vendredi 30 juillet 2010

"The book of unholy mischief"


Pour me faire acheter un roman dont je n'ai même jamais entendu parler, il suffit de prononcer la formule magique "livre maudit", si possible accompagnée de précisions telles que: "contient un secret qui excite la convoitise de gens mal intentionnés" ou "laisse derrière lui un sillage de mort et de destruction". A ce stade, j'ai la bave aux lèvres et je trépigne pour filer ma carte bleue au libraire.

Voilà comment le premier roman d'Elle Newmark a atterri sur ma table de chevet. Situé dans la Venise du XVème siècle, il raconte l'histoire de Luciano, un jeune orphelin qui peine à vivre d'expédients. La tache de naissance sur son front lui vaut d'être recueilli par le chef cuisinier du palais des Doges. Mais à travers les recettes qui lui permettent de manipuler l'humeur des puissants, c'est un héritage bien vaste et bien dangereux que maître Ferrero se propose de transmettre à son protégé...

"The Book of Unholy Mischief" fait partie de ces romans qui ne sont pas des chef-d'oeuvre et dont on ne peut pourtant s'empêcher de tourner les pages pour connaître la suite. Le style de l'auteur est parfois laborieux; on la sent très appliquée notamment dans ses descriptions. C'est lorsqu'il s'agit de nourriture qu'elle semble le plus à l'aise, parvenant avec aisance à recréer l'atmosphère d'une cuisine de palais et dissertant avec brio sur les vertus de tel ou tel aliment. Le personnage de Ferrero, de loin le plus complexe, est directement inspiré de son père, et toute l'histoire semble construite pour le mettre en valeur.

J'aurais aimé que l'accent soit davantage mis sur les luttes politiques déclenchées par le fameux livre, tout en admettant que ça n'aurait pas été logique puisque le narrateur est un gamin des rues inculte qui n'a pas accès aux arcanes du pouvoir. Pourtant l'idée de base, que certains pourraient considérer comme tirée par les cheveux, m'a parue très intéressante. Je serais curieuse de voir ce qu'elle aurait pu donner sous la plume d'un Iain Pears. En l'état, "The book of unholy mischief" a quand même fort bien réussi à me tenir en haleine jusqu'à une fin tragique à souhait.

Sur le thème du livre maudit, je vous conseille également:
- "Le nom de la rose" d'Umberto Eco (ou regardez le film si ce n'est pas déjà fait, il est plus digeste et magistralement interprété)
- "L'ombre du vent" de Carlos Ruiz Zafon, un des meilleurs bouquins que j'ai lus ces dernières années, voire dans ma vie
- "La règle de quatre" de Ian Caldwell et Dustin Thomason

vendredi 9 juillet 2010

"Eat, Pray, Love" & "Committed"


Il y a très exactement quatre ans, je tentais de soigner mon coeur brisé par ma rupture avec l'Homme en lisant "Eat, Pray, Love" d'Elizabeth Gilbert. Dans ce mémoire devenu depuis lors un best-seller mondial et un film avec Julia Roberts, l'auteur raconte comment, suite à un divorce douloureux, elle décide de prendre une année sabbatique pour voyager à la recherche d'elle-même. En Italie, elle apprendra les plaisirs de la nourriture; en Inde, elle découvrira la méditation et la spiritualité; à Bali, enfin, elle retrouvera la sérénité et l'amour. A l'époque, son récit m'avait beaucoup touchée. Pas à cause de son style, ni bon ni mauvais, mais grâce à l'immense sincérité qui transpirait de chacune de ses phrases, à sa façon sans fard et pourtant jamais impudique de raconter ses tourments et ses interrogations. "Eat, Pray, Love" m'avait redonné de l'espoir à un moment où j'en avais bien besoin.

Quelques années plus tard, lors d'une visite chez Waterstone, je découvre qu'Elizabeth Gilbert a publié un nouveau mémoire appelé "Committed", et la curiosité me pousse à l'acheter pour connaître la suite de son histoire. A la fin de "Eat, Pray, Love", elle rencontrait Felipe, un Brésilien de naissance naturalisé australien et vivant en Indonésie, et tous deux entamaient une histoire transcontinentale. Oui mais voilà: un jour, les autorités américaines alertées par les allées-venues incessantes de Felipe menacent de lui interdire l'accès au pays où sont basés à la fois son amoureuse et son commerce de pierres importées. Un mariage semble le seul moyen de contourner le problème, mais obtenir les autorisations nécessaires s'annonce très long.

Alors, pendant une année de plus, Elizabeth et Felipe, virtuellement sans ressources, deviennent nomades en Asie du Sud-Est où la vie ne leur coûte presque rien. Traumatisée par son divorce précédent, l'auteur en profite pour faire des recherches sur l'institution du mariage à travers le monde et les siècles dans l'espoir d'apaiser son appréhension. Elle en tire un livre un peu bâtard, à l'intersection du mémoire, de l'étude historique et de l'essai sociologique, que j'ai eu beaucoup de mal à terminer en dépit de nombreux passages très intéressants. "Committed" soulève toute sorte de questions sur le couple occidental moderne, les notions d'amour conjugal et d'engagement. Mais pour quelqu'un qui, à la base, ne s'interroge pas particulièrement sur la chose, il est d'une lecture un peu aride. On sera néanmoins ravi d'apprendre que les ennuis de l'auteur et de son amoureux se résolvent à la fin.

"Eat, Pray, Love" est publié en français sous le titre "Mange, Prie, Aime"Committed" n'a pas encore été traduit.

dimanche 4 juillet 2010

Lady Doll T1: "La poupée intime"


Gaja est une petite fille pas comme les autres. En butte aux moqueries de ses camarades, à la cruauté de son père et à la dureté de sa gouvernante, elle a pris l'habitude de se réfugier dans un monde imaginaire peuplé par ses poupées. Une seule personne compte encore pour elle: sa mère. Hélas, celle-ci est gravement malade, et son époux cupide complote pour l'éliminer afin de s'emparer de sa fortune...

Les dominantes roses, rouges et oranges qui frappent le regard lorsqu'on ouvre cet album forment un contraste audacieux avec la noirceur du scénario de Daniele Vessella. Beatrice Penco Secchi aurait pu réaliser une bédé toute en ombres; elle a choisi au contraire de faire exploser ses couleurs à chaque case, et elle a bien fait. Si vous aimez les atmosphères victoriennes, les psychodrames grinçants, les costumes travaillés et les grands yeux des héroïnes de manga, "Lady Doll" devrait vous plaire. Mais pour connaître la suite et le dénouement de cette tragédie aux portes de la folie, il vous faudra attendre la parution du tome 2.