dimanche 10 janvier 2016

"La passe-miroir T2: Les disparus du Clairdelune" (Christelle Dabos)


Fraîchement promue vice-conteuse, Ophélie découvre à ses dépens les haines et les complots qui couvent sous les plafonds dorés de la Citacielle. Dans cette situation toujours plus périlleuse, peut-elle seulement compter sur Thorn, son énigmatique fiancé? Et que signifient les mystérieuses disparitions de personnalités influentes à la cour? Ophélie se retrouve impliqué malgré elle dans une enquête qui l'entraînera au-delà des illusions du Pôle, au coeur d'une redoutable vérité. 

Un deuxième roman, c'est toujours casse-gueule quand le premier a remporté un grand succès. A fortiori s'il s'agit du deuxième tome d'une trilogie - ce qu'on appelle traditionnellement le "ventre mou", entre la présentation de l'univers au tome 1 et la résolution de l'intrigue au tome 3. Pourtant, je n'étais pas inquiète: avant même d'entamer "Les disparus du Clairdelune", je n'avais lu que des avis dithyrambiques. Je vous le confirme: Christelle Dabos ne déçoit pas un seul instant sur les 550 pages de ce volume. Ophélie continue à sortir de sa coquille, à s'affirmer et à prendre des initiatives courageuses alors que les dangers se multiplient autour d'elle. Thorn reste le héros romantique le plus improbable qui soit, avec son extrême rigidité psychologique et son incapacité à exprimer la moindre émotion ("Votre jour sera le mien. Ce jeudi m'arrangerait."). On retrouve avec plaisir les personnages secondaires hauts en couleurs que l'on avait appréciés dans "Les fiancés de l'hiver"; on apprend à mieux les connaître et à identifier leurs motivations parfois surprenantes sous le masque enchanteur des apparences créées par les Mirages. De nouveaux clans et de nouveaux pouvoirs font leur apparition, venant enrichir les intrigues de cour. Le mystère central, bien que ne brillant pas par sa complexité, fournit à l'auteure l'occasion d'aborder des sujets tout ce qu'il y a de plus réalistes comme la lutte des classes ou le racisme. La mythologie à peine effleurée jusqu'ici se développe jusqu'à une conclusion qui me fait redouter, pour le tome 3, le sempiternel enjeu de la sauvegarde de l'univers. Mais le style est toujours aussi plaisant, avec de nombreux belgicismes tenant lieu de patois animiste et des expressions savoureusement imagées telles que: "Monsieur l'ambassadeur, vous êtes plus lubrique qu'une salière", ou: "Il a la puissance de concentration d'un noyau de cerise." Je sais déjà que je vais trouver le temps très, très long jusqu'à la parution du tome 3 de cette série vraiment exceptionnelle.

"Recroquevillée dans on lit, accablée par la chaleur tropicale, elle était en proie à une telle anxiété que son animisme, exceptionnellement fébrile, contaminait tout le mobilier de la chambre. La moustiquaire en baldaquin se gonflait comme une voile de bateau, les cintres du paravent cliquetaient les uns contre les autres, les lunettes galopaient le long du lit avec une démarche de crabe furieux, le soulier gauche tapait du talon sur la moquette et les persiennes grelottaient dans leurs gonds, faisant trembler la lumière illusoire du soleil à travers les interstices."

2 commentaires:

  1. Roh, ça donne bien envie, cette trilogie que j’avais repéré avec sa couverture.
    Anecdote amusante (ou pas) : en cantonais, pour dire qu’une personne est lubrique, on dit qu’elle est « salée » (voire même « salée-humide », pour être encore plus clair). En français, je ne sais pas s’il existe des expressions impliquant des salières.

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  2. Fini vendredi. J'ai chouiné.
    Quelle excellente idée d'avoir lu ces romans et partagé ta lecture ici ! :D

    Mélusine, ravie

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