Pendant un peu plus d'un an, la Canadienne Julie Delporte a tenu aux crayons de couleur uniquement un journal dessiné dans lequel elle raconte sa rupture avec son compagnon, l'étrange période de flottement qui suivit, puis son départ en résidence d'artiste dans le Vermont. Bien qu'elle soit plutôt avare de mots et d'explications, une très grande sincérité se dégage de son oeuvre, et on perçoit très bien son désarroi entre les lignes, sa sensation d'être à la dérive.
J'ai toujours considéré que les auteurs qui racontaient leur propre vie se livraient à un exercice d'une insupportable vanité, que seule la fiction (fût-elle inspirée de leurs expériences personnelles) avait une réelle valeur littéraire. Pourtant, ce type de "confessions intimes" est ce que je recherche en premier lieu dans les blogs que je lis, pour sa dimension humaine et l'empathie qu'il suscite. Et j'ai réalisé que c'était un peu étrange de mépriser en librairie ce que je trouve si intéressant sur internet, comme si l'autobiographie était un plaisir voyeuriste et coupable, le Voici qu'on feuillette honteusement debout dans le rayon. Alors qu'elle nécessite plus de courage que d'exhibitionnisme, la capacité de se montrer sans fard dans une vérité pas toujours reluisante, de s'exposer à des critiques et des jugements très personnels. Et qu'elle aide le lecteur à mettre de l'ordre dans ses sentiments ou son vécu, qu'elle lui permet de se sentir un peu moins seul face à ses difficultés. Ce n'est pas parce qu'une expérience est banale (quoi de plus commun qu'une rupture amoureuse?) qu'elle est forcément inintéressante. Au contraire, sa banalité même peut faire sa force, si elle est bien racontée.
J'ignore pourquoi c'est cette lecture-là et pas une autre qui m'a fait prendre conscience que parler de soi n'est pas un exercice facile et un pur acte nombriliste dénué d'intérêt. Peut-être parce que je suis en pleine période de remise en cause créative... Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup aimé cette bande dessinée dont la tristesse se pare de tant de couleurs.
J'ignore pourquoi c'est cette lecture-là et pas une autre qui m'a fait prendre conscience que parler de soi n'est pas un exercice facile et un pur acte nombriliste dénué d'intérêt. Peut-être parce que je suis en pleine période de remise en cause créative... Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup aimé cette bande dessinée dont la tristesse se pare de tant de couleurs.
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