A la base, je suis une grande fan de Pénélope Bagieu. J'adorais le blog dans lequel elle mettait en scène son quotidien; j'ai eu l'occasion de la rencontrer plusieurs fois et je l'ai toujours trouvée sympa, sincère et pas prétentieuse du tout malgré son énorme succès. J'apprécie également ses prises de position contre le racisme dans la pub ou la pêche en eux profondes. Quand elle a commencé à publier de la fiction, j'ai beaucoup aimé "Cadavre Exquis", trouvé la série des "Joséphine" facile et assez creuse, râlé à cause l'absence de résolution à la fin de "La page blanche" (sur un scénario de Boulet) et carrément détesté "Stars of the stars" (sur un scénario de Sfar). Comme je la suis sur Twitter, j'avais vu passer les deux premiers chapitres de sa nouvelle bédé, "California Dreamin'", et n'accrochant ni au sujet: la biographie d'une chanteuse des années 60, ni aux dessins crayonnés qui me semblaient paresseux, j'avais décidé de faire l'impasse. Mais Chouchou, lui, était assez intéressé pour l'acheter, et puisqu'elle traînait sur la table de chevet voisine, j'ai quand même jeté un coup d'oeil à la bête.
Il ne m'a fallu que quelques chapitres pour me sentir complètement emballée. Je n'y connais pas grand-chose en graphisme, au fond, et ce qui m'était d'abord apparu comme des dessins pas vraiment finis s'est rapidement imposé comme un parti pris très riche et très maîtrisé, beaucoup plus abouti que tout ce que l'auteur avait fait avant. J'ai également adoré l'idée de présenter l'histoire d'Ellen Cohen, fille d'épiciers juifs dotée d'une voix sublime et animée par une passion pour la musique, à travers les yeux d'une personne différente de son entourage à chaque chapitre. Mais au fil des pages, mon enthousiasme est quelque peu retombé. Assez vite, le gimmick du narrateur extérieur cesse de fonctionner, parce que le narrateur en question n'a plus vraiment de point de vue propre; il n'est souvent qu'un témoin passif, une paire d'yeux totalement neutre. Du coup, le principe perd de son intérêt. Et à partir du moment où Ellen Cohen devient Cass Elliot, ses débuts de chanteuse traînent franchement en longueur. L'auteur choisit de se concentrer sur son besoin d'amour, son côté envahissant et les relations dysfonctionnelles au sein du groupe où elle s'est incrustée - soit. Mais du coup, la bédé se termine de façon fort abrupte avant qu'il ne se passe vraiment quelque chose. On entend à la radio que des jeunes filles idolâtrent Cass pour son talent et sa personnalité, mais jamais on n'a eu l'occasion de voir sa carrière décoller jusqu'à susciter ce type d'engouement. Au final, je trouve "California Dreamin'" très réussi du point de vue graphique, mais quelque peu insatisfaisant sur le plan de la narration.
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