mercredi 28 mai 2014

"Les vieux fourneaux T1: Ceux qui restent"


Ce sont trois amis d'enfance. Il y a d'abord Pierrot, le syndicaliste anarchiste qui, à la tête d'une bande d'aveugles, fout le boxon dans les réceptions huppées ou glisse des allumettes dans les serrures des agences bancaires pour empêcher leur ouverture. Il y a Mimile, qui moisit maintenant à dans une maison de retraite au nom malheureux de Meuricy, mais qui a fait trois fois le tour du monde en bateau et dont le corps est entièrement couvert de tatouages. Et puis il y a Antoine qui vient de perdre sa bien-aimée Lucette - Lucette le feu follet qui faisait tourner les têtes dans leur jeunesse, Lucette qui a quitté la grande entreprise pharmaceutique où ils s'étaient rencontrés pour créer un petit théâtre de marionnettes appelé le Loup en Slip et sillonner les routes de campagne au volant d'une camionnette rouge. Quand, le lendemain des obsèques, Antoine ouvre la lettre qu'elle lui avait laissée et apprend le secret qu'elle lui cachait depuis plusieurs décennies, il voit rouge. Attrapant son fusil, il se lance dans un road trip vengeur, direction la Toscane...

Certaines personnes craquent devant les bébés. Moi, ce sont les personnes âgées qui m'émeuvent - au point que j'ai fait du bénévolat auprès d'elles avec les Petits Frères des Pauvres, il y a fort longtemps. Et puis j'avais récemment lu et adoré une autre histoire de Lupano (le tome 2 d'"Azimut"). Alors, je me suis laissé tenter par cette nouvelle série dessinée par Cauuet, et je ne l'ai pas regretté. Dans "Les vieux fourneaux", il y a de la critique sociale, des personnages hauts en couleur, des dialogues hilarants, de l'amitié qui fait chaud au coeur, des situations cocasses et de la nostalgie qui ne vire jamais à l'apitoiement. La page 21, complètement muette, montre Antoine en train de rêver à ses jeunes années avec Lucette en serrant contre son coeur une des marionnettes de son théâtre. Je suis tombée en arrêt dessus, et mes yeux se sont remplis de larmes d'émotion. Trois pages plus tard, je me mettais à rire aux éclats (ce qui m'arrive très rarement en lisant), et je n'arrêtais plus jusqu'à la fin. J'ai ponctué ma lecture d'au moins une dizaine de "Formidable, cette bédé est vraiment formidable". Son côté humaniste m'a fait penser aux histoires de Zidrou. Mais la gouaille de ses héros, Pierrot en tête, n'appartient qu'à eux. Un énorme coup de coeur que je vous recommande très chaudement. 

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