samedi 23 juillet 2011

Urban knitting


L'urban knitting (ou yarn bombing), c'est un mouvement dont les adeptes s'amusent à décorer le paysage urbain avec des créations en tricot, depuis le simple manchon réalisé en quelques minutes pour ceindre un panneau de signalisation jusqu'aux immenses patchworks couvrant des bâtisses entières. Comme ça:



Vous trouverez d'autres exemples sur ce groupe flickr.


Durant notre récent séjour en Gruyérie, Funambuline et moi avons parlé de l'urban knitting, et quand j'ai cherché un petit cadeau à lui faire pour la remercier de son hospitalité*, c'est tout naturellement que j'ai pensé au bouquin ci-contre, dans lequel la photographe de mode Simone Werle (dont j'avais adoré les Style Diaries) compile moultes créations des plus discrètes aux plus délirantes: bague en forme de coeur sur une main géante, manchon Pacman pour réchauffer un poteau, chapeau de champignon à pois coiffant une bitte un plot cylindrique, écharpe au cou d'un général romain vert-de-gris, bonnets rayés à pompons qui changent les pointes d'une grille en autant de lutins, cache-col et jambières pour éviter qu'une vache de métal prenne froid, profusion d'insectes à l'entrée d'un parc, et des guirlandes de coeurs et de fleurs en-veux-tu-en-voilà.

Je me lancerais volontiers si je savais tricoter; hélas, tous les efforts maternels pour m'apprendre ne serait-ce que le point mousse se sont soldés par la production de vilains débuts d'écharpe qui partaient systématiquement en triangle à force de mailles sautées. Mais si j'arrive à assimiler les bases du crochet, peut-être pourrai-je faire quelque chose de similaire à Bruxelles...

*Chouchou se charge de celui destiné à Lady Pops, qui risque d'être plus long à venir, mais chuuuut!

vendredi 22 juillet 2011

"Crépin et Janvier"



Parmi le butin ramené avant-hier de chez Contrebandes, il y avait cette petite bédé de la collection dirigée par Lewis Trondheim, que j'adore. "Crépin & Janvier" est sorti en mars 2010; je m'étonne de ne pas l'avoir repéré plus tôt, mais cette regrettable omission est enfin réparée.

Avec des dessins tout simples, d'une fausse maladresse qui n'empêche pas ses personnages d'être très expressifs, Guerrive raconte l'histoire totalement loufoque du poète Crépin de Picodon et de son cousin Janvier Millemercy. Poète prolifique, le premier recherche désespérément l'incarnation terrestre de la muse à laquelle il dédie ses oeuvres depuis des années. En visite chez un noble tout juste rentré des Amériques, il croit la reconnaître en la personne de l'Indienne que le comte de Meaux a enfermée dans une cage. Malgré les avertissements de Janvier, il la délivre. Mais nos deux compères sont pris sur le fait et obligés de fuir. Pendant ce temps-là, dans le jardin d'un manoir voisin, l'excentrique et fantasque Alice trouve le message que Janvier a persuadé Crépin d'envoyer dans une bouteille...

On ne s'ennuie pas un instant au cours de cette aventure imprévisible, pleine de rebondissements et d'humour pince-sans-rire. Un petit exemple de dialogues entre les parents d'Alice, autour de la table du dîner:
- Alphonse, notre fille est cloîtrée dans sa chambre depuis trois jours.
- Je me disais bien que depuis quelque temps, cette maison jouissait d'un calme délicieux.
- Alphonse, il faut faire quelque chose!
- Vous avez raison, ma chère. Ce gratin manque terriblement de sel.
Dans "Crépin et Janvier", il y a aussi un couvent et du sexe à tire-l'arigot, un naufrage sur une île déserte et même un krokrodile. Une très chouette bédé, dont je suivrai l'auteure marseillaise avec beaucoup d'intérêt!

mardi 19 juillet 2011

"Eleven"



Cinq jours par semaine, Xavier Ireland, présentateur d'une émission de radio nocturne, dispense ses conseils avisés à des auditeurs insomniaques. Mais lui-même se garde bien d'établir quelque relation intime avec qui que ce soit depuis que, cinq ans auparavant, il a quitté Melbourne pour Londres, changeant de pays et de nom afin de laisser derrière lui un passé douloureux. Fidèle à son habitude de ne plus se mêler de la vie des autres, un soir de février enneigé, il passe son chemin alors qu'une bande de brutes tabasse un lycéen dans la rue. C'est le début d'une réaction en chaîne pareille à une chute de dominos, une série de onze incidents dont les protagonistes ne réalisent pas l'influence que chacun d'eux va exercer sur la vie des autres. La conclusion sera tragique... ou pas.

Si vous cherchez encore un bouquin à emporter dans vos bagages pour ces vacances, un livre très bien construit sans être prise de tête, une histoire pas franchement hilarante et qui réchauffe néanmoins le coeur, un roman plein de sensibilité mais pas nian-nian que vous aurez envie de dévorer d'une traite, je vous conseille de vous jeter sur "Eleven" (disponible en VO ou en français). Je n'ose pas vous en dire plus de crainte de déflorer le plaisir de la découverte, mais c'est un de mes gros coups de coeur de cet été.

lundi 18 juillet 2011

"Elinor Jones" T1 & 2



Depuis l'envoûtant "Candélabres", je suis fan d'Algésiras. Alors, quand j'ai vu qu'il qu'elle avait sorti une nouvelle série, je me suis jetée immédiatement dessus même s'il si elle n'en avait signé que le scénario. Il faut dire que les dessins d'Audrey d'Aurore, mêlant une inspiration shôjô manga au côté plus abouti de la bédé européenne, ont tout pour séduire les amateurs. Mais arrivée chez moi, quand j'ai voulu lire "Le bal de printemps", je me suis rendu compte que c'était déjà le tome 2 d'"Elinor Jones", et que le tome 1 était en rupture sur Amazon, argh! Au final, j'ai dû attendre mon passage à la Fnac de Toulouse pour en récupérer un exemplaire, que j'ai dévoré le soir même.

Elinor Jones vient d'être embauchée par la famille Tiffany, qui dirige la maison de haute-couture la plus select d'Angleterre. Dès son arrivée dans leur magnifique domaine, elle fait la connaissance de la chef d'atelier, la très jeune et immensément talentueuse Bianca, ainsi que de son frère aîné Abel. La première est rieuse et solaire, le second toujours maussade et d'un tempérament orageux. Mais lors de la préparation du premier des trois grands bals donnés chaque année par les Tiffany pour servir de vitrine à leur travail, la tension ne tarde pas à monter, et le véritable caractère de chacun se révèle peu à peu...

Les deux premiers tomes de cette future trilogie sont un ravissement avec leurs dessins pastels pleins de douceur et de poésie, ainsi que leur scénario bien rythmé qui sait ménager des surprises et entretenir un certain suspens sans en faire le seul intérêt de l'histoire. J'aurais sans doute préféré une atmosphère un peu plus gothique, un peu plus vénéneuse - bref, un peu plus "adulte". Mais telle quelle, cette "Elinor Jones" est tout à fait digne d'intérêt. J'ai hâte que sorte le tome 3 pour lever le voile sur tous les secrets de la famille Tiffany.

dimanche 10 juillet 2011

"The particular sadness of lemon cake"



Rose Edelstein a neuf ans lorsque, goûtant le gâteau au citron que sa mère vient de lui préparer, elle s'aperçoit avec horreur qu'elle perçoit le goût des émotions de cette dernière. Et que sa mère si affectueuse et si enthousiaste se sent, en réalité, profondément seule et malheureuse entre un mari qui ne la comprend pas et un fils aîné adoré mais perpétuellement distant.

A compter de ce jour, l'étrange don de Rose se met à conditionner toute sa vie. La fillette n'ignore plus rien des humeurs des cantinières de son école et, redoutant de surprendre des secrets ou d'être submergée par des émotions trop négatives, entreprend de se nourrir le plus souvent possible de junk food fabriquée par personne en particulier...

Je ne voudrais pas spoiler la suite en parlant davantage de la singulière famille de Rose. Je dirai juste que l'élément fantastique qui sert de point de départ à ce roman d'Aimee Bender, loin d'éloigner le lecteur de la réalité, met en évidence les aspects les plus poignants de celle-ci: l'incompréhension silencieuse entre les parents de l'héroïne, l'enfermement progressif de son frère, ses premiers émois amoureux à sens unique... L'écriture très simple, surtout au niveau des dialogues, n'empêche pas "The Particular Sadness of Lemon Cake" de suinter une poésie mélancolique pareille à une petite pluie fine. J'ai beaucoup aimé les passages où Rose dissèque la composition des plats qu'elle mange, identifiant l'origine des aliments et l'humeur des gens qui les ont manipulés. Et j'ai trouvé la conclusion extrêmement satisfaisante, ce qui est assez rare pour être noté.

Ce livre n'est pas encore traduit en français.

lundi 4 juillet 2011

"Les plus beaux dimanches après-midi du monde" et "Les mille et un lundis"



Attention, ces deux bouquins des éditions gruyéroises Plonk & Replonk sont de petits bijoux d'humour pince-sans-rire: des recueils de photomontages totalement absurdes, réalisés à partir de vieux clichés dont tous les sujets ont l'air impassible et flanqués de légendes invariablement tordantes, comme "La terrible épidémie de moustache de 1890" pour la couverture ci-contre.

Curieusement, j'ai de loin préféré les "lundis" aux "dimanches". Et vu la manière dont Chouchou s'est esclaffé en lisant un pauvre quart des "dimanches", je ne suis pas certaine que j'oserai lui passer les "lundis" ensuite: je redoute une crise d'hilarité mortelle. Les recueils Plonk & Replonk ne sont pas faciles à trouver en librairie hors de la Gruyérie, mais à Bruxelles, Cook & Book vend ces deux-là près des caisses du bloc A au prix de 26€ pièce. Qu'on se le dise.