"Bree, Celia, April et Sally avaient quitté leurs chambres de bonne et emménagé à l'étage principal. Elles laissaient leurs portes ouvertes pendant la journée et criaient simplement pour se parler. Elles se vautraient sur les divans du salon après le repas du soi, se racontant des ragots et se lisant à voix haute des passages du New Yorker et de Vogue."
Elles se sont connues et aimés à l'université de Smith, haut lieu de la culture féministe. Le temps, le mariage, la vie d'adulte les ont séparées... jusqu'à la disparition de l'une d'entre elles. Face aux déceptions de l'existence, rien n'est plus précieux que les souvenirs et les amies des années de fac. Bree, Celia, April et Sally vont s'en rendre compte.
J'avais vu "Les débutantes" à la Fnac, et très honnêtement, sa quatrième de couverture ne m'avait pas fait envie. Les bandes de filles à l'amitié fusionnelle, la nostalgie des études supérieures sont deux sujets pour lesquels je n'éprouve aucun intérêt tant ils sont éloignés de mon propre vécu. Quant à l'entrée dans la vie adulte... la mienne remonte déjà à fort longtemps. Puis j'ai lu d'excellentes critiques sur ce premier roman de J. Courtney Sullivan, et je me suis dit que, peut-être, il ferait quand même une bonne lecture de vacances dans le genre léger et pas prise de tête.
Une bonne lecture de vacances? Oui, sans aucun doute, étant donné que j'ai dévoré ses 540 pages en moins de 48h. Pour ce qui est du genre léger, par contre... Une des filles a perdu sa mère juste avant d'entrer en fac. Une autre est rejetée par sa famille qui n'admet pas qu'elle ait une relation lesbienne. Une troisième a été abusée par un ami de sa mère quand elle avait treize ans, s'est retrouvée enceinte et a dû avorter. La dernière se fait violer par son cavalier d'un soir, hésite à considérer l'agression comme telle car elle n'a pas protesté suffisamment et se montre presque contente quand le garçon finit par la rappeler.
Bref, si le roman commence sur un ton relativement insouciant, ses héroïnes ne tardent pas à être confrontées à toutes sortes de drames. Dans la première partie, elles ont quitté la fac depuis 5 ans et s'apprêtent à se retrouver pour le mariage de l'une d'elles. En leur donnant la parole tour à tour, l'auteur nous raconte les circonstances de leur rencontre, la naissance de leur amitié, la parenthèse quasi enchantée de leur passage à Smith, puis leurs premiers pas hésitants dans la vie adulte. Les noces de Sally est l'occasion de montrer à quel point elles se sont éloignées les unes des autres - irrémédiablement, peut-être.
Mais au début de la seconde partie, April, devenue activiste féministe, disparaît brusquement, et les trois autres, qui se demandent chacune à sa façon si elles ne se sont pas fourvoyées dans leurs choix de vie, reforment instinctivement les rangs. Le roman prend alors un ton beaucoup plus grave, même si l'amitié y reste une source constante de lumière et de chaleur. La fin, où l'on apprend ce qui est arrivé à April, flirte avec le sordide à travers un problème de société typique de la culture patriarcale et généralement passé sous silence.
Plus sérieux qu'il n'y paraît au premier abord, "Les débutantes" pose d'excellentes questions sur la condition féminine. Il aura réussi à me surprendre jusqu'au bout.
Mais au début de la seconde partie, April, devenue activiste féministe, disparaît brusquement, et les trois autres, qui se demandent chacune à sa façon si elles ne se sont pas fourvoyées dans leurs choix de vie, reforment instinctivement les rangs. Le roman prend alors un ton beaucoup plus grave, même si l'amitié y reste une source constante de lumière et de chaleur. La fin, où l'on apprend ce qui est arrivé à April, flirte avec le sordide à travers un problème de société typique de la culture patriarcale et généralement passé sous silence.
Plus sérieux qu'il n'y paraît au premier abord, "Les débutantes" pose d'excellentes questions sur la condition féminine. Il aura réussi à me surprendre jusqu'au bout.
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