mardi 6 août 2013

"La dernière conquête du major Pettigrew"


J'ai reçu ce roman en VO à l'occasion du swap bonne humeur, et la couverture (infiniment plus croquignolette que celle de la VF!) m'a donné envie de l'entamer tout de suite. Bien qu'il soit assez épais, je l'ai dévoré en l'espace de cinq jours - à la terrasse d'un café ou d'un resto, vautrée sur mon canapé ou sur mon balcon, voire le soir dans mon lit. Il m'a inspiré le cruel dilemme propre à tous les bouquins géniaux: l'engloutir tout rond, ou l'économiser pour faire durer le plaisir? Si je ne suis pas boulimique avec la nourriture, il en va tout autrement avec la littérature, et j'avoue que j'ai dû me discipliner pour, pendant ces cinq jours, poursuivre parallèlement une activité normale telle que bosser ou entretenir mon logis. 

Vous l'aurez compris, j'ai ADORE "La dernière conquête du major Pettigrew". 

Retraité de l'armée britannique et veuf depuis six ans, le major Pettigrew vit à Edgecombe St Mary, au coeur de la campagne anglaise. C'est un homme d'honneur, doté d'un sens aigu des convenances mais aussi d'un humour fin et cinglant. Bien qu'il joue au golf, jardine et chasse volontiers, il préfère maintenir une distance polie vis-à-vis du reste du monde, amis et voisins compris. Son fils Roger, devenu banquier à Londres, est l'archétype du métrosexuel flambeur et arrogant; aussi n'ont-ils pas grand-chose à se dire. Du coup, lorsqu'un coup de fil lui apprend la mort de son frère cadet Bertie, le major Pettigrew éprouve cruellement sa solitude d'homme vieillissant. Les circonstances et un amour commun de la lecture vont le rapprocher de Mme Ali, la veuve d'origine pakistanaise qui tient l'épicerie du village...

Le thème du premier amour ayant déjà été vu, revu et corrigé par de nombreux écrivains, il est rafraîchissant, pour une fois, de lire une histoire de dernier amour. D'autant que le roman d'Helen Simonson est loin de se limiter à la peinture d'une idylle naissante. Autour du major Pettigrew et de Mme Ali, l'auteur développe une belle galerie de personnages et d'intrigues secondaires qui donnent vie à la petite communauté si typiquement anglaise et provinciale d'Edgecombe St Mary.

Le rythme est plutôt lent, voire très lent, mais il permet de savourer la finesse souvent acide des portraits et de s'attacher à un héros improbable, droit mais pas rigide, fidèle défenseur des traditions mais capable d'une belle ouverture d'esprit. Derrière des situations qui flirtent souvent avec la pure comédie, Helen Simonson parle de racisme ordinaire avec une très grande intelligence. "La dernière conquète du major Pettigrew" est l'équivalent littéraire d'un délicieux high tea pris au coin du feu dans un canapé en cuir avachi juste ce qu'il faut. Il donne envie de louer un cottage anglais pour les prochaines vacances de la Toussaint, et aussi de se ruer sur le deuxième roman d'Helen Simonson sa parution. C'est simple: dans ma liste de lectures du trimestre en cours, je lui ai attribué cinq étoiles.

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