Du jour au lendemain, Pierre, 28 ans, a tout quitté pour aller s'installer à la campagne, dans une bicoque pleine de courants d'air en bordure de départementale. Tout, c'est-à-dire Paris, ses amis, le monde du mannequinat, sa thèse avortée sur Simone Weil... Dans ce coin très vert, un peu paumé, il soigne ses chiens, ramasse des vieilleries qu'il revend, s'occupe de son potager et se convainc qu'il a fait le bon choix en optant pour la décroissance. A ses heures perdues, il écoute en boucle les vieilles chansons tristes de Mouloudji et écrit la biographie de Rosa Bonheur, une peintre féministe du XIXème siècle. Mais quelle raison profonde a poussé ce jeune homme à la beauté féroce à se mettre ainsi en retrait du monde?
C'est par ses romans jeunesse que j'ai découvert Anne Percin, mais c'est avec ce roman très adulte qu'elle aura achevé de me conquérir. Introspectif et d'une intensité presque douloureuse, "Bonheur fantôme" dresse le portrait d'un être complexe tourmenté par ses démons et par un amour qui continue à le crucifier au-delà de tous ses renoncements. La description de sa vie solitaire et contemplative à la campagne m'a fait penser à du Thomas Vinau en plus âpre. Une belle plongée en eaux apparemment troubles mais, au bout du compte, d'une limpidité étonnante.
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