lundi 2 avril 2012

"Sans âme"



Pour mes lectures personnelles, j'évite assez soigneusement tout ce qui ressemble à de la fantasy ou à de la bit-lit: j'aurais l'impression d'apporter du boulot dans mon lit. Il m'arrive néanmoins de consentir une exception pour des séries qui sortent de l'ordinaire: "Game of Thrones" ou "Kushiel" dans la première catégorie, et dans la seconde, "Queen Betsy" (pas transcendante, mais drôle) ou plus récemment "The parasol protectorate" (en français: "Le protectorat de l'ombrelle"), repéré suite à un billet de ma copine Isa.

La série de Gail Carriger a pour cadre un Londres victorien alternatif, légèrement steampunkisé, où vampires et loups-garous sont acceptés dans la bonne société; ils ont même leur propre ministère! Les premiers sont organisés en ruches dirigées par une reine, et les seconds en meute sous le contrôle d'un mâle alpha. Les humains normaux n'ont pas à craindre qu'ils prolifèrent indûment, car la plupart des candidats ne survivent pas à la transformation. Seuls ceux qui possèdent un excès d'âme (les artistes, notamment) ont quelque espoir de devenir un jour une créature surnaturelle. Face à eux et considérablement plus rares, on trouve les paranaturels qui n'ont pas d'âme du tout et qui, pour cette raison, annulent au contact les pouvoirs des vampires comme des loups-garous.

Mademoiselle Alexia Tarabotti est justement l'un de ces êtres exceptionnels, et remarquable à plus d'un titre. De son père italien, elle a hérité un teint un peu trop sombre, un nez un peu trop fort et surtout un caractère beaucoup bien trop trempé. A 26 ans, elle est encore vieille fille et n'a guère d'espoir de se marier. Elle se console en se passionnant pour les sciences ou la politique, des centres d'intérêt assez peu convenables pour une lady. Jusqu'au jour où, inexplicablement agressée par un vampire nouveau-né dans une bibliothèque où elle n'aspirait qu'à boire une tasse de thé tranquille, elle est obligée de l'occire à coups d'ombrelle...

J'ai eu, moi aussi, un énorme coup de coeur pour cette série. Non que l'intrigue de "Sans âme", son premier tome, soit exagérément palpitante. Le livre vaut essentiellement par son univers et par sa merveilleuse héroïne. Mademoiselle Alexia Tarabotti est une femme de caractère à qui sa famille a toujours fait croire qu'elle était laide et insupportable; en conséquence de quoi, malgré sa langue bien pendue et ses vastes connaissances, elle souffre d'un assez gros manque d'estime de soi. Et n'ayant aucune expérience amoureuse, même si elle a aperçu quelques planches anatomiques dans les livres de son père, elle fait preuve d'une naïveté hilarante lorsque Lord Maccon, l'alpha de la meute locale, entreprend de lui manifester son intérêt de manière très... tactile. On a beau se douter dès le premier chapitre que ces deux-là finiront ensemble, leurs joutes verbales (et les réactions d'Alexia, incapable de croire qu'un homme puisse vouloir d'elle) sont tout simplement hilarantes.

J'ai passé un si bon moment avec ce "Sans âme" que j'ai aussitôt commandé les quatre tomes suivants de "The parasol protectorate" parus à ce jour en VO (deux d'entre eux - "Sans forme" et "Sans honte" - sont déjà disponibles en français, et il me semble que le suivant sort ce mois-ci chez Orbit). Je ne manquerai pas de vous dire si la série tient les promesses de son ébouriffant tome 1.

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