
Je suis quelqu'un qui, d'ordinaire, s'attache aux personnages davantage qu'aux histoires. Ici, entre un jeune héros incestueux et vaguement pitoyable, son antagoniste charismatique mais monstrueusement immoral et une femme fatale presque dénuée de substance, il m'a été impossible de le faire. Restait ce que la quatrième de couverture promettait comme "le vertigineux kaléïdoscope (qui) met en perspective changeante les séductions multiformes d'un récit dont le motif central ne cesse de se déplacer". Comprendre: quatre parties toutes écrites d'un point de vue différent, et censées s'emboîter les unes dans les autres telles les pièces d'un puzzle. Sauf qu'arrivé à la dernière page d'"Invisible", le lecteur reste sur sa faim, avec trop de questions en suspens pour se sentir satisfait. Les personnages de Paul Auster ont toujours conservé une certaine part de mystère; ici, l'absence de certitudes à leur sujet ne les rend pas tant insaisissables qu'incohérents. Adam Walker a-t-il oui ou non eu une liaison avec sa propre soeur? Qu'est-ce qui a poussé Rudolph Born à l'approcher lors de cette soirée new-yorkaise, puis à lui proposer de créer un magazine littéraire? Nous ne le saurons jamais, et du coup, "Invisible" nous laisse un goût d'inachevé, d'inabouti.
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