mardi 24 avril 2012

"Heartless"


(Attention: spoilers!)

Alexia approche de la fin de sa grossesse, moment où toute femme désire jouir d'un peu de repos. C'est sans compter les tentatives répétées de meurtre sur sa personne. Notre héroïne, quelque peu blasée, prend ça avec philosophie - mais pas son entourage, qui pour la mettre à l'abri imagine une solution inacceptable de prime abord. Alexia cherche tous les moyens pour contourner cette dernière lorsqu'un fantôme au bord de la dissolution vient lui révéler un complot visant à assassiner la reine Victoria... 

Ce quatrième tome du Protectorat de l'Ombrelle est le premier encore non traduit en français au moment où je rédige ce billet. C'est aussi, à mon humble avis, le meilleur de la série jusque là. J'ai ri aux éclats, et souvent, pendant les cent premières pages, puis je me suis laissée happer par toute une série de rebondissements inattendus et de révélations pour le moins ébouriffantes. Plusieurs personnages importants révèlent leur vrai visage; des questions restées en suspens depuis le tome 2 trouvent une réponse dont on sent bien qu'elle était préméditée depuis le début; et le "pourquoi" du titre de la série est enfin révélé. Un vrai régal, à consommer sans modération comme le thé et les tartelettes dont raffole Alexia. 

jeudi 19 avril 2012

"Les gouttes de Dieu" T1


Fils d'un oenologue reconnu, Shizuku Kanzaki n'a aucun goût pour le vin. Malheureusement, son père décède, et alors qu'il pensait profiter tranquillement de son héritage, Shizuku découvre qu'il a un frère adoptif. Pire, le testament de son père les met au défi de découvrir douze grands crus ainsi que le meilleur de tous, "Les gouttes de Dieu". Voilà Shizuku lancé dans une enquête d'un nouveau genre, au beau milieu des vins, des cépages et des saveurs...

J'ai profité de mon voyage en train d'hier pour découvrir ce manga reçu récemment dans le cadre du swap bédé. Les dessins de Shu Okimoto sont d'un style assez classique, mais très agréable à regarder. L'histoire imaginée par Tadashi Agi ne parlera sans doute qu'aux amateurs de vin, mais pour ceux qui, comme moi, n'ont guère de culture en la matière et souhaiteraient combler cette lacune, elle offre un excellent moyen d'apprendre. Je sais désormais ce qui détermine le rang d'un vin; je peux reconnaître un Bordeaux d'un Bourgogne à la forme de la bouteille, et je réalise enfin à quel point le décantage peut modifier le goût d'un vin (pour bien faire, il me faudrait tout de même un exemple pratique, mais la Romanée-Conti n'est pas fournie avec le manga). Seul regret: cette série compte actuellement 23 tomes parus en français, et elle n'est pas terminée. A 9 euros le volume, la poursuivre va me coûter le prix d'une très bonne bouteille!

mercredi 18 avril 2012

"Sans honte"



(Attention, spoilers!)

Enceinte et répudiée par son mari qui refuse de croire que l'enfant est le sien, Alexia Tarabotti se retrouve dans une position très inconfortable. Comme si être obligée de vivre de nouveau avec sa mère et ses insupportables demi-soeurs ne suffisait pas, voilà que les vampires de Londres semblent avoir décidé de l'éliminer. Alexia se voit donc contrainte de se rendre en Italie, le pays natal de son père, pour se mettre en sécurité et tenter d'en apprendre davantage sur le bébé qu'elle porte...

Ce troisième tome du "Protectorat de l'Ombrelle" enchaîne directement après le second et ouvre clairement la voie pour le quatrième. Si "Sans âme" pouvait être lu seul, il n'en va pas de même de la suite des aventures d'Alexia Tarabotti, et je trouve ça très bien: ça donne l'impression que l'auteur sait où elle va, et ça permet de maintenir un suspens pas désagréable d'un tome à l'autre. Il commençait à y avoir du voyage et de l'action dans "Sans forme"; il y en a encore davantage dans "Sans honte" qui nous emmène d'abord à Paris, puis à Nice et à Florence (qu'Alexia, avec son pragmatisme habituel, trouve "orange"). L'humour sarcastique et pince-sans-rire de Gail Carriger est toujours au rendez-vous. Des personnages secondaires très présents jusque là recèdent un peu à l'arrière-plan tandis que d'autres en profitent pour occuper le devant de la scène, ce qui évite la lassitude. On voit se dessiner les pistes scénaristiques qui vont être exploitées dans les deux derniers tomes, sans pour autant deviner de quelle manière l'histoire se terminera. Vraiment, je suis fan. 

lundi 16 avril 2012

"Petite forêt"


"Ichiko vit à Komori, un hameau du nord du Japon dont le nom signifie "Petite Forêt". Son existence s'écoule paisiblement entre ses expérimentations culinaires basées sur les produits naturels locaux, et ses voisins et amis. Mais derrière son enthousiasme sincère se cache le coeur meurtri d'une petite fille autrefois abandonnée par sa mère. Au fil de recettes locales, inspirées des richesses d'une nature féconde, Ichiko nous dévoile ses secrets..."

Ce manga en 2 tomes, paru en 2008, est désormais devenu difficile à trouver. Mais si son sujet vous intéresse, il vaut la peine que vous le cherchiez un peu: c'est un trésor de sensibilité, autant dans le dessin que dans les sentiments retranscrits par Daisuke Igarashi. Chaque chapitre se focalise sur une recette différente, un moment particulier dans la vie de l'héroïne. La cuisine se mêle à sa vie et devient son mode d'expression, le miroir de son âme blessée, l'aboutissement de ses journées passées à cultiver, cueillir ou préparer la conservation des aliments. Ichiko mène une existence simple et sereine, en harmonie avec la nature environnante, et la citadine endurcie que je suis en a été complètement fascinée. 

jeudi 12 avril 2012

"Nos échappées belles"


N'ayant plus la télé depuis des années, j'ignorais qu'il existait sur France 5 un magazine de voyage appelé "Echappées Belles". Sophie Jovillard et Jérôme Pitorin, les deux présentateurs, publient ici un aperçu de leurs séjours dans diverses capitales européennes. J'étais tout aussi impatiente de revoir à travers leurs yeux des villes que j'adore comme Lisbonne, Londres ou Stockholm, que d'en découvrir d'autres où je ne suis pas encore allée - Saint-Pétersbourg et Edimbourg, notamment. 

Hélas, "Nos échappées belles" a été une grosse déception. Si les textes sont modérément intéressants, on ne peut pas en dire autant des photos archi-convenues qui les accompagnent. Et la mise en page atrocement ringarde m'a fait penser aux pages de scrapbooking qu'on trouvait dans les premiers magazines de scrap français vers 2003 ou 2004. Un achat plus que décevant, à déconseiller vivement aux amateurs de (beaux) carnets de voyage. 

mercredi 11 avril 2012

"Sans forme"



Je n'ai pas traîné pour attaquer (et terminer!) le tome 2 du Protectorat de l'Ombrelle. Attention, si vous avez envie de découvrir cette série sans être spoilé, je vous déconseille de poursuivre la lecture de ce billet. 

"Sans forme" commence quelques mois après les noces d'Alexia Tarabotti, la sans âme dont le contact rend les créatures surnaturelles à leur humanité, et de Connall Maccon, l'Alpha de la plus grosse meute de loups-garous londonienne. La capitale britannique est affectée par un phénomène étrange: sur une large zone autour de la Tamise, les fantômes se trouvent exorcisés tandis que les vampires supportent de nouveau la lumière du jour et que les loups-garous ne peuvent plus prendre leur forme animale. Loin de s'en réjouir, la communauté surnaturelle est inquiète. Alexia a plus d'une raison de se pencher sur ce mystère: outre sa curiosité innée et son nouveau statut de muhjah auprès de la reine Victoria, c'est naturellement sur elle que se portent les soupçons de tous...

Les tomes 2 sont souvent décevants, surtout quand ils succèdent à un très bon début de série. Ce n'est pas le cas pour "Sans forme". Certes, les joutes verbales pré-mariage d'Alexia et de Connall m'ont un peu manqué, mais ces deux-là continuent à s'asticoter copieusement tout le long du bouquin. Et surtout, l'auteur nous offre ici beaucoup plus d'action que dans "Sans âme", qui servait surtout à planter son univers. Voyage en dirigeable, découverte d'un clan écossais et nouvelles tentatives de meurtre sur la personne de Lady Maccon permettent de ne pas s'ennuyer un seul instant. Si j'ai regretté que des personnages appréciés dans le tome 1, comme Lord Akeldama ou le professeur Lyall, ne jouent ici qu'un rôle secondaire, j'ai adoré en découvrir de nouveaux - notamment Madame Lefoux, modiste française ambiguë doublée d'un fabuleux inventeur. Le roman se termine sur un cliffhanger assez inattendu qui va m'obliger à attaquer immédiatement la lecture du tome 3, "Sans honte". C'est vraiment ballot. 

vendredi 6 avril 2012

"Les règles du jeu"



A l'aube de 1938, Kate et son amie Eve, qui travaillent comme secrétaires à Manhattan et partagent une chambre dans une modeste pension pour femmes, rencontrent Tinker dans un club de jazz. Le jeune banquier est riche et séduisant. L'espace de quelques jours excitants, ils font la fête ensemble. Puis, un soir où Tinker conduit, ils ont un accident de voiture. Eve passe à travers le pare-brise. Blessée au visage et à une jambe, elle restera infirme. Parce que Tinker culpabilise, il lui propose de s'installer dans son luxueux appartement et entreprend de lui faire mener la grande vie...

"Une histoire de triangle amoureux", pensez-vous après avoir lu cette entrée en matière. En fait, non. Assez vite, Tinker et Eve disparaissent de la scène, et même si elle ne cesse de penser à eux, Kate continue à tracer son chemin au fil de ses rencontres professionnelles et amicales. Un roman initiatique, alors? Un peu. Kate se dévoile très progressivement au fil des pages, et de la même manière, elle découvre les secrets des gens qui l'entourent. Aucun d'eux n'est réellement ce qu'il semble au premier abord, et dans les moments cruciaux, aucun d'eux n'aura la réaction qu'elle attendait. Chacun mène sa vie selon ses propres règles du jeu et influence, parfois sans le vouloir, celle des autres.

Difficile de résumer le premier roman d'Amor Towles. Mais j'ai adoré son écriture pleine de sensibilité, le regard perspicace qu'il porte sur les gens et les choses, ainsi que le beau portrait de femme indépendante qu'il trace en la personne de Kate. Contrairement à "Rien n'est trop beau", qui se passe également à New York et dont l'héroïne partage beaucoup de caractéristiques avec cette dernière, "Les règles du jeu" (en VO: "Rules of Civility") ne constitue pas un témoignage sur la condition féminine à une époque donnée. C'est le récit d'une trajectoire individuelle l'espace d'une année - mais une trajectoire humainement passionnante. Je vous le recommande chaudement.

lundi 2 avril 2012

"Sans âme"



Pour mes lectures personnelles, j'évite assez soigneusement tout ce qui ressemble à de la fantasy ou à de la bit-lit: j'aurais l'impression d'apporter du boulot dans mon lit. Il m'arrive néanmoins de consentir une exception pour des séries qui sortent de l'ordinaire: "Game of Thrones" ou "Kushiel" dans la première catégorie, et dans la seconde, "Queen Betsy" (pas transcendante, mais drôle) ou plus récemment "The parasol protectorate" (en français: "Le protectorat de l'ombrelle"), repéré suite à un billet de ma copine Isa.

La série de Gail Carriger a pour cadre un Londres victorien alternatif, légèrement steampunkisé, où vampires et loups-garous sont acceptés dans la bonne société; ils ont même leur propre ministère! Les premiers sont organisés en ruches dirigées par une reine, et les seconds en meute sous le contrôle d'un mâle alpha. Les humains normaux n'ont pas à craindre qu'ils prolifèrent indûment, car la plupart des candidats ne survivent pas à la transformation. Seuls ceux qui possèdent un excès d'âme (les artistes, notamment) ont quelque espoir de devenir un jour une créature surnaturelle. Face à eux et considérablement plus rares, on trouve les paranaturels qui n'ont pas d'âme du tout et qui, pour cette raison, annulent au contact les pouvoirs des vampires comme des loups-garous.

Mademoiselle Alexia Tarabotti est justement l'un de ces êtres exceptionnels, et remarquable à plus d'un titre. De son père italien, elle a hérité un teint un peu trop sombre, un nez un peu trop fort et surtout un caractère beaucoup bien trop trempé. A 26 ans, elle est encore vieille fille et n'a guère d'espoir de se marier. Elle se console en se passionnant pour les sciences ou la politique, des centres d'intérêt assez peu convenables pour une lady. Jusqu'au jour où, inexplicablement agressée par un vampire nouveau-né dans une bibliothèque où elle n'aspirait qu'à boire une tasse de thé tranquille, elle est obligée de l'occire à coups d'ombrelle...

J'ai eu, moi aussi, un énorme coup de coeur pour cette série. Non que l'intrigue de "Sans âme", son premier tome, soit exagérément palpitante. Le livre vaut essentiellement par son univers et par sa merveilleuse héroïne. Mademoiselle Alexia Tarabotti est une femme de caractère à qui sa famille a toujours fait croire qu'elle était laide et insupportable; en conséquence de quoi, malgré sa langue bien pendue et ses vastes connaissances, elle souffre d'un assez gros manque d'estime de soi. Et n'ayant aucune expérience amoureuse, même si elle a aperçu quelques planches anatomiques dans les livres de son père, elle fait preuve d'une naïveté hilarante lorsque Lord Maccon, l'alpha de la meute locale, entreprend de lui manifester son intérêt de manière très... tactile. On a beau se douter dès le premier chapitre que ces deux-là finiront ensemble, leurs joutes verbales (et les réactions d'Alexia, incapable de croire qu'un homme puisse vouloir d'elle) sont tout simplement hilarantes.

J'ai passé un si bon moment avec ce "Sans âme" que j'ai aussitôt commandé les quatre tomes suivants de "The parasol protectorate" parus à ce jour en VO (deux d'entre eux - "Sans forme" et "Sans honte" - sont déjà disponibles en français, et il me semble que le suivant sort ce mois-ci chez Orbit). Je ne manquerai pas de vous dire si la série tient les promesses de son ébouriffant tome 1.

dimanche 1 avril 2012

"Fabulous food concepts"



Ce gros ouvrage publié par un éditeur flamand, mais rédigé en anglais, présente une trentaine d'initiatives originales et variées pour une alimentation plus respectueuse de la planète. On y trouve un fast-food organique ouvert par trois copains à Amsterdam, une jeune femme qui sillonne les rues d'Anvers à bicyclette pour livrer de la soupe bio aux entreprises comme aux particuliers, un Américain qui organise des dîners en plein air au milieu d'exploitations agricoles pour permettre aux convives de consommer les aliments sur le lieu même où ils ont été produits, un producteur de chocolat qui part du principe que tout ce qu'il prélève dans la nature doit y être remplacé, un fabricant de sodas entièrement naturels, la créatrice de bouteilles en verre design conçues pour être remplies avec de l'eau du robinet et emportées partout à la place des bouteilles d'eau minérale en plastique à l'impact écologique désastreux, deux copines qui fabriquent d'adorables pochettes à sandwich réutilisables, un supermarché qui vend exclusivement de la nourriture produite de manière locale et un autre qui a complètement éliminé les emballages de sorte que les clients doivent venir avec leurs propres récipients, une boutique de nourriture végétarienne dont le propriétaire a développé un substitut de viande à base de lupins, une créatrice de jardins urbains sur les toits... Certaines de leurs idées sont si simples et si brillantes qu'on se demande pourquoi on n'y a pas pensé avant et surtout, pourquoi leur mise en application ne s'est pas encore généralisée. Sans doute parce que s'alimenter en privilégiant le développement durable réclame davantage d'efforts et, parfois, d'argent. Mais toutes les tentatives pour aller dans ce sens restent bonnes à prendre. Un reproche tout de même aux éditions Luster: à 55€ sur Amazon (et, curieusement, 39,90€ chez Waterstones qui d'habitude est toujours plus cher), il y a peu de chances que votre bouquin touche les masses encore non sensibilisées à la question de l'alimentation...

"La vie avec Mr. Dangerous"



La dominante rose d'une couverture et la présence, en page de garde, d'un pull orné d'une licorne sont-elles des raisons suffisantes pour claquer plus de 20€ dans une bédé?

Hé bien... Si vous aimez les histoires de vingtenaires qui s'ennuient dans leur job de vendeuse de fringues, enchaînent les relations foireuses, ont du mal à avoir une conversation significative avec leur mère, s'intéressent plus que de raison à un dessin animé débile et terminent régulièrement la soirée roulée en boule dans leur penderie avec leur chat, c'est possible.

Si par contre les bédés où il ne se passe rien et dont le dessin figé ne dégage aucune émotion ne vous paraissent pas indispensables à votre développement culturel, un seul conseil: gardez vos sous pour vous offrir plutôt autre chose.