur semble manquer d'humanité. Sorti de son entourage proche, il s'intéresse si peu aux gens qu'il ne s'aperçoit pas qu'un de ses clients les plus fidèles souffre de la maladie d'Alzheimer, alors même qu'il consigne au fil des mois quantité de détails hurlants. Par ailleurs, son style est assez sec, et beaucoup d'informations dénuées d'intérêt pour le lecteur se répètent d'un jour sur l'autre ou d'une semaine sur l'autre. Ceci peut s'expliquer par le fait que son journal n'était, à la base, pas destiné à la publication - mais à la place de son éditeur, j'aurais expurgé les mentions les plus ennuyeuses.
Bref. Je ne voudrais pas donner l'impression que je n'ai pas aimé ce mémoire, car c'est tout le contraire. Les explications de Shaun sur la manière dont Amazon est en train de détruire le métier de libraire et dont il a dû s'adapter pour faire survivre son commerce sont hyper intéressantes. J'ai apprécié le récit en filigrane de la vie d'un petit village écossais, le passage des saisons et les fluctuations qu'elles engendrent. Je me suis imaginée fouillant pendant des heures dans cette immense bouquinerie dont les rayons recèlent des trésors. Des dizaines de fois, j'ai ri tout haut de la logique incompréhensible de Nicky ou d'une répartie particulièrement mordante de Shaun. En fait, je n'avais pas encore fini ma lecture que j'étais déjà abonnée à la page Facebook de The Book Shop, me demandais si je n'allais pas souscrire au Random Book Club, et inscrivais sur ma Bucket List qu'à mon prochain passage en Ecosse, je devrais absolument me rendre à Wigtown.
*traduction par mes soins, cet ouvrage n'étant pas disponible en français pour le moment.
Je crois que je vais me le faire offrir à Noel, mais dirais tu qu'il est simple d'un point de vue du vocabulaire ou il faut un anglais plus soutenu pour tout comprendre ?
RépondreSupprimerQuestion difficile... Je dirais que le vocabulaire est d'un niveau intermédiaire, et qu'il doit quand même falloir une assez bonne maîtrise de la la gue pour piger tout l'humour.
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