mardi 28 décembre 2010

"A game of thrones"


Des mois et des mois que j'hésitais à me lancer dans la fameuse saga du Trône de Fer, réputée excellente mais longue et surtout inachevée à ce jour. J'ai fini par craquer pendant les vacances de Noël, alors que je séjournais chez mes parents où il n'y avait pas grand-chose d'autre à faire que bouquiner. Le premier tome m'a, entre autres choses, tenu compagnie pendant que mon père passait une IRM à la clinique où je l'avais accompagné, et occupée pendant un très long trajet Toulouse-Paris en Corail à compartiment couchettes. Il m'a également fait veiller beaucoup trop tard certains jours où j'aurais dû me coucher de bonne heure pour être en forme le lendemain, mais passons.

"A song of fire and ice" (titre originel de la saga de George R. R. Martin) raconte la rivalité de deux familles nobles, les Stark et les Lannister, durant un conflit visiblement inspiré de la Guerre des Roses. Bien que résolument médiéval-fantastique, l'univers est assez pauvre en magie et en créatures imaginaires: pas l'ombre d'un elfe, d'un orc ou d'un troll à l'horizon, et le seul nain de l'histoire est juste un humain infirme. Malgré cela, on ne s'ennuie pas une seule seconde tant l'intrigue regorge de manigances retorses et de rebondissements inattendus. L'auteur n'hésite pas à tuer ses héros dans des circonstances tragiques et sans espoir de retour, de sorte qu'il est difficile de prévoir la suite des événements. Et ça, j'adore.

Chaque chapitre présente le point de vue d'un personnage différent. J'imagine que cet éclatement pourrait rebuter certains lecteurs; pour ma part, j'ai juste trouvé qu'il ajoutait à la richesse de la narration. Les destins s'entremêlent sans forcément se croiser, ce qui permet d'avoir un point de vue d'ensemble de la situation. Une petite critique tout de même: les personnages m'ont paru un peu manichéens, presque archétypaux pour certains - Eddard Stark le seigneur noble de coeur autant que de titre; Arya le garçon manqué; Cersei la reine décadente et cruelle... D'autres sont plus nuancés, comme Tyrion Lannister ou Daenerys la descendante des dragons. Mais au crédit de l'auteur, tous évoluent de façon crédible au fil des pages, et quand on les quitte à la fin d'un chapitre, on a hâte de les retrouver pour voir vers où les conduiront leurs choix.

Un autre point fort de cette saga, c'est le style de son auteur. George R. R. Martin écrit superbement bien. J'ai relu plusieurs fois à voix haute la phrase suivante, sur un ton émerveillé, à Chouchou qui ne semblait guère touché par sa beauté: "Daenerys Targaryen wed Khal Drogo with fear and barbaric splendor in a field beyond the walls of Pentos, for the Dothraki believed that all things of importance in a man's life must be done beneath an open sky". Je ne sais pas si le traducteur français de la saga a fait du bon boulot, mais je l'envie d'avoir travaillé sur un texte pareil. En conclusion, si vous êtes amateur d'heroic fantasy, vous ne devez pas passer à côté de cette saga qui se classe d'emblée parmi ce que j'ai lu de meilleur dans le genre.

"A song of fire and ice" book 1: "A Game of Thrones" (VF: "Le Trône de fer - Intégrale, Tome 1")

mercredi 22 décembre 2010

"La symphonie du temps qui passe"


Jamais encore je n'avais lu roman si prometteur et, au final, si décevant. Poussé par la curiosité, Green Talbot quitte le village endormi où il a vu le jour afin de parcourir le monde pour satisfaire sa soif d'expériences nouvelles. Son voyage initiatique l'amènera à parcourir deux continents durant une période charnière du XXème siècle. Green apprendra à parler aux oiseaux et à respirer comme les poissons, croisera au large de l'île où s'échouent tous les messages en bouteille jamais parvenus à leur destinataire et se mettra à vieillir en accéléré lorsque le ciel lui tombera (littéralement) sur la tête...

Avoir tant de bonnes idées de personnages originaux et d'aventures poétiques pour se contenter de les jeter sur le papier en les détaillant à peine plus que dans un synopsis, puis arrêter brutalement le récit de la vie du héros au moment où, âgé de trente-et-un ans à peine, il rencontre la femme de sa vie et se fait menacer d'un pistolet sur la tempe par son beau-père putatif, ça sent le poil de mammouth dans la main de l'écrivain. On dirait qu'arrivé au premier tiers de son ébauche, Mattia Signorini s'est désintéressé de la fable initiatique et surréaliste pourtant très prometteuse qui avait germé dans son esprit et qui aurait facilement pu donner matière à un roman palpitant d'un millier de pages. La lecture de "La symphonie du temps qui passe" m'a remplie d'une frustration dont je vais avoir beaucoup de mal à me remettre.

mardi 21 décembre 2010

"Mamika"


Pour sortir de la dépression sa grand-mère âgée de 90 ans, le photographe Sacha Golberger décide d'en faire le modèle d'une série de photos à l'humour complètement décalé. On y voit Mamika ("petite grand-mère" dans son hongrois natal) fumer des Knacki et des bananes, faire du vélo d'appartement sur la place de l'Etoile, planter un clou avec une éponge, improviser des jumelles avec deux rouleaux de PQ, boire son thé dans une bouillotte, transformer son frigo en garde-robe, descendre ses escaliers à ski, se laisser draguer par un poulet, suspendre sa salade avec des pinces à linge pour l'égoutter ou faire du stop pour Gotham City déguisée en super héroïne. C'est irrésistible de drôlerie et de tendresse. Un ouvrage à mettre entre les mains des petits comme des grands.