mercredi 2 mai 2018

"Une mère" (Alejandro Palomas)


Barcelone, le 31 décembre. Amalia est sur des charbons ardents avec dans les yeux tout le désir que cette soirée soit réussie. Après tant de tentatives ratées, ils seront tous là ce soir à sa table. Fernando, son fils, Silvia et Emma, ses deux filles, Olga, la compagne d'Emma, et l'oncle Eduardo. Un septième couvert est dressé, celui des absents. Chacun semble arriver avec beaucoup à dire ou tout à cacher. Un dîner sans remous? Impossible dans cette famille fantasque, imprévisible, excessive jusqu'à l'explosion. Entre excitation, rire tendresse et frictions, rien ne se déroulera comme prévu. Mais tous vont rire, pleurer et s'aimer quoi qu'il advienne. 

La chronique familiale déjantée, c'est un exercice auquel de nombreux écrivains se sont essayés avec un succès variable. Quand on manie personnages hauts en couleur et révélations en série, il est facile de tomber rapidement dans la caricature ou le manque de crédibilité. Alejandro Palomas, lui, se tire de cet exercice de haute voltige avec une agilité de funambule, alternant scènes du réveillon et souvenirs des années précédentes sans jamais cesser d'osciller entre l'humour et l'émotion. Avec ses abracadabrantes envolées oratoires, son incapacité à voir le mal où que ce soit et son optimise à tout crin, la maman du titre est aussi touchante qu'exaspérante. Autour d'elle, son frère et ses enfants tous cabossés par la vie se chamaillent sans se ménager mais sont là les uns pour les autres quoi qu'il arrive. Leur famille dysfonctionnelle, marquée par les drames petits ou grands, reste un refuge ultime - le filet de sécurité de chacun. C'est rare qu'un livre me fasse pleurer de rire et pleurer tout court en l'espace de quelques pages seulement, mais "Une mère" y est parvenu. Plusieurs fois. 

Traduction de Vanessa Capieu

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