Jeanne a 43 ans, un mari épousé très jeune, des jumelles qui ont quitté la maison pour étudier dans la ville voisine de Lyon et un emploi de guichetière à la Poste. Elle aime savourer son macaron du mardi, regarder passer le train de 18h01 en imaginant la vie des gens à l'intérieur, guetter le renard qui vient parfois boire dans son jardin, monter à Dunkerque tous les ans pour les vacances d'été. Son existence routinière et plaisante lui convient parfaitement. Jusqu'au jour où un cadre se déroche de son mur, lui rappelant l'intérêt qu'elle portait autrefois à l'artiste slave Marina Abramović. Presque au même moment, Jeanne tombe par hasard sur son ancien amour de lycée, Martin, revenu dans la région pour restaurer une chapelle. Deux fenêtres s'ouvrent pour elle sur de nouveaux horizons, la poussant à s'interroger sur ses aspirations profondes et inavouées...
Si les narratrices de "Seule Venise", "Les déferlantes", "L'amour est une île" ou "Une part de ciel" se caractérisaient toutes par leur solitude, leur déracinement et leur perte de repères familiers, Jeanne est tout l'opposé: fermement attachée à la terre qui l'a vue naître et à sa famille paysanne toute proche, épouse et mère apparemment comblée qui trouve une forme de plénitude dans ses habitudes bien ancrées. Pourtant, elle aussi va tout remettre en cause: d'abord en se prenant de fascination pour une artiste aux performances extrêmes, parfois dérangeantes, qui interrogent son rapport à ses propres peurs; puis en renouant avec un homme très différent de son mari qui va aiguillonner sa soif nouvelle de culture et lui faire porter un regard critique sur l'amour solide mais prévisible qu'elle partage avec Rémy.
Comme toujours, Claudie Gallay s'attache à décrire dans un style très simple et avec beaucoup de minutie des choses apparemment anodines qui, mieux que n'importe quelle réflexion alambiquée, mettent en évidence la mécanique de l'âme de son héroïne. Pleine de pudeur, sa littérature du quotidien et de l'ordinaire est parfois traversée de formules fulgurantes comme "l'émerveillement de vivre ce que l'on a déjà commencé à perdre" ou "on cherche à se comporter au mieux devant l'inéluctable". "La beauté des jours" pourrait être une ode à la pleine conscience si cette expression ne semblait pas parfaitement déplacée dans l'univers sans affectation de Jeanne. C'est un roman qui parle des choix fondamentaux tapis dans chacun de nos gestes, parfois à notre insu et parfois de façon très délibérée. Un roman que, sans surprise, j'ai adoré.
Merci aux éditions Actes Sud pour cette lecture en avant-première!
J'avais adoré "Les déferlantes" et pas du tout aimé "Seule Venise"... Ta critique donne très envie de découvrir ce nouveau roman!
RépondreSupprimerMerci pour cette critique.
RépondreSupprimerDans le même genre, tu adorerais « À la recherche de Marie » de Madeleine Bourdhouxe : https://www.babelio.com/livres/Bourdouxhe-A-la-recherche-de-Marie/120307
C'est aussi chez Actes Sud.
Merci pour ce conseil!
SupprimerJ'adore cette auteur et j'ai hâte de découvrir celui-ci . Je sais que je peux te faire confiance ...... je vais le mettre sur ma liste de cadeaux .....
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