lundi 26 octobre 2009

"La Marque" (Kushiel T1)


Lorsque je me suis inscrite sur Facebook en décembre dernier, une des premières choses que j'ai faites a été de télécharger l'application Visual Bookshelf qui permet de dresser des listes d'ouvrages lus en leur donnant une note et, éventuellement, en y adjoignant une critique accessible aux autres utilisateurs.

Dix mois plus tard, mon étagère virtuelle compte pas moins de 165 titres, dont 61 romans. Sur ces 61 romans, j'ai mis 5 étoiles (la note maximum) à 2 seulement: "L'ombre du vent" de Carlos Ruiz Zafon, et "La Marque", premier tome d'une trilogie de fantasy historique écrite par Jacqueline Carey.

Précisons déjà ce que j'entends par "fantasy historique". Il s'agit d'un récit de fiction qui se déroule dans un univers médiéval différent du nôtre (même si sa carte a été clairement calquée sur l'Europe), et dans lequel on ne retrouve aucune créature tolkiennisante tels qu'elfes graciles, nains bourrus ou orcs qui puent du bec. La magie y est également absente, à l'exception du pouvoir de divination très peu "donjon-et-dragonnesque" que possèdent les Tsinganos. Ce qui fait de Kushiel une très bonne série pour initier à la fantasy les lecteurs avides de belles histoires épiques mais un peu réfractaires au côté "chevaliers, sorcières et dragons".

Que trouve-t-on alors dans "La Marque"? Des intrigues politiques aussi retorses que passionnantes (et vous pouvez me faire confiance: d'ordinaire, ce genre de chose me fait l'effet d'un Lexomil). De l'aventure épique, pleine de sexe et de sang, de ruse et de violence, d'amour et de mort. Une religion basée sur la prostitution et le plaisir, qui enjoint ses adeptes à "aimer comme ils l'entendent". Et surtout, des flopées de personnages hauts en couleurs, aux passions vibrantes et dévastatrices, dont l'héroïne n'est évidemment pas le moindre.

Phèdre nò Delaunay est une anguissette. Marquée par le signe du dieu Kushiel, elle possède un don très rare qui lui vaut d'éprouver le plaisir dans la souffrance - ce qui fait d'elle une courtisane convoitée et une espionne exceptionnelle. Bien qu'élevée depuis l'enfance pour servir, c'est une jeune femme au caractère bien trempé, loyale envers sa patrie et ceux qu'elle aime, torturée par les trahisons que son "don" lui fait commettre malgré elle. Autour d'elle s'agitent une foule de courtisans opportunistes, de poètes au passé mystérieux, de nobles comploteurs, de seigneurs barbares, de guerriers aux motivations obscures et d'amis rares mais dévoués. Par leur intermédiaire, elle va se retrouver mêlée à un complot visant à déstabiliser le trône de son cher pays de Terre d'Ange...

Difficile d'en raconter davantage sans déflorer l'intrigue de ce roman que les lecteurs de Bragelonne ont élu meilleur livre publié en 2008 par l'éditeur (sur plus d'une centaine). Mais si vous aimez les histoires haletantes et les héroïnes inoubliables, et si les gros pavés, loin de vous faire peur, vous mettent en appétit, foncez: je vous garantis que vous ne serez pas déçus.

mardi 13 octobre 2009

"Accès direct à la plage"


A Monpatelin, une pièce entière est consacrée à ma bibliothèque. Et elle est pleine à craquer. Comme je continue à acheter des livres à un rythme infernal et que je n'ai aucune intention d'investir dans un manoir pour les loger, j'ai instauré la règle suivante: "One in, one out". En d'autres termes, pour chaque bouquin lu que je décide de garder, je dois me séparer d'un autre moins aimé. Ainsi ma bibliothèque présente-t-elle une sélection de plus en plus pointue des ouvrages qui ont jalonné ma vie.

Comme je suis tout à fait incapable de jeter des livres, j'attends généralement d'en avoir de quoi remplir un sac recyclable et je porte le tout chez un bouquiniste. Ainsi, je récupère quelques euros et d'autres gens pourront profiter de mes bouquins nickel à bas prix. A priori, c'est un bon plan. Sauf que de temps en temps, au lieu de repartir avec mes 20 ou 30€ en poche, je les réinvestis directement dans des livres d'occasion.

Voilà comment j'ai fait l'acquisition de ce premier roman de Jean-Philippe Blondel, auteur découvert il y a quelques années avec son "Juke Box" et suivi avec intérêt depuis lors. J'aime beaucoup sa façon de faire revivre le passé, à l'aide de petits détails évocateurs et d'émotions universelles. "Accès direct à la plage" n'est pas bien épais, et je pensais n'y trouver que des souvenirs de vacances délicieusement nostalgiques. En réalité, ce roman a bien plus à offrir. Au fil des ans et des lieux de villégiature estivale, différents personnages se racontent, et on s'aperçoit bientôt que chacun d'eux est lié à au moins un des autres d'une façon parfois émouvante, parfois troublante ou carrément dérangeante. Ainsi les récits individuels tissent-ils la trame d'une histoire plus vaste et plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord. Ce côté "puzzle" qui m'a rappelé "Triste revanches" de Yoko Ogawa fait d'"Accès direct à la plage" un excellent bouquin de sac à savourer petit morceau par petit morceau.

dimanche 11 octobre 2009

"L'anniversaire de la salade"


Comme le haïku auquel il a donné naissance, le tanka est une forme de poésie japonaise extrêment codifiée dans sa forme et qui, au niveau du fond, se doit de capturer un instant fugace vécu personnellement par l'auteur. Quelque peu négligé de nos jours, il a suscité un récent regain d'intérêt grâce à ce recueil publié par Machi Tawara, une jeune institutrice qui y raconte son quotidien et ses émois avec une délicatesse toute frémissante.

"L'Anniversaire de la salade" n'est ni aussi juvénile ni aussi sucré que sa couverture française le laisse supposer, mais il possède une fraîcheur indéniable qui fait que l'on tourne et retourne longuement chacune de ses strophes dans sa tête, comme on laisserait fondre lentement un carré de très bon chocolat sur sa langue pour mieux le déguster. La joie d'être en vie et les élans amoureux se mêlent avec bonheur à une certaine mélancolie lucide; les réflexions profondes côtoient harmonieusement des considérations très terre-à-terre. En refermant ce livre, je me suis dit que j'aurais adoré être amie avec son auteure. Et aussi que j'avais encore beaucoup de progrès à faire en matière d'écriture.

jeudi 1 octobre 2009

"Joséphine 2: Même pas mal" et l'Agenda 2010 de Pénélope


Le premier tome de "Joséphine" m'avait inspiré une réaction mitigée. Le second m'a davantage plu, et même arraché quelques éclats de rire. Mais je maintiens qu'il lui manque l'ironie mordante et la mauvaise foi caractérisée qui ont fait le succès mérité de la Vie Fascinante de l'auteure. Au lieu de ça, sans doute pour tenter de créer un personnage fictif vraiment différent d'elle, Pénélope Bagieu continue de puiser à la source intarissable des clichés Cosmopolitan sur les Bridget Jones d'aujourd'hui. Le résultat est fort sympathique mais pas fracassant.

Par contre, je craque littéralement pour son Agenda 2010 vendu au prix ridicule de 8€. A peine plus gros qu'un livre de poche, muni d'une solide couverture cartonnée et d'un marque-page en satin gris, il est bourré de dessins originaux: un pour annoncer chaque mois, et d'autres pour illustrer les listes que Pénélope nous propose de dresser tout au long de l'année ("Les pires daubes que j'ai vues au cinéma", "Les choses les plus stupides que j'ai pu faire par amour", "Les mauvaises idées que j'ai eues en matière de look"*, "Les super-pouvoirs que j'aimerais avoir", "Les chansons honteuses que je connais par coeur", "Les choses que je ferais avec 1 million d'euros"...). Je sens que je vais beaucoup m'amuser à le remplir.

*Là, j'ai peur qu'une page ne suffise pas, ou alors je vais devoir écrire tout petit petit...