mardi 22 février 2011

"The slap"



Ces dernière semaines, pratiquement tous les magazines francophones ont consacré un article dithyrambique au roman "La gifle" de Christos Tsolkias. J'ai donc fini par le commander en VO (un peu par snobisme, beaucoup parce qu'il était disponible en poche et donc trois fois moins cher qu'en VF). Et puis malgré son épaisseur, je l'ai lu très vite et refermé sans savoir vraiment si je l'avais apprécié ou non.

Un jour, pendant un barbecue qui réunit la famille et les amis d'un couple mixte dans la banlieue d'une grande ville australienne, un homme gifle un enfant qui a passé les dernières heures à enchaîner d'insupportables caprices. Cet enfant n'est pas le sien. Son geste va déclencher une réaction en chaîne qui scindera le groupe en deux et révèlera les aspects les moins glorieux du caractère de chacun.

La première chose qui m'a frappée dans "The Slap", c'est le racisme assumé de chacun des personnages, pourtant d'origines ethniques très diverses: grecque, aborigène, indienne, anglo-saxonne... Ils vivent dans une société que je n'imaginais pas si mélangée, au sein de laquelle les conflits raciaux ne semblent pas une préoccupation majeure, et pourtant, tous n'ont que mépris ou condescendance vis-à-vis des autres cultures que la leur. J'ose espérer qu'il s'agit là d'un parti pris littéraire et pas d'une expression de la réalité.

Mais par-delà leur racisme, ceux des personnages qui sont examinés à la loupe durant un chapitre dédié se révèlent tous antipathiques chacun à leur façon: violents, égoïstes, lâches, incapables d'aimer vraiment. Leur psychologie est extrêmement bien étudiée et crédible en tous points, mais assez désespérante. Voilà donc ce que penserait un échantillon lambda de gens ordinaires dans le secret de leur coeur - y compris les bien-pensants qui s'indignent qu'un adulte puisse lever la main sur un enfant? "The slap" est un roman maîtrisé, bien écrit et intéressant. Mais ce n'est définitivement pas un "feel-good book".

lundi 14 février 2011

"Eros/Psyché"



"L'étrange pensionnat de La Rose accueille uniquement de jolies jeunes filles... En totale autarcie, leur quotidien est rythmé par des mises à l'épreuve : jeux, travaux manuels, promenades en forêt... Dans ce semblant d'Eden, malheur à celles qui ne respectent pas le règlement ! Au mieux, c'est l'exclusion, au pire, la mort. Pour les deux adolescentes Sara et Silje, c'est aussi la découverte de l'amour."

L'accroche était prometteuse, tout comme la couverture. J'imaginais trouver dans "Eros/Psyché" des réminiscences de mangas que j'ai adorés comme "Onii-samaé", "Utena la fillette révolutionnaire" mais surtout le très réussi et très troublant "L'infirmerie après les cours". Je n'avais pas complètement tort, mais... Maria Llovet peine à tenir les promesses d'une situation de départ pourtant intrigante et vénéneuse à souhait. Bien que jolis, ses dessins sont trop simplistes pour installer une atmosphère vraiment angoissante. Passe encore pour le noir et blanc même si ce n'est pas ce que je préfère, mais la quasi absence de décors donne une impression d'inachevé. Et beaucoup d'éléments scénaristiques qui servent à maintenir l'intérêt du lecteur en haleine pendant 140 pages (la cicatrice de Silje, les ciseaux suspendus au-dessus des oeufs...) ne trouvent pas d'explication à la fin. Juste frustrant.

"Cinq mille kilomètres par seconde"



Lors de mon dernier passage chez Brüsel, je me suis laissée tenter par cette BD non pas parce qu'elle a reçu le Fauve d'Or à Angoulême le mois dernier, mais parce que Pénélope Bagieu avait réussi à m'allécher avec cette critique vidéo. J'aurais dû me souvenir que je ne suis pas hyper fan de Klimt et qu'il est très rare que j'accroche à la lecture d'une BD dont je n'aime pas les dessins.

L'histoire n'est pourtant pas inintéressante. Sur une période de vingt ans, on suit l'évolution de Lucia et Piero, deux Italiens qui sont brièvement sortis ensemble quand ils étaient ados. Lucia partira en Norvège où elle se mariera et aura un enfant avant de retourner vivre chez sa mère, tandis que Piero devenu archéologue finira par passer les trois quarts de son temps en Egypte au détriment de sa vie de famille.

Bien des années plus tard, les anciens amoureux se reverront et commenteront ce sentiment qu'ont tous les expatriés de n'être nulle part chez eux, ni dans leur pays d'adoption où ils n'ont pas grandi, ni dans leur pays d'origine avec lequel ils ont perdu le contact au fil du temps. Même si, dans mes bons jours, j'ai plus souvent le sentiment d'être chez moi partout, c'est une mélancolie à laquelle je ne suis pas insensible. Mais les graphismes très particuliers de "Cinq mille kilomètres par seconde" m'ont empêchée de l'apprécier vraiment.

lundi 7 février 2011

"On n'a pas toujours du caviar"


C'est une critique de Funambuline qui, en avril dernier, m'avait fait mettre ce roman dans mon panier Amazon... où il est resté, un peu oublié ("De quoi ça parle déjà, et pourquoi je voulais le lire?") jusqu'à cet hiver. Je suis retombée dessus il y a trois semaines, alors que je cherchais quelque chose de drôle et qui se lise très vite pour faire une pause dans la lecture de "A clash of kings", formidable mais archi déprimant.

Pendant la seconde Guerre Mondiale, un jeune banquier londonien victime d'une escroquerie montée par son associé se retrouve prisonnier des Allemands. Ceux-ci acceptent de le libérer à condition qu'il travaille désormais pour leurs services de renseignements. Une série d'incidents, de quiproquos et de malentendus vont faire de Thomas Lievin, humaniste amateur de jolies femmes et de bonne chère, un agent triple qui ne servira jamais aucun pays et dont l'unique objectif restera toujours de sauver des vies humaines.

Le héros de "On n'a pas toujours du caviar" est présenté comme un mélange de James Bond et d'Arsène Lupin, un grand séducteur capable de rouler tous ses adversaires dans la farine pour se sortir des situations les plus désespérées la conscience en paix et les mains propres. Malgré son amour de la cuisine et les recettes intercalées dans la narration chaque fois qu'il organise un dîner pour régaler ses amis ou retourner ses ennemis, je l'ai trouvé un peu fade par rapport à ces deux références - ce qui ne m'a pas empêchée de prendre beaucoup de plaisir à suivre ses aventures rocambolesques aux rebondissements multiples. J'ai aimé qu'il me ramène dans des endroits connus comme Londres, Toulouse, Lisbonne ou Marseille; j'ai aimé qu'il ridiculise les crétins et les fous meurtriers de tous bords; j'ai aimé sa façon pacifique de contrer les coups du sort et de résister à la violence qui fait rage autour de lui; j'ai aimé les personnages secondaires caricaturaux mais savoureux qui l'entourent. Bref, j'ai passé avec lui un moment pas inoubliable mais fort divertissant.

jeudi 3 février 2011

"Nemi T3: Miss Terreur"



Quand j'ai appris qu'Editeur Préféré s'apprêtait à publier cette bédé norvégienne que j'adore (et que je lisais jusque là en anglais), j'ai aussitôt appelé la charmante éditrice responsable de la collection graphique pour chouiner: "Mais pourquoi tu m'as pas filé la traaaaaad?" Et elle de répondre, un peu interloquée: "Euh, tu parles norvégien maintenant?"

Hum. Ah oui, tiens, ça pourrait être utile.

Cela dit, Aude Pasquier à qui a échu le boulot s'est super bien débrouillée. Pour avoir traduit un tout petit peu de bédé, je sais combien c'est dur de restituer un humour parfois spécifique à la langue de départ, tout en restant dans le maximum de signes imposé par la taille des bulles. Franchement, certaines fois, c'est juste mission impossible. Et je trouve que très peu des strips de la VF tombent à plat. Bravo, collègue!

Donc, "Miss Terreur", le tome 3 de Nemi, vient juste de sortir en français, et il m'a fait rire autant sinon plus que les deux précédents. L'héroïne est toujours aussi sarcastique et pleine de mauvaise foi; elle continue à refuser de rentrer dans le moule et à remettre violemment les cons à leur place. Son adoration pour la fantasy en général et "Le Seigneur des Anneaux" en particulier fournit la matière à des gags sublimement jouissifs. Avec elle, le gouvernement norvégien, les FAI et la poste locale en prennent plein la gueule (l'occasion de constater que les problèmes sont les mêmes partout dans le fond!).

Juste pour vous mettre en appétit:
Copine n°1 (à copine n°2): Nemi est passée à l'école maternelle où je travaille. Elle a distribué des vêtements noirs à tous les enfants et mis un CD de Sisters of Mercy à fond.
Nemi: Ouais, faut les éduquer tôt avant qu'ils deviennent sportifs.

Margaux Motin : L'authentique et l'ersatz



Je venais juste de terminer "La théorie de la contorsion" quand j'ai appris que mon père avait un cancer. Du coup, je n'en ai jamais parlé ici. Je n'avais de toute façon pas grand-chose à en dire, à part que Margaux Motin, c'est toujours de la balle. Personne ne dessine les filles comme elle, sublimes même dans leurs gestes les plus ridicules et les moins glamour. Et puis cette attention portées aux détails vestimentaires, notamment aux chaussures! Parfois, je la trouve un poil trop vulgaire (le coup du Tampax, c'est, euh, comment dire... un peu too much pour moi qui ne suis pourtant pas spécialement timide quand il s'agit de parler de fonctions corporelles), mais ça fait partie de sa personnalité. Voilà une illustratrice qui a un vrai style original et assumé. Et elle me fait vraiment rire. Je love.



Je venais juste d'apprendre que mon père était apparemment en rémission quand j'ai aperçu "Autobiographie d'une fille Gaga" sur la table des nouveautés chez Filigranes. "Tiens, ça ressemble vaguement à du Margaux Motin", ai-je pensé en feuilletant l'ouvrage. Impression qui s'est confirmée à la lecture le soir même. Ca ressemble à du Margaux Motin, dont on découvre d'ailleurs que l'auteur l'a rencontrée et qu'elle est un peu devenue sa "marraine". Simplement, ça n'en a ni le piquant ni l'originalité. Du sous-Margaux Motin, donc - pas désagréable à lire ni à regarder, mais pas désopilant non plus, et manquant un peu de personnalité. La seule fois où j'ai ri, c'est en imaginant ma copine Junior, elle aussi grand fan de Lady Gaga, à la place de Diglee dans les passages où celle-ci se prépare pour aller aux concerts de son idole. A sa décharge, l'auteur n'a encore que 22 ans et tout le temps de développer son propre style. Vous pouvez jeter un coup d'oeil à son blog ici.