jeudi 28 octobre 2010

"The Spellman Files"


Investigatrice sur des affaires qui ne sont pas ou plus du ressort de la police, elle approche de la trentaine avec un caractère pas piqué des vers, un humour hautement sarcastique et une réputation de problème ambulant. Sa vie amoureuse est un désastre, peut-être parce qu'elle préfère le jean-baskets aux robes-escarpins, refuse de sortir avec les avocats que sa mère rêverait d'avoir pour gendres et se retrouve systématiquement obligée de mentir à ses petits amis. Ses rapports avec sa famille hautement dysfonctionnelle sont une source de fous-rires répétés chez le lecteur.

Malgré toutes ces similitudes, elle, ce n'est pas la Stephanie Plum de Janet Evanovich, mais Isabel Spellman (dite Izzy), l'héroïne de la série de Lisa Lutz. Ses parents tiennent une agence de détectives privés dans laquelle elle bosse avec son oncle Ray, un alcoolique qui tend à disparaître pendant des semaines entières pour des marathons bibine-poker-prostituées, et sa petite soeur Rae, gamine de quatorze ans accro au sucre et aux filatures rapprochées. Seul son frère aîné David, incarnation de la perfection terrestre, a réussi à prendre ses distances avec l'asile de fous qu'est la résidence Spellman en devenant avocat - ce qui ne l'empêche pas d'être systématiquement entraîné dans les guerres intestines que les autres membres de la famille se livrent avec une ténacité de pitbulls et un mépris total pour l'intimité d'autrui.

Malgré une petite intrigue pas trop mal ficelée, "The Spellman Files" n'est pas un roman policier - et malgré les déboires amoureux de son héroïne, je ne le classerais pas non plus dans la catégorie chick-lit. C'est juste un bouquin léger mais bien construit, bien écrit et très drôle, que je n'ai pas lâché avant de l'avoir fini. Parfait pour se vider la tête. J'ai déjà commandé le tome 2 sur Amazon.

"The Spellman Files" est disponible en français sous le titre "Spellman et Associés".

lundi 25 octobre 2010

"Manabeshima"


Au printemps 2009, j'avais flashé sur le sublime "Tokyo Sanpo", carnet de voyage aussi beau que drôle et foisonnant, réalisé par Florent Chavouet alors qu'il passait six mois là-bas avec sa petite amie en stage dans une entreprise japonaise. L'auteur était sur Facebook; je lui avais envoyé un message pour lui dire mon admiration et lui demander avec quoi il dessinait. Il m'avait répondu très gentiment, ajoutant qu'il espérait pouvoir réaliser un deuxième ouvrage sur le Japon, mais côté rural cette fois.

Mercredi dernier, je suis passée à l'Ambassade de France où on n'a absolument rien pu me dire d'utile concernant mes projets. Comme du coup, il me restait une heure à tuer avant mon massage au Serendip Spa, je suis allée flâner dans les rayons de Filigranes. Et là, au rayon bédé, j'ai découvert "Manabeshima", du même Florent Chavouet: le récit de deux mois passés, à l'été 2009, sur une minuscule île de pêcheurs dans le sud du Japon. Impossible d'attendre pour le commander sur Amazon; je l'ai embarqué direct. Et pendant les soirées qui ont suivi, j'ai dû me rationner pour ne pas le terminer trop vite.

"Tokyo Sanpo" témoignait déjà d'une belle maîtrise technique et d'un style très personnel. "Manabeshima" est plus abouti encore. Quand on sait que l'auteur n'a pas trente ans, on se délecte d'avance à la pensée des merveilles qu'il va pouvoir produire par la suite. Chaque page m'a arraché des "Oooooh" de ravissement, des "Aaaaargh!" de jalousie, des "Mais c'est pas possible, combien de temps il a passé sur ce plan?", ou des crises de fou-rire incontrôlées.

Les insulaires dont Florent Chavouet fait le portrait sont si pittoresques qu'on pourrait les croire issus de son imagination, alors qu'il a sans doute à peine forcé leurs caractéristiques naturelles. La vie sur Manabeshima est retranscrite avec un sens de l'observation et du détail particulièrement développé; il ne faut négliger aucune des annotations minuscules qui parsèment les pages du livre: elles sont toutes à mourir de rire, et expriment très bien la perplexité engendrée par certaines coutumes japonaises chez l'Européen moyen.

Si vous aimez le Japon, si vous êtes fan de carnets de voyage, si vous avez soif de dépaysement et d'humour ou juste envie de découvrir un artiste prometteur, vous devez lire "Manabeshima".