lundi 25 avril 2011

"La ballade de Lila K"



Des hommes en noir font brutalement irruption dans un appartement. Sans une explication, ils maîtrisent et emmènent une femme hurlante. La fillette de celle-ci est conduite dans un centre de rééducation. Elle ne supporte ni la lumière du jour, ni le moindre contact physique et ne se sent en sécurité que lorsqu'elle dort sous son lit. Petit animal asocial, Lila est pourtant redoutablement intelligente. Au fil des ans, elle va jouer un double jeu avec ceux qui la surveillent et faire semblant de devenir "normale" pour être jugée apte à la vie au dehors. Une seule chose la fait tenir debout: le désir de retrouver cette mère tant aimée dont l'administration a effacé tout lien avec elle... Pourquoi?

Après "Une pièce montée" qui dressait le tableau grinçant d'une noce, Blandine Le Callet opère un virage radical avec ce deuxième roman qu'on pourrait presque qualifier de "science-fiction sociale". J'ai eu beaucoup de mal à me plonger dans le futur proche qu'elle décrit, un futur hygiéniste à l'extrême sur lequel plane une ambiance à la "1984". Nous sommes en 2100 et des poussières. Paris est désormais entouré d'une muraille à l'intérieur de laquelle les habitants vivent sous haute surveillance. Les autorités régulent jusqu'aux aspects les plus intimes de leur vie, notamment la procréation qui n'est autorisée que pour les couples répondant à des critères très stricts. Il n'y a plus guère de place pour les libertés individuelles... Oui, mais au-delà du mur, c'est la Zone sur laquelle circulent des rumeurs effrayantes et où nul n'a envie de se voir relégué sans aucune perspective d'avenir.

Autant dire qu'entre l'époque et l'histoire personnelle de l'héroïne, l'ambiance est plutôt plombée, quasiment déshumanisée. J'ai peiné à atteindre la page 100. Mais une fois le décor mis en place, l'atroce solitude de Lila est peu à peu brisée par diverses rencontres avec des personnages qui, chacun à leur manière, vont l'aider dans sa quête. Et au lieu de refermer sa "Ballade" sans la finir, je me suis mise à la dévorer de plus en plus vite, curieuse de découvrir le sort que l'auteur lui réservait. S'adapterait-elle à la vie en société? Saurait-elle préserver ce qui la rendait si singulière? Parviendrait-elle à retrouver sa mère et à lever le voile sur les premières années de sa vie? Je ne veux pas révéler la fin de ce roman qui m'a happée presque malgré moi; aussi, je dirai seulement que je l'ai trouvée poignante par l'équilibre entre horreur et espoir que Blandine Le Callet parvient à atteindre. Un seul petit regret: des pistes sont esquissées qui demeurent en suspens. Il y aurait presque matière à envisager une suite...

mardi 19 avril 2011

"Chevalier de l'ordre du mérite"



Il y a quelques années, j'avais lu et bien aimé "Il n'y a pas beaucoup d'étoiles ce soir". Avec recul et ironie, Sylvie Testud y racontait son quotidien d'actrice dans ses aspects les plus terre-à-terre et les moins glamour. Du coup, quand j'ai vu que son dernier roman "Chevalier de l'ordre du mérite" récoltait d'excellentes critiques dans les magazines féminins que je dévore au kilo pendant les longs trajets en train Bruxelles-Monpatelin, je me suis autorisée à craquer.

J'aurais mieux fait de m'abstenir. "Chevalier de l'ordre du mérite" est un livre d'une vacuité abyssale. Son héroïne, une control freak doublée d'une workaholic, s'agace de ce que son petit ami ne ramasse pas les miettes de son goûter, obtient une grosse promotion, avorte parce que ce n'est pas le moment d'avoir un enfant et se prend la tête pour trouver une femme de ménage à la hauteur de ses attentes. C'est tout. Et ce n'est même pas drôle ou spécialement bien écrit. Le style n'est pas simple et percutant: il est juste pauvre à pleurer.

J'ai tenu jusqu'au bout parce que ça se lisait vite et que j'espérais qu'il allait enfin se passer quelque chose, mais que dalle. Enfin si: l'héroïne finit par larguer son petit ami parce que ce sera plus facile de garder un appart nickel sans lui - ce qu'on voyait arriver depuis le début du bouquin. Malheureusement, Sylvie Testud confirme ici ma théorie qu'on peut être très intéressant quand on raconte sa propre vie, et totalement nul pour écrire de la fiction.