dimanche 29 juillet 2007

"Harry Potter and the deathly hallows"


Autant après la lecture de "Half-blood prince", je m'étais précipitée sur internet malgré l'heure tardive pour rédiger mes commentaires immédiatement, autant je suis bien embêtée après avoir fini "The deathly hallows" cette nuit. Je ne suis même pas foutue de dire si j'ai aimé ou non dans l'ensemble.

Je savais que ce dernier roman de la série ne se déroulerait pas dans le cadre habituel de Hogwarts, mais j'imaginais quelque chose de plus... rythmé et équilibré dans la narration. En fait, les deux premiers tiers du bouquin sont une succession d'affrontements violentissimes et de looooongs chapitres où il ne se passe rien, et où on s'ennuie presque autant que les jeunes héros dans leur tente au fond des bois. Tous les horcrux manquants sont récupérés et détruits à la va-vite sur la fin, après des mois de glandouille à se demander où ils pourraient bien être. L'action exclusivement centrée sur Harry, Ron et Hermione nous prive de tous les personnages secondaires qui faisaient le charme de la série.

Heureusement, cela s'arrange pendant la très épique et très dramatique bataille de Hogwarts qui oppose la flotte des jeunes Rebelles à sang bouillonnant aux forces de l'Empire menées par le sinistre Empereur les apprentis magiciens, leur famille, leurs amis et leurs profs (bref, tous les gentils de la série) aux Death Eaters menés par Voldemort en personne. Là, on a vraiment droit à un moment d'une grande intensité dramatique qui culmine, comme les lecteurs attentifs et un minimum futés s'y attendaient, par le sacrifice d'Harry.

Qui culmine, mais qui ne se termine pas. Et c'est bien là pour moi la principale faute du livre. Car tel un scénariste des X-Men, JK Rowling se débrouille pour justifier la résurrection de son héros. D'accord, elle emploie un argument construit à partir de détails intégrés dans son histoire depuis plusieurs tomes, et donc vaguement crédible. Mais d'un point de vue littéraire, je trouve que ça manque de courage et de cohérence. (Accessoirement, ça donne l'impression que Rowling accumule les morts de personnages secondaires pour compenser le fait qu'elle va épargner les trois principaux.)

Pour moi, Harry devait mourir en même temps que Voldemort. Ca aurait été une conclusion beaucoup plus forte, au lieu du mièvre épilogue 19-ans-après dont l'auteur nous gratifie: ils se sont tous mariés entre eux, ils ont eu plein d'enfants choupinets auxquels ils ont donné les prénoms des disparus, et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Après 400 pages au rythme heurté et 200 autres très intenses, je suis vraiment déçue que la fin tombe à plat de la sorte.

PS: Bien contente de voir que j'avais raison pour Snape, et un peu perturbée par l'étrange attirance que ce personnage exerce sur moi.

mardi 3 juillet 2007

Strangers in Paradise: final issue!


Depuis plusieurs mois déjà, j'appréhendais la fin de cette série qui m'a si fort marquée - le seul comic que j'ai continué à acheter bien après avoir laissé tomber les super-héros de mon adolescence. J'ai commencé à lire SIP alors que j'habitais à Nantes et que j'étais mariée, installée dans une vie que je croyais tracée jusqu'à la fin; je le termine douze ans plus tard, dans le sud de la France, après que ma route ait fait un nombre incroyable de détours et que j'aie renoncé à voir au-delà du prochain virage.

Je me suis très souvent retrouvée dans les doutes et les volte-faces de Francine, dans le parcours cahotique et le tempérament passionné de Katchoo. Je me suis attachée à ces personnages, les plus expressifs, les plus humains, les plus réalistes (malgré une histoire qui ne l'était pas toujours) de la bande dessinée à ma connaissance. J'avais tellement hâte de savoir quelles épreuves Terry Moore allait encore leur faire subir que sitôt mon exemplaire acheté en magasin ou reçu par la Poste, je lâchais tout pour le dévorer immédiatement. De nombreux métros me sont passés sous le nez pendant que je lisais sur le quai de la station Cluny-La Sorbonne; de nombreuses corvées ménagères ont été laissées en plan juste après le passage du facteur. Moi qui suis très peu émotive face aux oeuvres de fiction, j'ai pleuré plus souvent à cause de SIP que de n'importe quel bouquin ou film. Je m'attendais donc à ce que ce soit les grandes eaux à la lecture de ce dernier numéro.

Et puis non. Tout se termine bien (du moins, si on considère que David est mort quelques numéros auparavant). Dans une conclusion digne d'une romcom hollywoodienne, les deux héroïnes achètent une maison ensemble et s'aperçoivent qu'elles sont enceintes simultanément; Katchoo récupère une fortune monstrueuse; tout le monde pardonne à tout le monde; Casey et Tambi sortent ensemble - une liaison qui survient de manière un peu trop brusque et pas assez crédible à mon goût; et comme par miracle les parents bigots de Francine acceptent que leur fille se mette en ménage avec une autre femme. Même les quatre dernières pages qui se veulent super émouvantes tombent un peu à côté de la plaque pour moi. Katchoo décidant d'écrire leur histoire, c'est une manière si convenue de boucler la boucle! Je suis peut-être juste une grincheuse qui ne supporte pas les happy ends...

"There's a golden thread connecting everything we do - it strings the days together and is easily seen when we look back at where we've been. I always thought the thread was purpose - a self-defining core -, but I was wrong. When I look back now, all I see is love. Francine... Tambi... Casey... David... Their love carried me through a life of pain that, if not for them, would have consumed me. If not for them, I would be lying in Darcy's grave. I would be scattered across Veronica's field. I would be the ashes in Lindsay's hotel room. There's only one reason I'm still here: I'm here because I am loved."

mercredi 27 juin 2007

"jPod" (Douglas Coupland)


Au début des années 90, j'avais adoré "Generation X" et surtout "Microserfs", dans lesquels Coupland avait su capter à merveille le cynisme résigné des jeunes diplômés dans un marché du travail en crise, la perte de repères, de valeurs et d'idéaux qui les faisait sombrer dans une certaine forme d'apathie et les empêchait de devenir vraiment adultes. Par la suite, j'ai lu à peu près tout ce qu'il avait écrit. Et je n'ai accroché sur aucun autre de ses bouquins, à part "Girlfriend in a coma" dont le postulat science-fictionnesque était traité de manière intéressante. Mais quand j'ai vu sur la 4ème de couv de son petit dernier qu'il s'agissait d'une "suite officieuse à Microserfs", je n'ai pas résisté à l'envie de l'acheter.

Grosse déception. Les héros de "jPod" sont comme les bonshommes en Lego qui les représentent sur la couverture de l'édition américaine, ou ces personnages des jeux vidéo qu'ils créent: une liste de quirks qui ne prend jamais vraiment vie. Impossible de s'attacher à eux. Si le but de l'auteur était de faire ressentir le vide qui les habite, c'est parfaitement réussi. A part ça, histoire rocambolesque (dans la lignée de "All families are psychotic"), exercices de style lourdauds et une fausse bonne idée de Coupland : se mettre en scène lui-même en se montrant sous un jour exécrable. Bref, un bouquin pas du tout indispensable.

samedi 10 mars 2007

"Les mensonges de Locke Lamora"



Dans un univers parallèle, Arsène Lupin a nom Locke Lamora. A la tête de sa petite bande de voleurs, les Salauds Gentilshommes, il ourdit des plans audacieux pour soulager la petite noblesse de ses liquidités excédentaires. Ses méfaits ont pour cadre la cité imaginaire de Camorr, sorte de Venise médiévale-fantastique haute en couleurs officiellement dirigée par le Duc Nicovante et sa police secrète, mais officieusement sous la coupe d'un Parrain nommé Capa Barsavi qui contrôle d'innombrables gangs.

Je ne suis qu'à la page 150 de ce bouquin qui en compte 500 dans sa version anglaise, et je peux déjà affirmer que c'est un chef-d'oeuvre qui figurera dans le top 3 des meilleurs romans que j'aurai lus cette année. A cause de la fraternité vacharde mais palpable qui existe entre les Salauds Gentilshommes, à cause des dialogues truculents, à cause de la richesse de l'univers créé par Scott Lynch, à cause des descriptions qui donnent réellement l'impression d'"y être", à cause de l'intrigue bien foutue et rondement menée, à cause de la crédibilité de l'organisation sociale de Camorr (et de la critique sous-jacente qui en est faite), à cause de la cruauté jamais gratuite de certaines scènes, à cause des mille et un détails semés ça et là qui prennent toute leur importance dans la suite du récit. C'est un de ces livres dont je me contrains à ne lire qu'une trentaine de pages par jour pour ne pas arriver au bout trop vite, un de ces livres sur la suite duquel je me précipiterai dès sa sortie en librairie. En plus la version française est somptueuse, avec une couverture de toute beauté. Si vous aimez Maurice Leblanc et Phillip Pullman, vous pouvez vous ruer dessus les yeux fermés.

Un extrait ici: