samedi 19 novembre 2011

"Chaque soir à 11 heures"



"Willa Ayre s'est classée dans la catégorie des filles que les garçons ne voient jamais, des insignifiantes, des petits chats caustiques mais frileux. Iago, lui, attire tous les regards. Il est le garçon dont rêvent toutes les filles du lycée. Dès la rentrée, Iago pose les yeux sur Willa et la choisit. Mais à une fête, Willa rencontre le bizarre et ténébreux Edern. Dès lors, sa vie prend une tournure étrange. De la grande maison obscure cachée au fond de l'impasse, la jeune fille doit découvrir les secrets, sonder son coeur, et faire un choix..."


Famille excentrique dont les parents brillent par leur absence, maison atypique et pleine de caractère, personnages attachants, inventivité langagière... On retrouve dans "Chaque soir à 11 heures" tous les ingrédients qui m'ont fait adorer "Quatre soeurs" et beaucoup aimer "Sombres citrouilles". Pourtant, ici, j'ai trouvé que la sauce prenait moins bien.

L'histoire vaut mieux que ce que le texte de présentation ou la couverture rose (catégorie "amour"!) le laissent supposer. Mêlée à une histoire qui la dépasse, Wilhelmina dite Willa ne se contentera pas de démêler les fils de ses premiers émois amoureux: elle échappera à pas moins de quatre tentatives d'assassinat avant qu'éclate une vérité digne d'un polar très correct. C'est une héroïne maligne et un peu décalée comme la plupart des personnages de Malika Ferdjoukh, dotée d'un humour pince-sans-rire comme je les aime, passionnée de jazz et de vieux films d'horreur.

Deux choses m'ont tout de même posé problème par rapport aux autres livres suscités de l'auteur. D'abord, j'ai trouvé que le point de vue unique et à la première personne appauvrissait la narration. Ensuite, pour la première fois, le style de Malika Ferdjoukh m'a semblé maladroit. Je ne supporte pas du tout qu'on mélange allègrement le passé composé et le passé simple dans une même unité d'action. "Quand Edern a braqué le rond de sa lampe sur lui, ses yeux jetèrent deux étincelles jaunes", désolée, ça ne passe pas. Ensuite, mêler dans la bouche d'un même personnage des termes modernes argotiques tels que "zboob" ou "zyva" et un vocabulaire bien trop sophistiqué pour une ado de dix-sept ans, ça manque de cohérence. Et puis une gosse de dix ans qui invente ses propres verbes à partir de noms ou d'adjectifs ("On va pommedamourer à gogo, et pantagrueler de gaufres et de crêpes, ça te dit?"), je trouve que ça sonne moyennement vraisemblable.

En résumé, pas un mauvais bouquin, loin de là, mais pas non plus une lecture indispensable, y compris pour les fans de Malika Ferdjoukh.

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