jeudi 14 juillet 2016

"Le monde caché d'Axton House" (Edgar Cantero)


Suite au suicide d'Ambrose Wells, un lointain cousin d'Amérique qui s'est défenestré à l'âge de 50 ans comme son père avant lui, A. hérite du gigantesque et mystérieux manoir nommé Axton House. Il y débarque avec Niamh, jeune Irlandaise muette que sa tante Liza a chargée de veiller sur lui. Dès les premiers jours, il découvre que le majordome s'est enfui, que le défunt a laissé des instructions codées et qu'une grande réunion avait lieu à Axton House chaque année au moment du solstice d'hiver. Il commence également à faire des rêves récurrents aussi vivaces qu'inquiétants. Et que dire de la présence qui semble hanter la salle de bain? 

Je suis une hyper-rationnelle qui aime, le temps de ses lectures, croire à la possibilité de phénomènes paranormaux, à l'existence de dimensions invisibles pour l'oeil humain. Des histoires d'occultisme, j'en ai lu énormément sur la fin de mon adolescence. Leurs intrigues prometteuses à la base se révélaient généralement boiteuses ou décevantes et me laissaient frustrée à la fin. Au bout d'un moment, j'ai estimé avoir fait le tour du genre, et j'ai plus ou moins abandonné. Jusqu'à ce que j'entende dire beaucoup de bien du roman d'Edgar Cantero et que je profite de sa sortie en poche pour en faire l'acquisition. Je me préparais à être déçue cette fois encore et... c'est tout le contraire qui s'est produit. 

Immédiatement, j'ai été séduite par la narration déstructurée, composée d'extraits de carnets intimes, d'extraits d'ouvrages scientifiques, de lettres et de retranscriptions d'enregistrements audio ou vidéo à partir desquels le lecteur peut sans peine suivre le fil du récit. Et mon intérêt n'a jamais faibli tout au long des 500 pages du roman, tandis que l'auteur convoquait tous les poncifs du genre - manoir lugubre en plein hiver, fantômes créés par une ancienne tragédie, rêves hallucinatoires, expériences sur la télépathie, portes dérobées, messages codés, jeu de piste à travers le monde, sociétés secrètes, références à la mythologie - et les mélangeait avec assez d'habileté pour former un tout cohérent autant que bourré de suspens. Certains éléments m'ont évoqué "Malpertuis" ou "La maison des feuilles", d'autres "Le projet Blair Witch", d'autres encore l'oeuvre de H.P. Lovecraft et certaines campagnes du jeu de rôles "L'appel de Cthulhu". Dosés à la perfection, ils créent une sorte de murder party surnaturelle et haletante. Quant à la fin, le moment toujours si casse-gueule dans ce type de roman... Je dirais qu'elle peut se décomposer en trois volets; j'ai adoré le premier, trouvé le deuxième un peu trop abrupt et été franchement scotchée par l'épilogue. Bref, "Le monde caché d'Axton House" est une grande réussite, et sans doute mon roman préféré depuis le début de l'année. 

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