Fille de bonne famille anglaise, Charity Tiddler grandit au 3ème étage d'une grande demeure entre un père quasi-muet, une mère jalouse qui voudrait la garder rien que pour elle, le fantôme de ses deux grandes soeurs mortes à la naissance, une bonne probablement pyromane et certainement cinglée, et une ménagerie d'animaux sans cesse renouvelés: crapauds, souris, lapins et canards sauvés de la casserole... Sa curiosité scientifique la pousse à réaliser maintes expériences; sa solitude l'incite à apprendre par coeur des pièces entières de Shakespeare; sa créativité s'exprime dans de merveilleuses aquarelles de ses petits compagnons; sa volonté de s'améliorer sans cesse lui fait écrire des lettres pleines d'objectifs à son "moi" de dans 3 ans. Le temps passe. Au lieu de devenir une oie gloussante comme ses cousines et de chercher un beau parti à épouser, Charity cultive son côté sauvage et se donne les moyens de devenir une jeune femme indépendante...
Fabuleuse surprise que ce pavé publié en 2008. Bien que signé d'une auteure française, il imite délicieusement le style d'un roman anglais de la fin du XIXème siècle. Son héroïne, dont on peut croire un instant qu'elle va jouer un remake des "Malheurs de Sophie", révèle vite un caractère fort et bien à elle, une intelligence aiguë mâtinée d'une totale absence de sentimentalisme ou de grâces sociales et assortie d'un humour pince-sans-rire proprement hilarant. Sa réussite professionnelle évoque très fort une figure majeure de la littérature enfantine anglaise: Beatrix Potter. Pour autant, "Miss Charity" ne baigne pas dans une atmosphère sucrée. Bien que menant une existence matériellement confortable, elle souffre de neurasthénie et est confrontée à diverses tragédies dans son entourage proche. J'ai passé quelques heures délectables à suivre sur plus de 20 ans ses aventures enjolivées par les aquarelles de Philippe Dumas. Une pépite de roman jeunesse qui, à mon avis, devrait plaire encore plus aux adultes qu'au public auquel il est destiné.
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