vendredi 26 novembre 2010

"Le monde selon Arnold"



Comment un commissaire-priseur londonien installé dans une petite vie pépère et heureux en ménage depuis 12 ans se retrouve-t-il, quasiment du jour au lendemain, propulsé roi d'une petite île du Pacifique et embarqué dans un hallucinant complot planétaire?

Grâce à sa passion pour les champignons.

Si vous êtes intrigué par la question et pas vraiment satisfait par cette réponse lapidaire, il vous faudra lire "Le monde selon Arnold", roman loufoque et dépaysant de Giles Milton dont la couverture seule a suffi à me séduire quand diane cairn a attiré mon attention dessus lors d'une visite chez Cook&Book.

J'ai aimé le côté inclassable de ce livre, ainsi que le récit mené à deux voix par le héros et par un journaliste qui cherche à reconstituer son étrange histoire. Dans le registre "épopée farfelue à travers le monde", il n'est certes pas à la hauteur du génial "Une partie du tout" de Steve Toltz. Mais il tient la route d'un bout à l'autre sans décevoir et permet de passer un agréable moment.

jeudi 18 novembre 2010

"Les envahissants"


Enfermée chez elle, Marie essaie désespérément de finir sa thèse d'assyriologie. Mais elle peine à se mettre au travail. Tous les prétextes lui sont bons pour procrastiner. Elle observe les gosses qui jouent dans la cour de l'école en bas de chez elle, écoute la télé de ses voisins l'oreille collée aux lattes du plancher, lave ses culottes à la main dans son lavabo et se vernit les doigts de pied.

A force de chercher l'inspiration là où elle ne se trouve pas, elle finit par voir apparaître trois visiteurs extrêmement envahissants: le sergent Glooms, Raoul le morse dépressif et Candy la bombe anatomique "vierge comme l'huile d'olive". Contre toute attente, ces derniers vont unir leurs ressources pour aider Marie à achever sa thèse dans les temps impartis...

J'ai beaucoup aimé cette bédé signée Maloup et Marie Voyelle, parue dans la collection dirigée par Pénélope Bagieu chez Jean-Claude Gawsewitch. Pleine d'humour et de tendresse, elle devrait particulièrement "parler" aux gens qui, comme moi, bossent à leur domicile sans voir personne pendant des journées entières et ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour se motiver.

lundi 15 novembre 2010

"Rosa candida"


"Le jeune Arnljòtur va quitter la maison, son frère jumeau autiste, son vieux père octogénaire et les paysages crépusculaires de laves couvertes de lichens. Sa mère a eu un accident de voiture. Mourante dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils qui aura écouté sans s'en rendre compte les dernières paroles d'une mère adorée. Un lien les unissait: le jardin et la serre où elle cultivait une variété rare de Rosa candida à huit pétales. C'est là qu'Arnljòtur aura aimé Anna, une amie d'un ami, un petit bout de nuit et l'aura mise innocemment enceinte.

En route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa candida, Arnljòtur part sans le savoir à la rencontre d'Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre Eden oublié du monde et gardé par un moine cinéphile."

Très jolie surprise que ce premier roman de l'auteur islandaise Audur Ava Olafsdòttir, extrêmement bien traduit par Catherine Eyjòlfsson. L'écriture coule comme un ruisseau, avec la même limpidité et la même fraîcheur; quant à l'histoire, elle allie simplicité et poésie. Grâce à "Rosa candida", j'ai passé quelques heures merveilleusement lumineuses qui m'ont donné envie, après mon coup de coeur pour Katarina Mazetti il y a deux ans, de m'intéresser davantage à la production littéraire nord-européenne. Si vous avez des auteurs ou des titres à me suggérer...

mercredi 3 novembre 2010

Deux albums de Trondheim


"Bludzee" est le dernier-né de Lewis Trondheim: un petit chat noir que son maître a enlevé à sa mère et emmené en haut d'une grande tour avant de disparaître purement et simplement. Mais Bludzee n'est pas inquiet, car il dispose d'une une ample provision de croquettes. Pour passer le temps, il tchatte avec des potes virtuels sur Internet et regarde les oiseaux s'écraser sur les vitres. Bientôt, des affreux pas beaux font irruption dans son appartement. Ils recherchent le maître de Bludzee, un grand criminel qui aurait décidé d'élever son chat pour en faire un redoutable tueur à gages...

De par son côté barré et hyper-touffu, "Bludzee" rappelle beaucoup "Lapinot et les carottes de Patagonie", une des premières oeuvres de Trondheim. Mais on sent que du temps a passé entre les deux albums et que l'auteur a pris de la bouteille. Même s'il semble partir dans tous les sens, "Bludzee" finit toujours par retomber sur ses pattes avec une certaine logique inhérente à son délire. Un petit bonheur de lecture décalée, surtout pour les propriétaires esclaves de chats qui y reconnaîtront certaines manies de leurs compagnons poilus.



Dans un tout autre genre et avec Matthieu Bonhomme au dessin, j'ai également lu "Omni-visibilis". C'est l'histoire d'un type ordinaire, célibataire d'une trentaine d'années plein de manies de vieux garçon. Un matin, tout le monde le dévisage bizarrement alors qu'il se rend à son travail. De parfaits inconnus semblent le reconnaître, et ses collègues sont capables de lui dire ce qu'il a fait minute par minute depuis son réveil. Très vite, il se rend compte que le monde entier voit désormais ce qu'il voit, entend ce qu'il entend et sent ce qu'il sent. Il devient un homme traqué, pourchassé à la fois par la pègre et la police, courtisé par les multinationales qui voient en lui un parfait instrument publicitaire...

Malgré un propos digne d'intérêt, "Omni-Visibilis" n'a pas réussi à me séduire. Peut-être parce que son personnage principal n'inspire pas la sympathie, ou peut-être parce que j'ai envie de choses plus marrantes en ce moment. Pénélope Bagieu, en revanche, a adoré et le dit ici.

lundi 1 novembre 2010

"Bienvenue" (T1)


J'aimerais vous faire partager une jolie surprise signalée à mon attention par le personnel de Brüsel: le tome 1 de "Bienvenue", série scénarisée par Marguerite Abouet à qui on devait déjà le très acclamé "Aya de Yopougon".

Etudiante aux Beaux-Arts, Bienvenue partage une chambre de bonne avec Lola, sa cousine hyper-délurée qui ne comprend pas son manque d'intérêt pour les garçons. Elle gagne tant bien que mal sa vie comme nounou, et malgré un sens de l'humour un peu acerbe, c'est une fille généreuse qui se laisse souvent embringuer dans les malheurs des autres: sa voisine indienne dont elle soupçonne le mari de la battre, une suicidaire qu'elle empêche de se jeter sous les roues du métro...

Bienvenue est un vrai personnage de jeune femme à mille lieues des insupportables clichés colportés par Glamour ou Cosmo - une personnalité originale, nuancée et crédible. Comme tous les membres de son entourage, on la sent marcher en équilibre sur un fil, susceptible à chaque instant de basculer d'un côté ou de l'autre mais continuant tant bien que mal à avancer. C'est la tranche de vie la plus émouvante qu'il m'ait été donné de lire depuis que j'ai fini la série des "Paul" de Michel Rabagliati. Je recommande chaudement, et pas juste aux amateurs de bédé.