mardi 20 octobre 2015

"Les Suprêmes"


Elles se sont rencontrées à la fin des années 1960 et ne se sont plus quittées: tout le monde les appelle "Les Suprêmes", en référence au célèbre groupe de chanteuses des seventies. L'intrépide Odette converse avec les fantômes et soigne son cancer à la marijuana sur les conseils avisés de sa défunte mère, tandis que la sage Clarice endure des frasques de son volage époux pour gagner sa part de ciel. Toutes deux ont pris sous leur aile Barbare Jean, éternelle bombe sexuelle que l'existence n'a cessé de meurtrir. Complices dans le bonheur comme dans l'adversité, ces trois irrésistibles quinquas noires américaines se retrouvent tous les dimanche dans l'un des restaurants de leur petite ville de l'Indiana: entre commérages et confidences, rire et larmes, elles se gavent de poulet frit en élaborant leurs stratégies de survie. 

J'ai dévoré quasiment d'une traite le formidable premier roman du violoncelliste Edward Kelsey Moore. Dans un style vivant et plein d'humanité, très bien traduit par Cloé Tralci, il fait évoluer trois héroïnes à la naissance peu banale mais à l'existence marquée par les maux typiques de leur époque, qui toujours trouveront le salut dans leur indéfectible amitié. Je me suis particulièrement attachée à la narratrice, la truculente Odette qui ne se laisse effrayer par rien ni personne et qui entretient une relation si particulière avec les morts. Et je me dis qu'il manque dans la langue française un mot pour désigner ces livres qui parlent des joies et des peines, grandes ou petites, du quotidien avec assez de talent pour happer le lecteur aussi bien que le plus haletant des thrillers. Drôle et chaleureux, "Les Suprêmes" est définitivement de ceux-là.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire