Quand cet album a remporté le Fauve d'Angoulême 2012, j'y ai jeté un coup d'oeil et j'ai été immédiatement rebutée par le dessin, avec sa dominante trop jaune et ses couleurs trop fondues à mon goût. Depuis, j'ai eu l'occasion de lire un autre album (noir et blanc, celui-là) de Pedrosa: "Trois ombres", et de tomber sous le charme de son atmosphère très particulière.
Lors de mon dernier passage à Brüsel, je cherchais quelque chose à lire tout de suite dans un café, parce que j'avais du temps à tuer et pas de bouquin dans mon sac. Je ne sais pas pourquoi j'ai de nouveau feuilleté "Portugal", mais cette fois, au lieu de me sembler "pas nettes", ses couleurs m'ont au contraire paru subtiles et pleines de sensibilité. Comme quoi les goûts évoluent - les miens, en tout cas. J'ai quand même hésité: c'était un énorme pavé, il coûtait 35€, et mes précédents choix au hasard n'avaient pas été très heureux. Puis finalement, je me suis laissée tenter.
J'ai été récompensée par deux heures de pur bonheur de lecture.
Simon Muchat, la petite trentaine, est un auteur en panne d'inspiration. Il n'a plus envie d'écrire des livres, et pas vraiment envie d'acheter une maison avec sa petite amie Claire. Il n'est pas malheureux: simplement, aucun élan ne le porte. Il est incapable de choisir une direction et de s'y engager. Un jour, il est invité à un micro-festival de bande dessinée qui a lieu au Portugal. Des souvenirs des vacances que, gamin, il passait dans ce pays ressurgissent alors...
"Portugal", c'est l'histoire d'un homme qui se cherche. Rien de plus, rien de moins. Pour sonner si juste, j'imagine qu'elle retranscrit beaucoup des questionnements personnels de l'auteur. Mais elle le fait d'une manière particulièrement délicate et lumineuse, qui m'a charmée de bout en bout. Pavé ou pas, j'aurais voulu que cet album ne se termine jamais.
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